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Monsieur Antoine

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Arrivé à Madrid comme un ailier, Antoine Griezmann est devenu un buteur redoutable. Une métamorphose signée Simeone qui donne le sourire à Deschamps.

Certains considèrent que marquer des buts ne s’apprend pas. Ce n’est certainement pas l’avis de Diego Simeone, quand il insiste pour qu’Antoine Griezmann pose sous le maillot des Colchoneros à l’été 2014.  » Je pense qu’il peut être beaucoup plus complet qu’un joueur de couloir « , affirme alors El Cholo. L’idée laisse sceptique, tant le Français de la Real Sociedad brillait surtout par ses appels en profondeur. D’ailleurs, au Mondial brésilien, Didier Deschamps l’utilise comme un ailier de rupture, laissant le soin à Mathieu Valbuena de décrocher pour dessiner les idées bleues.

À Madrid, Simeone sait ce qu’il veut faire de Griezmann. Privé de Diego Costa, parti empiler les buts et les coups de sang à Stamford Bridge, Grizzie s’installe dans un rôle de deuxième attaquant au Calderón, avec une liberté de mouvement quasi-totale en possession de balle pour animer les contres ravageurs de l’Atlético. Pour rester sur le terrain, le Cholo lui impose une double condition : courir et marquer.  » Il a bien interprété le fait que l’effort ne fait pas de mal au talent « , se réjouit aujourd’hui son entraîneur, pendant que le Français affirme qu’il  » termine les matches avec l’impression de pouvoir jouer quinze ou vingt minutes de plus. « 

Infatigable dans son travail défensif et dans ses courses balle au pied qui font frissonner les défenses adverses, Griezmann a ajouté les chiffres à son registre. Parce que le Bleu en est conscient :  » À chaque match, ils attendent que je mette au moins un but ou une passe décisive. « 

Cette saison, Antoine en est déjà à 29 buts toutes compétitions confondues. Surtout, il a gommé le principal reproche qui lui était fait, en se montrant enfin décisif dans les grands matches, ceux où l’Atlético touche le moins souvent le ballon. Là où la mobilité réduite du puissant Mario Mandzukic le privait de combinaisons et d’appels en profondeur pour se donner de l’air entre les lignes, son association avec Fernando Torres ou avec Yannick Carrasco fait des merveilles.

Griezmann ne doit plus seulement faire parler ses jambes rapides, mais aussi son sens de la pausa, cette qualité de conservation du ballon qui lui permet de régner sur le temps entre les lignes et de créer la panique dans la défense adverse avec une passe chirurgicale ou un dribble ravageur. Grizzie est passé de 23,9 à 38,2 passes par match en un an, et commence à marquer quand ça compte vraiment : le 0-1 sur la pelouse du Bernabeú, c’est lui. Et les deux buts qui ont sorti le Barça de la C1 portent aussi sa griffe.

L’homme qui courait toujours en profondeur est devenu le créateur des offensives, celui qu’on cherche toujours entre les lignes. La France l’a compris, en l’installant sur le côté droit de son faux 4-3-3 pour lui permettre de rentrer dans le jeu. Avec Karim Benzema et Anthony Martial, l’association était parfaite, offrant de la profondeur et des combinaisons aux pieds d’Antoine.

Sans la Benz’, les cartes sont rebattues. Griezmann devient un homme dont on attend des différences individuelles. Et la seule caution latine d’une équipe de France musclée et verticale comme un onze de Premier League.

Par Guillaume Gautier

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