Charleroi et Camataru se sont trompés d’histoire d’amour

 » Mircea Rednic a relancé l’intérêt de nos clubs pour le talent roumain. Il est impossible de citer tous les joueurs de ce grand pays des Balkans qui ont tenté leur chance chez nous : Laszlo Bölöni, Rodion Camataru, Tibor Selymes, Dorinel Munteanu, Alin Stoica, Bogdan Stelea, Rednic et tant d’autres. Camataru constitue un cas très intéressant. Il est arrivé à Charleroi en 1989 précédé d’une réputation exceptionnelle. Cette tour offensive avait été acquise au Dinamo Bucarest pour donner du poids à l’attaque zébrée tout en rassurant les supporters, énervés par le départ de Philippe Albert à Malines. Camataru était la  » goal machine  » de son dernier club roumain pour qui il marqua 76 buts, dont 44 en 1986-87, ce qui lui rapporta le titre de meilleur buteur européen (Soulier d’Or).

A Charleroi, où je l’ai connu, ce fut plus difficile et on range le grand attaquant roumain dans la catégorie des flops de l’histoire des Zèbres. Il y a eu des doutes et on rappela qu’en 1986-87 Camataru signa 20 de ses 44 buts lors des six dernières journées du championnat roumain. Possible mais c’était un buteur hors catégorie. Charleroi et Camataru se sont trompés d’histoire d’amour. Ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre. Rodion aurait facilement trouvé ses marques à Anderlecht, au Standard ou au Club Bruges. Charleroi était en progression mais n’avait pas encore trouvé l’équilibre du début des années 90 et du premier passage de Robert Waseige au Mambourg. J’avais de bons joueurs mais il restait à terminer la mise en place des jeunes, un travail qui fut d’ailleurs brillamment prolongé par Luka Peruzovic après mon départ.

L’équipe carolo ne convenait donc pas du tout à Camataru qui, un an plus tard, prit la seule décision qui s’imposait : changer de club. Et cette fois, il a eu plus de chance en se retrouvant à Heerenveen, aux Pays-Bas. Cette équipe pratiquait le 4-3-3, comme Charleroi, et exploita les qualités du colosse roumain. Camataru (54 ans/75 matches en équipe nationale) y cassa la baraque durant trois ans, disputa une finale de la Coupe des Pays-Bas perdue 6-2 contre l’Ajax Amsterdam en mai 1993 : il marqua un but et ce fut le dernier match de sa carrière de footballeur professionnel.

Quand il revient saluer ses amis à Heerenveen, c’est un événement et la presse régionale en parle en abondance. Camataru s’est recyclé dans la restauration et l’immobilier, possède un restaurant chinois à Craiova et un snack qui porte le nom de  » Heerenveen « . Il est vraiment dommage qu’un joueur de cette envergure ne soit pas parvenu à trouver chaussure à son pied au Sporting de Charleroi.  »

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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