
Que peut apporter Pascal Struijk aux Diables rouges?
Les Diables rouges ne doivent pas être surpris s’ils entendent un accent néerlandais, en mars à l’entraînement. Le sélectionneur Roberto Martínez tient à l’oeil un nouveau nom, capable d’évoluer comme défenseur central gauche: Pascal Struijk. Que pouvons-nous attendre de ce Batave né en Belgique?
En mars de l’an passé, Pascal Struijk, alors un illustre inconnu qui faisait banquette en D2 anglaise à Leeds United, avait confié à Sport/Foot Magazine: « Je serais étonné que quelqu’un à l’Union belge sache que je pourrais porter le maillot des Diables rouges. Et je serais encore plus étonné si je recevais un coup de fil de Roberto Martínez! » Moins d’un an plus tard, son voeu s’est exaucé et le défenseur de 21 ans pourrait se retrouver devant un choix cornélien. « Ma préférence va aux Pays-Bas », disait-il y a un an. « Mais s’ils ne font pas appel à moi et que le sélectionneur belge est disposé à m’offrir une chance, je ne dirais pas non. » Le sélectionneur néerlandais Frank de Boer n’a pas encore manifesté d’intérêt pour Struijk, probablement en raison de la profusion de défenseurs centraux bataves avec De Ligt, De Vrij, Blind et Botman. Martínez, de son côté, a admis qu’un contact avait été établi avec le Néerlandais né à Deurne. Le sélectionneur l’a vu une première fois à l’oeuvre lorsque Leeds jouait encore en D2 et que Struijk avait été titularisé comme milieu défensif.
En plus d’être défenseur central gaucher, Struijk peut également jouer milieu défensif.
Uniquement gaucher?
Le profil de Struijk, qui mesure 1m90, est intéressant, car il est gaucher. C’était également la raison qui avait poussé Martínez à convoquer Hannes Delcroix en novembre et Elias Cobbaut en 2019. Pour le football de possession des Diables rouges, avoir un défenseur gaucher est crucial. Ça offre davantage d’options dans la construction et ça permet d’accélérer le jeu. Certains consultants estiment que cette fascination pour les centraux gauchers est exagérée, notamment parce qu’ils peuvent facilement être mis sous pression et amenés à utiliser leur pied droit. Mais ce n’est pas un problème pour Struijk. Il réalise 18% de passes du pied droit, soit un tiers de plus que les autres défenseurs centraux gauchers de Premier League. En outre, son coach, Marcelo Bielsa, l’a plusieurs fois aligné comme défenseur central droit à Leeds. Ce qui a obligé Struijk à améliorer son pied faible. Avec un pourcentage de passes réussies de 89%, il fait mieux que se débrouiller. Struijk aime jouer simplement, ce qui n’est pas étonnant vu son passé à l’Ajax.
Bon dans les duels
En plus de la construction, un défenseur central est évidemment appelé à effectuer son travail défensif. C’est ce qui est souvent reproché à Martínez dans sa politique de sélection, surtout lorsqu’il s’agit d’un défenseur gaucher. Les chiffres démontrent que Struijk est plutôt à son affaire dans les duels. Le Belgo-Néerlandais va, en moyenne, neuf fois au duel par match. De tous les défenseurs centraux de Premier League, seul son coéquipier Robin Koch fait mieux. Et plus important encore: Struijk remporte 70% de ses duels, ce qui le place juste en-deçà du top 10 de la compétition anglaise. Lorsqu’on analyse ses matches, on est surpris par le nombre de fois où le potentiel Diable attaque son adversaire direct, au lieu de rester en position. C’est sans doute ce que Bielsa lui demande, mais c’est aussi ce que Martínez attend d’un défenseur, et particulièrement de ses centraux. Jan Vertonghen, par exemple, joue souvent très haut afin de pouvoir mettre la pression sur l’adversaire lorsque celui-ci reçoit le ballon. De cette manière, il évite un long ballon dans le dos de la défense. Struijk doit cependant encore progresser dans ce domaine et mieux réaliser à quel moment il doit aller au duel ou pas. Contre Newcastle, il a décidé d’attaquer l’homme en possession du ballon, ce qui a permis à un autre joueur venu de plus loin de plonger dans son dos et de marquer facilement. Contre des attaquants physiquement plus forts, comme Harry Kane, attaquer l’adversaire et essayer de gagner le ballon au duel n’est pas toujours le meilleur choix. Contre Leeds, Kane a pu facilement se défaire du pressing et servir Son, qui a inscrit le 2-0.
Cette tendance à aller au duel avec beaucoup d’enthousiasme amène aussi Struijk à commettre régulièrement des fautes inutiles, comme celle qui a débouché sur un penalty contre Manchester United. Contre Aston Villa, fin octobre, Bielsa l’a même rappelé sur le banc après vingt minutes parce qu’il avait déjà écopé d’un carton jaune et que le risque était grand qu’un deuxième s’ensuive. Conséquence: jusque fin décembre, il a rarement quitté le banc et a dû retrouver le rythme avec les Espoirs.
Défenseur et milieu de terrain
Mais Bielsa avait aussi un autre objectif: El Loco voulait tester Struijk au milieu de terrain défensif avec la deuxième équipe, car Leeds n’est pas très riche à cette position. La saison dernière, c’est déjà à cette place que Struijk avait fêté ses deux seules titularisations. Le sélectionneur apprécie cette polyvalence. Pouvoir être aligné à différentes positions, comme c’est le cas de Leander Dendoncker et de Thorgan Hazard par exemple, est un atout supplémentaire lors d’un tournoi, et ça favorise le développement d’un jeune joueur. Comme milieu de terrain, Struijk est d’abord un récupérateur qui intercepte beaucoup de ballons. Dans ses passes, il reste la plupart du temps sobre et cède rapidement le ballon. Cela offre des options intéressantes pour renforcer l’entrejeu belge, d’autant qu’avec la blessure d’ Axel Witsel, il ne reste plus qu’un seul véritable demi défensif en la personne de Dendoncker. Cette polyvalence fait penser à Vertonghen, lui aussi formé à l’Ajax, qui a également officié comme récupérateur dans l’entrejeu avant de redescendre dans le jeu.
Lorsqu’on compare les statistiques de Struijk avec le premier choix comme défenseur central gaucher, on est surpris de constater à quel point leurs profils sont semblables. Aucun de deux ne doit accomplir énormément de boulot défensif dans son club, et ils s’illustrent surtout dans la récupération et les duels aériens. Ils prennent une grande part dans la construction, autant dans le passing que balle aux pieds. Offensivement, Vertonghen est plus dangereux que le joueur de Leeds, surtout sur les phases arrêtées. Le profil de Struijk est beaucoup plus proche de celui du recordman de sélections en équipe nationale belge que, par exemple, Virgil van Dijk. Celui-ci récupère beaucoup plus le ballon dans les duels que par son positionnement, et il s’aventure beaucoup moins ballon au pied. Struijk a d’ailleurs attiré l’attention lors de sa confrontation face à son compatriote lors de la première journée, car il avait de meilleures statistiques que VVD dans cette rencontre.
Certainement en mars, peut-être en juin?
Il est probable que Roberto Martínez convoque de nouveau un large groupe pour les matches de qualifications contre le pays de Galles, la République tchèque et la Biélorussie en mars. Vu les nombreux blessés, la chance est réelle que Struijk soit convoqué, et peut-être même qu’il joue. Il pourrait aussi entrer en considération pour les Espoirs. Il semble logique que ces rendez-vous internationaux puissent servir de tests, d’autant que Struijk n’est pas habitué à jouer à trois derrière. En outre, cela permettrait à la fédération de le rendre définitivement « Belge » avant qu’il ne soit convoqué par les Pays-Bas. Car Struijk pourrait être un bon back-up pour Vertonghen au prochain EURO, et même une solution au milieu défensif. Ce pourrait être une découverte providentielle, et il dispose encore d’une belle marge de progression, surtout s’il joue chaque semaine en Premier League.
Des blessés à l’arrière
Thomas Vermaelen 35 ans, Vissel Kobe, 78 sélections
A joué son dernier match officiel le 13 décembre. Le championnat du Japon ne recommence que fin février. Actuellement il est rétabli, mais son dernier match avec l’équipe nationale remonte à novembre 2019.
Dedryck Boyata 30 ans, Hertha, 21 sélections
Il a été victime d’une blessure au pied, fin décembre, mais devrait effectuer sa rentrée début mars. N’a joué qu’une seule minute durant les trois matches internationaux de novembre.
Jason Denayer 25 ans, Olympique Lyon, 20 sélections
Il souffre d’une blessure à la cuisse, due selon le sélectionneur à une surcharge liée à l’enchaînement des matches. La date de son retour reste incertaine, car ce genre de blessure met du temps à guérir.
Sebastiaan Bornauw 21 ans, FC Cologne, 2 sélections
Depuis fin janvier, il souffre d’une blessure au dos, mais il a repris l’entraînement la semaine dernière. Il a été titularisé une première fois contre la Suisse.
Zinho Vanheusden 21 ans, Standard, 1 sélection
Il s’est déchiré les ligaments croisés du genou droit, début novembre, et est très incertain pour l’EURO. Il a débuté en octobre contre la Côte d’Ivoire et Martínez compte sur lui, mais peut-être pas encore pour cet été.
Elias Cobbaut 23 ans, Anderlecht, 1 sélection
S’est fracturé la cheville droite, fin août. Après six mois de convalescence, il s’entraîne à nouveau avec le groupe. Il n’a plus été appelé depuis sa seule sélection en novembre 2019.
Jan Vertonghen (34 ans, Benfica, 123 sélections), Toby Alderweireld (31 ans, Tottenham, 104 sélections), Leander Dendoncker (25 ans, Wolverhampton, 12 sélections), Brandon Mechele (28 ans, Club Bruges, 3 sélections) et Hannes Delcroix (21 ans, Anderlecht, 1 sélection) sont actuellement en état de jouer.
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