LE BUTEUR
Après des expériences à Monaco et à Liverpool, l’ancien joueur du Real Madrid est revenu en Espagne et brille en Ligue des Champions.
Il est le meilleur buteur de l’équipe nationale espagnole de la dernière décennie et est aussi un ami inséparable de Raul, qu’il a côtoyé au Real Madrid. Après des passages à Monaco et Liverpool, Fernando Morientes (30 ans) a rejoint le FC Valence où il forme avec David Villa un duo d’attaquants hispaniques qui fait figure d’exception dans une Liga où le rôle d’artificier est souvent dévolu à des étrangers.
Pourquoi êtes-vous revenu dans la Liga à Valence ?
Fernando Morientes : Après avoir tâté des championnats de France et d’Angleterre, j’en suis arrivé à la conclusion que la Liga est celle qui me convient le mieux. Je crois aussi que le club qui est venu me chercher en Angleterre est l’un des meilleurs d’Espagne.
Vous travaillez sous la direction d’un jeune entraîneur…
Quique Sanchez Flores est l’un des plus jeunes entraîneurs de la Liga, mais est aussi l’un de ceux qui ont les idées les plus claires. On voit qu’il a été footballeur, qu’il a partagé l’ambiance d’un vestiaire avant de s’asseoir sur le banc. Il sait ce qu’il s’y passe.
Votre expérience à Liverpool fut-elle positive ?
Je n’ai jamais regretté d’avoir traversé la Manche. Le football que l’on pratique là-bas est très dur, très physique. Très compétitif, en fait. Je suis parti là-bas plein d’espoirs, mais je n’ai pas eu le rendement que l’on était en droit d’attendre de moi.
Vous aviez pourtant un entraîneur espagnol, Rafa Benitez ?
Lui aussi, c’est un entraîneur qui a les idées très claires. Il a un concept de travail très solide et est en train de se faire un nom en Angleterre.
D’où avez-vous retiré le plus de satisfactions : de France ou d’Angleterre ?
Si l’on tient compte des résultats, surtout de France. Mais au niveau de l’expérience, j’ai plus appris en Angleterre. Il y avait beaucoup plus de pression.
La Ligue des Champions conquise à Istanbul reste un moment fort, bien que vous ne l’ayez pas disputée ?
Bien sûr. Cela reste un souvenir inoubliable, surtout grâce à la passion avec laquelle on vit le football dans les îles.
A la lecture de votre palmarès, il faut convenir qu’il se laisse voir. Vous avez même réussi à atteindre la finale de la Ligue des Champions avec un club comme Monaco, sans grand passé à ce niveau.
Il est clair que la saison que j’ai passée à Monaco fut très bonne. Cette finale de Ligue des Champions fut un événement historique pour le club. Mais, dans l’ensemble, c’est toute la saison qui avait été exceptionnelle.
A votre retour en Espagne, vous avez démontré que vous n’avez rien perdu de votre sens du but.
C’est quelque chose d’inné. Depuis que je joue au football, j’ai toujours inscrit des buts. Parfois avec plus de facilités, parfois avec plus de difficultés, mais cette facette a toujours fait partie de mon jeu.
Beaucoup d’Espagnols à Valence
Vous êtes-vous fixé des objectifs en la matière pour cette saison ?
Non, je ne suis pas le type d’attaquant qui prévoit combien de buts il va inscrire. Cela peut dépendre de tellement de critères. Mais étant donné la qualité de mes partenaires, je pense que mon total sera assez appréciable.
Votre entente avec David Villa semble parfaite.
Oui, mais pas uniquement avec David. C’est toute l’équipe qui tourne bien, et ceux qui en profitent le plus, sont les attaquants.
Valence compte beaucoup d’Espagnols dans ses rangs. C’est rare…
Cela se traduit aussi dans les vestiaires. On a la même nationalité, on parle la même langue et on se comprend mieux. Cela explique sans doute pourquoi l’ambiance est aussi bonne, même en dehors du terrain.
Vous restez l’un des meilleurs buteurs de l’équipe nationale espagnole mais cela fait un bout de temps que vous n’avez plus été convoqué. Avez-vous tourné la page de l’équipe nationale ?
Tous ces buts, j’en suis très fier… J’espère ne pas en rester là et poursuivre dans la voie que je me suis tracée. Car si je poursuis de la même manière, en jouant à Valence, j’entrerai encore en considération. En principe, le sélectionneur doit tenir compte des hommes en forme du moment.
Suite à votre éviction de la Seleccion, beaucoup de gens pensent que Luis Aragonés vous en veut…
Pourquoi m’en voudrait-il ? Je ne lui ai rien fait. L’inverse est vrai également.
Comment jugez-vous la Coupe du Monde de l’Espagne, à laquelle vous n’avez pas participé ?
Elle ne constituait pas une déception, comme beaucoup de personnes l’ont affirmé. Les vraies déceptions, c’étaient le Brésil et d’autres équipes de ce calibre, qui ont été éliminées très tôt. Pour l’Espagne, cette Coupe du Monde-ci n’a pas été plus décevante qu’une autre.
Toujours autant faim de football
Et le parcours de l’équipe nationale dans les éliminatoires de l’Euro n’est-il pas décevant ?
On traverse une période difficile, mais c’était déjà arrivé dans le passé et on était toujours parvenu à rétablir la situation. D’ici un certain temps, tout rentrera dans l’ordre et on n’en parlera plus.
Connaissant vos liens d’amitié avec Raul, on peut supposer que vous comprenez mal son éviction ?
C’est une décision de l’entraîneur et il faut la respecter.
Guti a affirmé que Raul était la figure emblématique de la Seleccion…
S’il le pense, c’est très bien. Moi, je me garderai d’établir un tel jugement. Etant donné mes liens d’amitié avec Raul, je risque de ne pas être très objectif.
A 30 ans, voyez-vous le football d’une manière différente ?
On ne voit pas le football de la même manière à 30 ans qu’à 20 ans, lorsque tout est neuf. Aujourd’hui, j’ai connu différentes équipes, réalisé pas mal d’objectifs et entamé un nouveau chapitre de ma carrière à Valence. Avec énormément d’envie et d’espoirs, presque comme à mes débuts. Ce que j’ai déjà réussi est très bien, mais il me reste encore beaucoup de choses à accomplir. A 30 ans, je me sens encore en très bonne forme physique. Lorsque je sentirai que j’éprouverai plus de difficultés, le moment sera venu d’arrêter. Je n’en suis pas encore là.
ALFREDO MARTINEZ, ESM
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