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Gand vise le titre mais est en crise. Comment en est-on arrivé là ?
Avant le début de saison, le président Ivan De Witte n’a pas hésité à déclarer que Gand visait le titre. Ce n’était jamais arrivé. Il y a deux ans, lorsque le club a été champion pour la première fois de son histoire, Hein Vanhaezebrouck avait interdit à tout le monde de parler de titre jusqu’à deux journées de la fin des play-offs 1. Et cette fois-ci, il a rapidement tenu à » corriger « , le discours de son président.
» On a peut-être parlé un peu trop vite « , disait-il dimanche après la défaite face à l’Antwerp. Lui, ce qu’il veut, c’est une des deux premières places, avec la perspective d’une qualification pour la Ligue des Champions. En disant cela, il cherche une bouffée d’oxygène car il a constaté qu’après la défaite à Saint-Trond et l’élimination européenne, tout le monde était beaucoup plus nerveux avant de recevoir l’Antwerp. »
Pour Danijel Milicevic, c’est avant tout une question de mentalité. » Pour la première fois, contre l’Antwerp, celle-ci a été bonne. Avant, c’était mauvais « , dit le capitaine. C’est étonnant car, avant le match européen en Autriche, le président et l’entraîneur avaient lancé un appel aux joueurs. Le président en avait réuni quelques-uns autour de lui et certains s’étaient même demandés si les rapports internes avaient été évoqués.
Est-ce que tout fonctionne toujours aussi bien à Gand ? Mais il n’avait pas été question de cela, la discussion devant avant tout servir à motiver les troupes. Les Buffalos restaient sur deux bonnes campagnes européennes et le président estimait qu’il était très important que le club conserve une bonne image. Un peu plus tard, c’est le coach qui a tenu un discours poignant.
Un moteur diesel
Mais manifestement, tout ça n’a pas suffi à pénétrer l’âme des joueurs. En Autriche, Gand a fait preuve de laxisme, de manque de volonté. L’équipe a joué pratiquement tout le match au même rythme. Face aux locaux, qui enchaînaient les matches et avaient déjà un tour préliminaire de Coupe d’Europe dans les jambes, ce fut fatal. Jamais personne n’a trouvé la parade à la vitesse du Camerounais Ngamaleu, qui s’était déjà mis en évidence lors de la Coupe des Confédérations.
» Nous sommes un moteur diesel « , disait Milicevic dimanche. Une nouvelle fois, contre l’Antwerp, une équipe qui cassait constamment le jeu, Gand a joué au même rythme et n’est pas parvenu à se créer des espaces. Pour certains, la période de préparation a été trop dure. Comme le nouveau complexe d’entraînement offre plus de possibilités de repos, les journées étaient plus longues et plus intenses. De plus, Gand s’est déplacé en Grèce et à Lens.
Après l’hiver, Kalu, Kubo et Gigot, se sont adaptés sans problème à un système qu’ils ne connaissaient pourtant pas : ils étaient frais. Sept semaines plus tard, en partie grâce à Kalinic, Gand était qualifié pour les play-off 1. Jusque-là, l’équipe avait également péché à la construction. Kums n’avait pas été remplacé et il ne l’est toujours pas. Lui, il pouvait accélérer. Ses successeurs pas.
Six mois plus tard, Kalu – comme Simon– est invisible, Kubo se met beaucoup moins en évidence et Gigot doute. Les Gantois semblent avoir les jambes lourdes. Il faut dire qu’au lendemain du match en Autriche, ils se sont entraînés avant le départ, même s’il ne s’agissait que d’un décrassage.
Ras-le-bol des joueurs
Les journalistes entendent souvent dire que Hein Vanhaezebrouck est exigeant mais aussi que les joueurs sont fatigués de l’entendre. Même ceux qui l’apprécient le reconnaissent. Cela provoque des frustrations. Vanhaezebrouck ne protège pas ses joueurs en public et ceux-ci ne le protègent donc pas non plus.
Après l’élimination européenne, Vanhaezebrouck a déclaré que, quand Kalinic n’était pas là, il avait un problème au but. Qu’en pensent Rinne et Thoelen ? Quel est l’intérêt pour l’entraîneur de déclarer cela alors que les joueurs sont fragilisés ? Cherche-t-il à fuir ses responsabilités ?
À Gand, certains sont dégoûtés. On peut aussi se demander si ce n’est pas contre-productif ? Vanhaezebrouck n’a peut-être pas tort mais rend-il confiance à ses joueurs, joueront-ils mieux s’il déclare publiquement qu’il n’a pas confiance en eux ? La vérité, c’est que beaucoup de joueurs en ont marre de Vanhaezebrouck. Et pas seulement les gardiens.
Combien de fois Mitrovic (et avant lui Gershon) n’a-t-il pas été critiqué ? Contre l’Antwerp, en deuxième mi-temps, ses relances ont été catastrophiques, à l’image de son manque de confiance. Et que pense Damien Marcq, transféré pour beaucoup (trop) d’argent à Gand mais laissé sur le banc dimanche alors qu’un joueur pas prêt physiquement (Gigot) était aligné et qu’Asare, mauvais défensivement, avançait dans l’entrejeu pour remplacer Esiti. » Parce que je voulais plus de qualités offensives « , a expliqué Vanhaezebrouck. N’aurait-il pas été plus simple d’aligner Marcq ?
Struggle for life
Dans ce noyau beaucoup trop large, de nombreux joueurs se demandent si le coach leur fait vraiment confiance. » Même après un bon match, on n’est pas sûr de jouer le week-end suivant. » Avec Vanhaezebrouck, seuls les plus forts survivent. À ce sujet, après la défaite contre l’Antwerp, il faisait tout de même preuve d’un peu plus de psychologie : il n’avait rien à reprocher à personne, son équipe avait livré un bon match, elle retrouvait la confiance et elle avait montré de bonnes choses.
En matière de psychologie, Gand est servi puisque, outre un coach mental (Eva Maenhout), le club peut compter sur un président psychologue de formation. Si le club parvient à surmonter ses problèmes sportifs et liés aux ressources humaines, il pourra peut-être bénéficier des avantages d’une élimination européenne rapide et retrouver la fraîcheur physique qui lui permettra d’atteindre l’objectif fixé par le président en début de saison : le titre.
Car il ne faut pas oublier que, lors de sa première saison déjà, l’approche de Hein Vanhaezebrouck avait été très critiquée. Mais le club avait fini par être champion pour la première fois de son histoire. On dit que tout est bien qui finit bien. Actuellement, cependant, la seule certitude est que tout a mal commencé.
par frédéric vanheule, christian vandenabeele et peter t’kint – photo belga
Dans ce noyau beaucoup trop large, de nombreux joueurs se demandent si le coach leur fait vraiment confiance.
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