Jean-Marie Pfaff est devenu entraîneur d’Ostende il y a vingt ans. Ça allait être son seul mandat.
« Jean-Marie Pfaff doit mettre de l’ambiance à Ostende et gagner des points », titre notre magazine le 4 novembre 1998. C’est un jeune dirigeant, Marc Coucke, qui a eu l’idée d’embaucher Jean-Marie. Le président Eddy Vergeylen cherchait un successeur à Dennis van Wijk, qui ne s’était pas exprimé avec beaucoup de tact, traitant dans nos colonnes le KVO d’équipe de poussins et octroyant à certains joueurs un QI footballistique de maquereau.
Le lendemain de l’embauche de Pfaff, Vergeylen a sursauté : les modestes installations du Schorre, où personne ne passait jamais – pas plus les cabillauds que les humains – étaient envahies par les caméras et les journalistes. Pfaff a réagi en affichant son habituel sourire: « Laissez entrer ces gens. » Le président a râlé: « Ça ne doit pas devenir un cirque. »
Le manager sportif, Luc Devroe, a dû apaiser le sponsor maillot, Diadora, car Pfaff avait un contrat d’exclusivité avec Adidas et s’était présenté aux caméras avec une tenue de la marque. Devroe a précisé qu’il ne fallait pas compter obtenir de nouveaux joueurs: « Ostende n’a pas d’argent. »
Sur le terrain, Pfaff crie: « Allez, les gars, on va se retrousser les manches. » Il s’exécute, dans le sens littéral, imité par huit joueurs. « Le ballon est votre ami », décrète le nouvel entraîneur. « Mais il est votre ennemi quand vous ne l’avez pas. »
Pfaff ne redoute pas l’échec: « Chaque étape de ma carrière a été un défi. Comme Ostende. Personne ne veut aller où il n’y a pas d’argent. Moi oui. Je ne recule devant aucun défi. Je ne comprends pas les préjugés qu’on a à mon égard. Sur quoi se base-t-on ? J’ai travaillé avec les meilleurs entraîneurs et j’ai la tête bourrée d’exercices. »
Il veut être proche de ses joueurs: « Je veux les aider à progresser comme un père le ferait, pas comme un gendarme qui leur interdit de boire une bière. À condition que ça ne dégénère pas. »
Trois jours plus tard, il perd son premier match 3-0 contre Lommel. Une semaine plus tard, 8.000 personnes assistent à la victoire d’Anderlecht au Littoral. Jean-Marie est limogé début février, après onze matches. Sous sa direction, Ostende a gagné un match et fait trois nuls. Son successeur, l’entraîneur-adjoint Ronny Brackx, ne peut éviter la relégation.
L’ancien grand gardien n’a plus entraîné le moindre club par la suite.