
Savoir gérer les crises
Quatre journées de championnat ont suffi à créer des brèches profondes dans certains clubs. Au Standard, par exemple, qui semblait pourtant entamer une nouvelle ère sous la conduite de l’explosif Ricardo Sá Pinto. Les joueurs sont impressionnés par le discours du Portugais et l’écoutent. Mais dès que l’équipe est menée, les traumatismes du passé refont surface et les Rouches ne peuvent pas se reposer sur un système. En bord de Meuse, ça commence donc à gronder.
C’est bien pire encore à Gand, où Hein Vanhaezebrouck est de plus en plus en pétard avec sa direction. Le coach dit ce qu’il pense, anéantit la cellule de scouting et se pose des questions quant à la politique des transferts tandis que la direction écoute, étonnée, mais fait preuve d’intelligence en ne réagissant pas publiquement. Qu’il ait raison ou pas, il est incroyable que Vanhaezebrouck puisse critiquer aussi ouvertement sa direction. Le linge sale doit se laver en famille et les remarques doivent être faites avant, pas après, comme c’est le cas maintenant.
La force d’un club se mesure également à la sérénité avec laquelle il gère les crises. Il est grand temps qu’à Gand, chacun se remette en question. Et cela ne se fait pas en rejetant la faute sur les médias, en suspendant les interviews ou en tenant une conférence de presse au cours de laquelle les journalistes ne peuvent poser aucune question, comme à Mouscron. C’est non seulement un signe de faiblesse mais ça ternit l’image de maturité et d’ouverture que les Buffalos s’étaient donnée au cours des dernières années.
À Anderlecht, on a l’expérience des crises. Après la défaite contre Saint-Trond, on sent à nouveau une certaine inquiétude et des doutes au sujet des qualités de René Weiler. Il y a déjà un bout de temps qu’on a constaté que le football proposé par le Suisse n’était pas très attractif. Le champion de Belgique est incapable d’accélérer et de contourner une défense. Et ce n’est pas en alignant des joueurs à des places qui ne sont pas les leurs que ça ira mieux. Sur ce plan, Weiler semble quelque peu avoir perdu le nord. Dimanche dernier, son équipe n’avait aucun fond de jeu. Et elle ne se battait guère.
Au Club Bruges, malgré un 12 sur 12, les choses ne tournent pas comme on le voudrait non plus et Ivan Leko ne parvient pas véritablement à transmettre ses idées au groupe. Il avait dit qu’il faudrait du temps pour cela mais jeudi, Bruges a un rendez-vous crucial à Athènes. Une élimination européenne ferait mal et reléguerait les bons résultats obtenus en championnat au second rang.
Tout peut changer très vite. On l’a vu à Ostende, qui ressemble à un navire sans capitaine et où Nicolas Lombaerts, arrivé à grand renfort de publicité, n’est actuellement qu’une caricature de lui-même. Et comment se sent-on à Genk où Albert Stuivenberg avait été présenté comme l’apôtre du football offensif ? L’équipe compte trois points de moins que la saison dernière après quatre journées et on affirme que le vestiaire ne réagit plus.
À Charleroi, par contre, Felice Mazzù abat un boulot formidable. Chaque année, il perd des joueurs et un peu de stabilité mais il réussit toujours à fonder un collectif capable d’annihiler les qualités de l’adversaire. Mazzù doit râler de voir que son nom est toujours cité dans de grands clubs mais que ceux-ci finissent par choisir quelqu’un d’autre, ce qui prouve qu’il est toujours sous-estimé.
Francky Dury étale également ses compétences à Zulte Waregem. Il n’a pas son pareil pour former une équipe. Au Standard, il alignait cinq nouveaux joueurs d’emblée mais cela ne s’est pas vu. À Waregem, on ne sert pas l’excuse du manque d’automatismes et on ne prône pas la patience : l’équipe tourne comme une mécanique bien huilée. Beaucoup de clubs feraient bien d’en prendre de la graine.
PAR JACQUES SYS
Felice Mazzù est toujours sous-estimé.
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