Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Le RWDM en avril, un mois de cas d’étude psychologique

Guillaume Gautier Journaliste

Le RWDM a trébuché une quatrième fois de suite sur le chemin d’un retour en D1. Parce que le football ne se décide pas avec ceux qui ont les jambes qui tremblent.

On aurait sans doute pu en faire une série sur Amazon Prime. L’un de ces documentaires sportifs à rallonge où on suit la saison d’une équipe, focalisant principalement la caméra sur les moments où tout bascule. Pour le RWDM, cela devait être un déplacement au stade du Pairay. A Seraing, à l’aube du mois de décembre, les Bruxellois perdent un avantage de deux buts dans les arrêts de jeu pour un spectaculaire 4-4 final. «Quand on marque quatre fois à l’extérieur, c’est impossible de ne pas gagner», lirait-on alors dans le dictionnaire des clichés footballistiques.

C’était peut-être la teneur de l’un de ces discours harangueurs de Yannick Ferrera, coach mis en vedette par les aftermovies du RWDM pour ses speechs pétris de motivation. C’était surtout le point de départ d’une folle série de treize matchs où les Molenbeekois n’encaissent que deux fois. C’est même avec neuf matchs de suite sans concéder le moindre but qu’ils se présentent à Maasmechelen, sur la pelouse du Patro, pour tenter de convertir leur première balle de match vers un retour en première division. C’est là que tout déraille.

Un match nul au Patro, une invraisemblable défaite à domicile face à un Lommel démobilisé, puis une défaite au stade Arc-en-Ciel de Zulte Waregem. Quatre buts encaissés en cours de route. Puis quatre autres en l’espace de quelques jours, à l’occasion d’une double confrontation contre un Lokeren qui faisait office de première étape du long chemin de croix vers la montée imposé à ceux qui finissent la D2 entre la troisième et la sixième place. Huit buts encaissés sur les cinq matchs d’un mois d’avril cauchemardesque, alors que le RWDM n’en avait concédé que deux lors des treize sorties précédentes.

Après la défaite à Zulte Waregem, les décideurs molenbeekois ont tranché. Ils se sont souvenus qu’un an plus tôt, alors qu’il ne manquait qu’une petite unité à prendre en trois matches pour éviter la quinzième place synonyme de relégation directe à l’issue des play-downs, Yannick Ferrera n’avait pas fait mieux qu’une série de trois défaites de rang, la pire étant concédée à la dernière journée sur le terrain d’une équipe d’Eupen déjà reléguée. Là, ses choix au coup d’envoi avaient déjà étonné certains de ses patrons. Un an après, ils ont tenté le choc psychologique dans sa lecture la plus absurde, parachutant à mi-chemin de la double confrontation contre Lokeren un coach sorti de l’équipe réserve de Lyon, Gueïda Fofana, à la tête d’une formation qu’il ne connaissait pas. N’était-ce pas mieux qu’Igor De Camargo, membre du staff de Yannick Ferrera et donc inévitablement associé à et marqué par le triple échec du sprint final du championnat?

Le RWDM s’est sans doute dit que c’était une bonne idée quand Gaëtan Robail a acté la remontada en inscrivant le 3-0 des siens à la 72e minute, dans un stade Machtens conquis par l’état d’esprit. Vingt minutes et deux buts de Lokeren plus tard, le coup de poker était pourtant un coup dans l’eau.

Désormais, l’histoire intéresserait sans doute Netflix, qui a propulsé le drama sportif dans une autre ère avec son suivi du club de Sunderland, relégué en D3 au cours d’une saison où il avait ouvert les portes aux caméras en espérant les voir suivre une remontée en D1.

Un thriller psychologique à la ligne éditoriale cruellement simple: la tête guide les jambes.

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