Stopper cynique
par Raoul De Groote
G eorges Leekens a disputé son premier match sous le maillot du Club Brugeois face au Bayern de Munich, lors d’une rencontre amicale. Son entraîneur, Leo Canjels, lui avait demandé de mettre Gerd Müller sous l’éteignoir et il y était arrivé, sauf lorsque Der Bomber avait profité d’un moment d’inattention pour lui faire un petit pont. Le seul… L’attaquant allemand avait vite compris qu’il n’avait pas intérêt à lui refaire le même coup car il ne faisait pas le poids physiquement.
Tout au long de sa carrière, Leekens, un stopper dans un système de défense avec libéro, a cherché à dominer ses adversaires physiquement et mentalement. Il entama sa carrière au Sporting Houthalen puis porta le maillot de Dessel Sport avant que ses études de kinésithérapie à Louvain ne l’emmènent au Crossing de Schaerbeek, un club multiculturel. Son frère était gardien réserviste et lui se spécialisait dans les tacles.
» Avec ses grandes jambes, il arrivait même à revenir sur des adversaires qui l’avaient dépassé d’un mètre « , se souvient Guido Mallants, aujourd’hui agent de joueurs et ex-attaquant du Crossing. » Il avait pour lui sa taille, un bon jeu de tête et ses tacles. Il pouvait jouer sur l’homme. C’était un joueur engagé, jeune, dynamique, sans complexe, respectueux de ses partenaires mais pas des adversaires. Il faisait tout avec le sourire, c’est cela qui me marquait le plus chez lui. Il savait aussi très bien ce qu’il voulait : il savait se vendre. »
Tout le monde comprend, dès lors, qu’il ait retiré le maximum de sa carrière. Une carrière qui a pris fin à Saint-Nicolas mais qui l’a surtout vu passer neuf ans au Club Brugeois. » Il connaissait exactement le seuil de tolérance des arbitres « , dit Luc Sanders, ex-gardien et aujourd’hui scout du Club Brugeois. » Il savait également se fixer des objectifs, se préparer en fonction d’une rencontre particulière, par exemple. »
» Il avait un très bon tacle. Il allait parfois un peu trop loin mais il connaissait ses limites et jouait très simple « , dit Erwin Vandendaele, ex-libéro du Club et aujourd’hui scout de La Gantoise. » Il faisait peur aux attaquants adverses, surtout lorsqu’il se déportait sur le côté droit car son pied gauche était moins bon. Mais lorsqu’il coupait, ça ne rigolait pas. On en rigole encore souvent aujourd’hui. -Je les tuais et tu partais vers l’avant, dit-il. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait Mac the Knife. »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici