© belgaimage

L’abondance grise de la Belgique

Le peloton a pédalé ses derniers kilomètres le week-end dernier, en Asie, au Tour de Guangxi en Chine et à la Japan Cup. Que retenir de la saison écoulée ? Un bilan en vingt chiffres, avec une conclusion marquante : la large base de bons coureurs belges, qui ont toutefois marqué trop peu de points, à une exception près.

1

Le classement individuel de Simon Yates au WorldTour (si on ne tient compte que des courses WT). Il est le premier Britannique à clôturer la saison à la première place depuis l’introduction du classement FICP/UCI en 1984. La Grande-Bretagne est la première nation à remporter les trois grands tours avec trois coureurs différents durant la même année, grâce au succès de Yates à la Vuelta, à celui de Chris Froome au Giro et de Geraint Thomas au Tour, ces deux-ci devant PoulidorTom Dumoulin.

6

Les drapeaux des lauréats des cinq monuments et du Mondial ont été plus colorés, avec six nationalités différentes : Vincenzo Nibali (Italie) à Milan-Sanremo, Niki Terpstra (Pays-Bas) au Tour des Flandres, Peter Sagan (Slovaquie) à Paris-Roubaix, Bob Jungels (Luxembourg) à Liège-Bastogne-Liège, Thibaut Pinot (France) au Tour de Lombardie et Alejandro Valverde (Espagne) au Mondial. Les vainqueurs des 37 épreuves du WorldTour sont issus de seize pays différents.

30,5

Le pourcentage de podiums de Peter Sagan cette année : il a terminé parmi les trois premiers à 25 reprises en 82 jours de course. C’est joli mais selon ses normes, c’est une saison médiocre car c’est son plus faible pourcentage depuis 2014 (26,7%). Il n’a d’ailleurs enlevé que huit des 82 courses, soit 9,76 %, un des plus faibles score de toute sa carrière. C’est essentiellement lié aux séquelles de sa lourde chute à la fin du Tour car ensuite, le Slovaque n’a plus inscrit la moindre course à son palmarès. Néanmoins, 95 % de ses collègues signeraient des deux mains pour gagner, en un an, Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix et trois étapes du Tour.

8

Le nombre de victoires belges dans les courses 2.1 : Tim Wellens (Route du Soleil et Tour de Wallonie), Dimitri Claeys (Quatre Jours de Dunkerque), Greg Van Avermaet (Tour du Yorkshire), Jens Keukeleire (Belgium Tour), Ben Hermans (Tour d’Autriche), Wout Van Aert (Tour du Danemark) et Boris Vallée (Tour du Taihu Lake). Ça nous fait une épreuve par étapes de moins qu’en 2017 (neuf, WorldTour inclus), une saison qui nous avait valu le plus grand nombre de succès depuis 1978 (dix). Mais pour la première fois depuis 2013, notre pays n’a pas gagné de course à étapes WorldTour.

14

Le nombre de succès d’ Alejandro Valverde durant la saison de ses 38 ans : sept en WorldTour plus, enfin, le championnat du monde. Il est numéro un sur l’ensemble de l’année. À titre de comparaison, tous les coureurs belges réunis ont gagné… huit épreuves du WorldTour : Tiesj Benoot (Strade Bianche), Yves Lampaert (A Travers la Flandre), Oliver Naesen (Bretagne Classic), Tim Wellens (une étape du Giro), Jelle Wallays (une étape de la Vuelta), Thomas De Gendt (des étapes des Tours de Catalogne et de Romandie) et Jasper Stuyven (une étape du BinckBank Tour). C’est nettement moins qu’en 2017, une saison-record avec 21 victoires WT, et le nombre le plus bas depuis 2013 (7).

2

Ça n’empêche pas la Belgique de terminer, pour la deuxième année d’affilée, en tête du World Ranking. Il est constitué par la somme des huit coureurs qui ont marqué le plus de points dans toutes les courses UCI durant les douze derniers mois, épreuves WorldTour et procontinentales incluses. Pourtant, jusqu’en 2017, jamais notre pays n’avait emmené ce classement depuis son introduction en 1984.

Notre dauphin cette année, la France, qui signe son meilleur résultat depuis 1997 (déjà une deuxième place). Elle le doit surtout aux succès de Julian Alaphilippe (Flèche wallonne, San Sebastian), Thibaut Pinot (Milan-Turin, Tour de Lombardie) et Romain Bardet (deuxième du Mondial et de la Strade Bianche, troisième à Liège-Bastogne-Liège). Nos voisins d’Outre-Quiévrain se sont découvert des coureurs d’un jour qui excellent surtout en côte.

28

Greg Van Avermaet a obtenu au Tour de France le meilleur classement final des Belges dans un grand tour. Comme nos premiers compatriotes au Giro et à la Vuelta étaient Ben Hermans (45e) et Dylan Teuns (33e), aucun Belge n’a figuré parmi les 25 premiers d’un grand tour, pour la première fois depuis 2003. Notre compteur était aussi à zéro au nombre de victoires d’étapes alors que durant cet exercice, Tim Wellens (Giro) et Jelle Wallays (Vuelta) nous ont épargné cette humiliation.

8

Le nombre de Belges figurant parmi les 50 premiers du classement WorldTour : Van Avermaet (5e), Naesen (15e), Wellens (18e), Stuyven (19e), Benoot (33e), Philippe Gilbert (37e) Teuns (38e), et Sep Vanmarcke (45e). C’est le nombre le plus élevé depuis… 1990. Avec quatre compatriotes dans le top 25, nous égalons 2014 et obtenons le meilleur résultat depuis 1989. En conclusion : beaucoup de très bons coureurs, qui ont grappillé des points dans des courses d’un jour ou des étapes et ont accumulé les accessits mais peu de véritables gagnants qui l’emportent au plus haut niveau.

16

Dylan Teuns a raflé 16 cinquièmes places -douze en WorldTour- mais pas une seule victoire. Grâce à sa troisième place dans la classique des Feuilles mortes, il est le seul Belge, avec Philippe Gilbert, troisième au Tour des Flandres, à être monté sur le podium d’un monument, et il est aussi le premier compatriote à monter sur le podium des deux classiques les plus pentues, La Doyenne et Il Lombardia, depuis le succès de Gilbert à Liège en 2011. Au printemps, Jasper Stuyven a fait aussi bien avec sept places dans le top 10 dans des épreuves d’un jour du WorldTour. Nul n’a fait mieux. Le Louvaniste a évacué sa frustration de n’avoir rien gagné en remportant trois succès en été : une étape du BinckBank Tour, le GP de Wallonie et le GP Jef Scherens.

23

Philippe Gilbert a remporté son premier succès de la saison au GP d’Isbergues en septembre, le jour anniversaire de son titre mondial 2012. Jamais encore il n’avait dû patienter aussi longtemps. Phil a surtout été un équipier modèle durant cette année de vaches grasses pour Quick-Step. Ensuite, sa lourde chute au Tour l’a mis sur la touche pendant deux mois. Grâce à cet ultime triomphe, Gilbert a gagné au moins une épreuve par an depuis ses débuts professionnels en 2003, soit pendant quinze saisons d’affilée.

564

Greg Van Avermaet attend depuis 564 jours une nouvelle victoire en WorldTour, soit depuis Paris-Roubaix 2017. Cette saison, il a gagné une étape du Tour d’Oman, le classement du Tour du Yorkshire et a fait honneur à son surnom Greg Van Regelmaet ( regelmaat signifie régulier, ndlr) , quelque peu perdu en 2017, en engrangeant dix places parmi les cinq premiers en WorldTour. Il occupe la cinquième place du WorldTour. Il termine pour la cinquième fois, et la quatrième de suite, premier Belge. Fin octobre 2017, il était en tête du WorldTour. Au World Ranking, qui reprend les résultats de toutes les courses UCI des douze derniers mois, Van Avermaet est également premier Belge et septième au général, deux places devant Tim Wellens, qui est devenu, pour la première fois, le champion national des victoires avec sept succès.

25

Thomas De Gendt, le roi des échappées, s’est détaché à 25 reprises, pendant au moins dix kilomètres, en 90 jours de course. Son audace lui a rapporté deux victoires d’étapes et trois maillots de la montagne, à Paris-Nice, au Tour de Romandie et à la Vuelta. Plus aucun Belge n’avait enfilé ce maillot dans un grand tour depuis Lucien Van Impe au Tour de France 1983.

20

Jasper Philipsen avait 20 ans, 5 mois et 8 jours quand il a remporté sa première victoire professionnelle, dans la quatrième étape du Tour de l’Utah. Des débuts prometteurs pour le jeune pro de Hagens Berman Axeon, la formation procontinentale d’ Axel Merckx. Un autre grand talent belge, Bjorg Lambrecht, a connu le succès dès sa première saison en élites, dans la troisième étape du Tour des Fjords, à 21 ans, 1 mois et 22 jours. Jordi Meeus, un espoir de l’équipe continentale SEG Racing Team, était encore plus jeune (20 ans, 2 mois et 22 jours) quand il s’est adjugé la Gooikse Pijl (1.1.).

18

Remco Evenepoel, le prodige, aura 18 ans, 11 mois et 17 jours le 1er janvier 2019, lors de sa première journée au rang de professionnel chez Deceuninck-Quick-Step. Le Brabançon, qui a remporté 36 courses en juniors, dont deux titres mondiaux, devient le plus jeune coureur d’une équipe du WorldTour. Il a presque trois mois de moins que Matej Mohoric quand il a débuté, en 2014, pour Cannondale, à 19 ans, 2 mois et 13 jours. Jusqu’à présent, le plus jeune Belge du WorldTour était Guillaume van Keirsbulck, qui avait 19 ans, 10 mois et 11 jours quand il a entamé sa carrière chez Quick-Step en 2011.

5

Cinq des quinze coureurs qui ont valu 73 victoires à Quick-Step la saison écoulée ont moins de 25 ans : Enric Mas (2 victoires, 23 ans), Maximilian Schachmann (3, 24), Fabio Jakobsen (7, 22), José Alvaro Hodeg (5, 22) et Rémi Cavagna (1, 23). Kasper Asgreen (23 ans) a en plus fait partie de l’équipe médaillée d’or au Mondial de contre-la-montre par équipes. Tous ces coureurs ont été repérés par les scouts de l’équipe, à moins qu’ils n’aient émergé de l’équipe-satellite Klein Constantia, qui a disparu entre-temps. En 2014, Julian Alaphilippe (12 victoires, 26 ans cette saison) avait franchi le pas depuis Etixx-iHNed. Quick-Step a également réalisé de bons transferts. Parmi eux, on note Elia Viviani, le champion international avec 18 succès. Il est l’Italien le plus fécond depuis Alessandro Petacchi en 2005.

2023

Egan Bernal est lié à Sky jusqu’à cette date. Un contrat d’une durée de cinq ans, rare, qui va permettre au Colombien de 21 ans, quinzième du Tour, de gagner deux millions d’euros les deux premières saisons puis trois millions. C’est beaucoup moins que les quatre millions par saison empochés par Geraint Thomas, le lauréat du Tour, qui a prolongé son contrat chez Sky jusqu’en 2021.

3

Wanty-Groupe Gobert a déjà trôné trois fois à la première place du classement Europe Tour des équipes UCI procontinentales, la division deux mondiale. C’est la première fois que deux formations belges réalisent le doublé puisque Quick-Step Floors a été le meilleur du WorldTour. Avant, lui, seul Omega Pharma-Lotto avait enlevé ce classement, en 2011. En outre, Quick-Step devance de 3.230 points le deuxième, Sky. L’équipe britannique est la seule à avoir eu un plus grand avantage procentuel sur son dauphin, en 2012 : 28 % contre 25 % pour Quick-Step cette saison.

4346

L’avance en points des Pays-Bas au World Ranking féminin. Ils comptent plus du double de points que le deuxième pays, l’Italie (8.144 vs. 3.798). Le podium individuel est complètement orange : Annemiek van Vleuten, Anna van der Breggen et Marianne Vos. La Belgique est septième avec… 1.993 points. Jolien D’hoore (11e) en a gagné 968, Lotte Kopecky 354.

0

Aucune victoire pour Sport Vlaanderen-Baloise en 2018 (en 1.1/2.1 ou plus haut). Seul Robbe Ghys a été le plus véloce dans une étape du tour irlandais Ras Tailteann, mais c’est une épreuve 2.2 à laquelle participent aussi des espoirs. L’équipe formatrice du manager Christophe Sercu a donc fait encore moins bien qu’en 2017, une année marquée par un succès d’étape au Tour des Fjords pour Dries Van Gestel et deux succès 1.2. Les meilleurs espoirs belges rejoignent de plus en plus vite le WorldTour et Sport Vlaanderen doit donc se contenter de néo-pros de second rang. Il n’a fourni aucun coureur à une équipe du WorldTour en 2017 et en 2018.

85,6

Le pourcentage-record de coureurs arrivés au bout des trois grands tours, une tendance esquissée depuis quelques années. 89,77 % des coureurs de la récente Vuelta sont même arrivés à Madrid, contre 84,66 % pour le Giro et 82,39 % au Tour. Les raisons possibles ? Un plus petit peloton, avec 176 participants, ce qui réduit le risque de chutes, et/ou des coureurs qui roulent de moins en moins. Gorka Izagirre, le leader es jours de courses, n’a pédalé que 92 jours cette année, ce qui est le chiffre le plus bas des quinze dernières années pour le premier de ce classement.

Dylan Teuns
Dylan Teuns© belgaimage
Egan  Bernal
Egan Bernal© belgaimage
Remco Evenepoel
Remco Evenepoel© belgaimage
Philippe Gilbert
Philippe Gilbert© belgaimage
Greg Van Avermaet
Greg Van Avermaet© belgaimage
Jasper Philipsen
Jasper Philipsen© geert tresignie
Jolien D'hoore
Jolien D’hoore© belgaimage
Julian Alaphilippe
Julian Alaphilippe© belgaimage
Thomas  De Gendt
Thomas De Gendt© belgaimage
Tim Wellens
Tim Wellens© belgaimage
Simon Yates
Simon Yates© belgaimage
Robbe Ghys
Robbe Ghys© belgaimage
Peter Sagan
Peter Sagan© belgaimage
L'abondance grise de la Belgique
© istock

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire