Les obstacles de Parker, le vrai 9 Melegoni et un Zèbre qui vieillit: les leçons du week-end belge

GENK, BELGIUM - JANUARY 8: Head Coach Scott Parker of Club Brugge during the Jupiler Pro League match between KRC Genk and Club Brugge at Cegeka Arena on January 8, 2023 in Genk, Belgium (Photo by Joris Verwijst/BSR Agency/Getty Images) © BELGA
Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Retour en cinq temps sur le football version noir-jaune-rouge.

Charleroi ne rajeunit plus

C’était l’un des grands chantiers zébrés, lancés lors de l’arrivée d’Edward Still. Le coach avait constaté que les Carolos présentaient l’équipe la plus âgée de l’élite sous Karim Belhocine, et initié en compagnie de Mehdi Bayat une cure de jouvence sous forme de grande ménage lors du mercato de l’été 2021. Au-delà des nouvelles têtes venues d’ailleurs, la formation locale avait amené les visages de Jackson TchatchouaKen Nkuba, voire Martin Wasinski et Mehdi Boukamir à se rapprocher du groupe, voire à intégrer le onze. Une réalité qui semble un peu s’éloigner depuis le retour de Felice Mazzù. Pour le voyage à la Côte, le coach carolo a effectivement titularisé neuf des dix joueurs les plus âgés de son noyau, laissant Ryota Morioka comme seul « vétéran » sur le banc.

Interrogé sur le sujet en conférence de presse, à la veille du match, l’enfant chéri du Pays Noir affirmait pourtant ne pas avoir pensé à l’âge au moment de composer son onze précédent, face à Seraing. S’il est vite monté au jeu suite à la blessure de Jonas Bager, Boukamir avait néanmoins fait les frais de ces nouveaux choix, quittant l’équipe comme Nkuba et Tchatchoua avant lui. Une question de qualité ou de maturité ? Que le choix soit conscient ou non, les certitudes de Felice Mazzù paraissent en tout cas l’amener naturellement à se tourner vers les routiniers. Une posture qui remet potentiellement en question le vent de fraîcheur qui soufflait sur le boulevard Zoé Drion. C’est aussi ça, les aléas des voyages dans le temps.

Melegoni, vrai ou faux neuf ?

Vainqueur d’un duel à couper le souffle au Parc Duden, le Standard s’était pourtant présenté dans le costume d’une équipe qui semblait surtout habillée pour éviter les courants d’air. Aligné en pointe, Filippo Melegoni se voit forcément étiqueté « faux neuf », lui le milieu de terrain de formation qui sert souvent de onzième roue au carrosse rouche. Pourtant, l’Italien récite de son mieux la partition d’un véritable attaquant, sans s’éloigner énormément de Christian Burgess pour venir jouer le milieu de terrain supplémentaire quand ses couleurs ont la balle. Neuf de métier, non, mais vrai neuf quand même.

Ce n’est d’ailleurs pas entre ses pieds que se jouait l’essentiel du plan élaboré par Ronny Deila, surtout récité par Philip Zinckernagel et William Balikwisha entre les lignes. Les deux hommes s’éloignent des griffes des défenseurs de l’Union, et mettent le feu ballon au pied dès qu’ils peuvent se retourner face au jeu. Puisque ce Standard fait des merveilles dès qu’il parvient à mettre de la vitesse dans l’axe du terrain, le coup de poker devient coup de génie. Arrivé pour ajouter quelques kilomètres/heure à l’ensemble offensif, Noah Ohio a d’ailleurs confirmé la théorie dans les derniers instants d’une victoire qui a fait chavirer le parcage rouche.

L’héritage difficile de Scott Parker

Les coaches aiment dire qu’ils posent des fondations. Le genre de petit cliché qui peut vous faire gagner du temps, et qui ne se vérifie surtout qu’au passage du successeur. Si Scott Parker semble chercher dans tous les coins un équilibre défensif et une animation offensive pour son Club, l’Anglais doit également se demander quel héritage lui ont laissé ses prédécesseurs. Après un Philippe Clement dont les principes collectifs étaient en déliquescence, il y avait certes eu une tentative de jeu de position plus strict avec Alfred Schreuder, rapidement sacrifiée sur l’autel du triplé. Adjoint remuant sur le banc de touche lors des play-offs, Carl Hoefkens n’a pas construit beaucoup plus de choses collectivement à la tête d’un Bruges qui donnait l’impression de penser que le coach n’était qu’une figure secondaire. Quatrième coach en un peu plus d’un an, Parker a en tout cas bien du mal à jouer les premiers rôles dans la (re)construction d’une identité collective. Le Club paie la facture de ses choix sur le banc de touche, ressemblant furieusement à une équipe qui navigue à vue en espérant amarrer dans un top 4 dont personne au-delà du podium actuel ne semble connaître les coordonnées.

Genk, Onuachu et la planification

Difficile de vivre à l’ombre d’un géant. C’est le constat qu’ont fait beaucoup d’attaquants, arrivés à Genk pour succéder à un Paul Onuachu dont le départ était sans cesse retardé par les exigences locales. Après Cyriel Dessers, parti en début de saison, le Racing a vu s’envoler les jeunes Andras Nemeth et Sekou Diawara, promesses forgées patiemment à l’ombre de la Jos Vaessen Academy mais évaporées avant l’heure de la succession. C’est donc dans l’urgence, et sous les yeux d’un Anderlecht désabusé, que le leader du championnat a jeté son dévolu sur Tolu Arokodare au bout du mois de janvier.

Si les CV et les mensurations semblent similaires, l’ancien buteur de Ligue 2 n’a pas la faculté d’Onuachu à faire respirer ses couleurs dos au jeu et à aimanter des défenseurs, qui s’agglutinaient parfois sur le dos du Soulier d’or en libérant des espaces pour ses partenaires. Sans lui, même si le football limbourgeois était devenu moins dépendant de ses skills de pivot, Genk doit retrouver ses repères dans une course au titre qui commence à tirer sur le frein à main.

Où sont les limites de Maxim De Cuyper ?

Depuis le point de penalty du Stayen, Maxim De Cuyper a planté son septième but de la saison. Ajouté à ses six passes décisives, le bilan fait de lui l’un des arrières latéraux les plus décisifs d’Europe et attire les regards étrangers en même temps que les questions sur un futur diabolique. Avec de l’énergie à revendre et un football systématiquement tourné vers le but adverse, le Brugeois prêté en Campine affiche effectivement l’attirail du latéral menaçant, à un poste sinistré de longue date sur les pelouses belges.

Serait-il la clé d’un futur passage à quatre derrière chez les Diables ? Pour valider l’hypothèse, il faudra travailler l’aspect défensif de son jeu, aussi bien dans le replacement à l’opposé du ballon que dans la canalisation d’une fougue pas toujours utile quand l’adversaire installe sa possession à proximité de sa zone. Trop souvent et facilement mis hors position, le latéral du Kuipje trouvera probablement les clés d’un futur haut de gamme en jetant un œil dans son rétroviseur.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire