Ça va aller !
Avant de commencer, toutes les interrogations cruciales et les questions délicates débouchent sur des réponses optimistes.
Et c’est parti… Qui sera champion ? Pour qui, l’Europe ? Qui basculera en D2 ? Chaque club a ses petits soucis et ses grandes ambitions. Analysons un fait marquant de l’été dans chacune des équipes de notre élite.
ANDERLECHT : BART GOOR
Tous les titulaires sont restés. Lucas Biglia, Ahmed Hassan, Mbark Boussoufa, Nicolas Pareja et Mohammed Tchité ont une saison complète dans les jambes avec le Sporting. Le Standard et Bruges sont en pleine reconstruction. Tout cela veut-il dire qu’Anderlecht ne peut que survoler le championnat ? Et la domination sera-t-elle encore plus spectaculaire si Frankie Vercauteren trouve enfin une équipe type et un système type dès le début de la saison ?
Bart Goor (médian) : Dire que nous allons survoler le championnat, c’est risqué. C’est vrai que l’équipe est restée intacte et qu’elle doit logiquement être plus forte que la saison dernière. Mais les concurrents n’ont pas chômé. Le Club Bruges a beaucoup acheté : il aura normalement besoin d’un peu de temps pour que la sauce prenne, mais ça finira certainement par payer et notre avantage sur cette équipe n’est pas énorme. Le Standard a aussi beaucoup transféré. Je suppose qu’il y a du bon et du moins bon dans ses achats. Genk se retrouve devant une mission toujours compliquée : confirmer une saison inespérée. Ma conclusion, c’est que le Sporting sera à nouveau champion, mais certainement pas les doigts dans le nez.
Quant à l’équipe type et au système type, on en arrive toujours au même raisonnement. Frankie Vercauteren aime alterner les tactiques, en fonction de l’adversaire. Il lui arrive aussi beaucoup de pratiquer une rotation de joueurs. C’est la bonne formule quand il y a beaucoup de matches à jouer mais c’est clair que ça ne favorise pas les automatismes.
GENK : HUGO BROOS
Avec ses 11 buts marqués en 25 matches la saison dernière, Kevin Vandenbergh n’a-t-il pas le profil type du joueur que l’on va regretter une fois qu’il ne sera plus dans l’équipe ?
Hugo Broos (entraîneur) : Kevin Vandenbergh était à peine parti que je savais déjà qu’il allait nous manquer. Les attaquants qui marquent systématiquement une bonne dizaine de buts par saison, ça ne court pas les rues. J’entendais souvent la même question : -Comment est-il possible que Vandenbergh ne soit pas titulaire chaque semaine alors qu’il marque aussi souvent ? C’est trop réducteur comme analyse. Il faut voir d’autres paramètres. Quand a-t-il marqué ? Comment ? Etaient-ce des buts importants ou non ? A-t-il fait d’autres choses dans les matches qu’il a disputés ? Comment s’est-il comporté quand il ne jouait pas ? Je n’étais pas le premier entraîneur à émettre des réserves à son sujet. Et c’est à cause du traitement qui lui était réservé depuis plusieurs saisons qu’il a décidé de partir aux Pays-Bas. Genk ne le chassait pas, j’aurais encore pu parfaitement l’utiliser. Mais je lui avais bien fait comprendre qu’il ne serait pas encore un titulaire indiscutable cette saison. Il ne l’acceptait pas, il déteste le banc.
S’il avait donné son accord pour être dans l’équipe de base certaines semaines et réserviste à d’autres moments, nous l’aurions certainement conservé. Mais garder un gars qui râle s’il ne joue pas, ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas bon pour le groupe. Au bout du compte, je pense qu’il a pris la meilleure décision, pour lui et pour Genk. Nous avons transféré en espérant combler le trou qu’il laisse. Elyaniv Barda et Mohamed Dahmane sont arrivés, Ivan Bosnjak est rétabli de sa blessure : on verra dans quelques mois si nous avons fait les bons choix. Et Vandenbergh verra de son côté s’il a, lui aussi, pris la bonne décision.
STANDARD : ALI LUKUNKU
Après les départs de Sergio Conceiçao, Milan Rapaic, Ricardo Sa Pinto et Eric Deflandre, il n’y a plus dans le noyau de joueurs possédant un palmarès. Ce manque de culture de la gagne ne risque-t-il pas de pénaliser le Standard ?
Ali Lukunku (attaquant) : Je ne m’inquiète pas pour si peu. Prenez le Genk de la saison dernière : il n’y avait pas de joueur titré dans ce noyau. Ce n’étaient que des gars qui n’avaient jamais rien gagné, mais ça ne les a pas empêchés de jouer le titre jusqu’au bout. Aujourd’hui, on peut aussi parler d’un manque d’expérience au Standard mais je ne pense pas que ce sera un problème. Il y aura seulement un petit risque dans les gros matches, notamment européens. Il faut distinguer les leaders sur la pelouse et les patrons du vestiaire. Milan Rapaic était un leader dans le jeu mais il ne disait pas un mot en dehors du terrain. Sur la pelouse, il y a toujours des pions forts aujourd’hui : Oguchi Onyewu en défense, Steven Defour au milieu, Milan Jovanovic devant. Un dans chaque ligne, c’est parfait.
On fera le point après un mois de matches officiels, mais je ne pense pas que l’équipe souffrira d’un quelconque manque de maturité. Dans le vestiaire, c’est autre chose. Les leaders ne sont plus là, mais lors de mon premier passage au Standard, il n’y en avait pas non plus et cela ne nous a pas empêchés de faire de très bonnes saisons. Si nous réussissons notre départ, on ne parlera plus de ceux qui sont partis. A ce moment-là, on dira que les grandes gueules du Standard ont bien fait d’aller voir ailleurs ! Il y a des équipes qui n’ont pas d’aboyeurs mais qui tournent bien quand même. Evidemment, on peut aussi inverser le raisonnement. Si nous nous plantons en début de championnat, certains diront que c’est à cause de ces départs. A nous de nous débrouiller seuls. Les jeunes reçoivent une occasion unique de grandir plus vite. Ils ne pourront plus laisser les importantes responsabilités aux anciens. C’était un peu facile de se réfugier derrière les stars.
LA GANTOISE : ALIN STOICA
Gand a perdu Georges Leekens, Frédéric Herpoel et Nicolas Lombaerts, trois stars des dernières saisons : ces départs ont-ils été suffisamment compensés pour jouer à nouveau avec les grands du championnat ?
Alin Stoica (médian) : Ma seule certitude pour le moment, c’est qu’il est impossible de juger le niveau de La Gantoise. On n’y verra plus clair qu’après quelques matches de championnat. Mais nous n’aurons pas le droit de passer à travers car après deux saisons consécutives terminées à la quatrième place, le public gantois est devenu gourmand, exigeant. Il n’acceptera pas un recul dans le classement.
La grosse inconnue est l’assimilation, rapide ou non, du nouveau système de jeu. Trond Sollied opte toujours pour le 4-3-3. Cela ne me pose aucun problème car j’ai pratiqué ce football-là avec lui à Bruges, et encore à Timisoara avec Gheorghe Hagi. Mais il est impossible de prévoir le délai qu’il faudra aux autres joueurs pour comprendre toutes les subtilités du 4-3-3. Ce sera une clé de notre début de parcours. Le groupe a bien progressé dans son apprentissage au cours des dernières semaines, mais c’est un système qui ne s’apprend pas en deux temps, trois mouvements.
Pour le reste, je ne pense pas que La Gantoise soit vraiment déforcée. Des monuments sont partis mais il y a aussi eu des transferts entrants tout à fait valables.
CHARLEROI : LAURENT CIMAN
Le Sporting a perdu Izzet Akgül et n’a pas transféré de valeurs sûres en attaque, le compartiment faible de la saison passée : qui va marquer des buts ?
Laurent Ciman (défenseur) : Izzet Akgül s’était réveillé en fin de saison et il n’est plus chez nous aujourd’hui, mais Orlando avait fait la même chose, et lui, il est toujours là. Il a profité des derniers matches pour prouver qu’il était aussi capable de planter des roses. A côté de cela, il y a le retour d’Habib Habibou, Michaël N’Dri est arrivé et Brice Jovial revient très fort. Ces joueurs-là savent aussi trouver le chemin du goal. Et n’oublions pas notre milieu de terrain, souvent décisif la saison dernière. Même quand on a commencé à parler d’un départ de Fabien Camus, personne ne s’est affolé vu qu’il y a plusieurs buteurs potentiels dans notre ligne médiane : Grégory Christ, Tim Smolders et Majid Oulmers, qui devrait retrouver définitivement sa place de médian.
Nos backs sont aussi offensifs : Ibrahima Diallo sait affoler la défense adverse, et dès que Frank Defays monte et centre, ça fait mal. En tant que défenseur central, il m’arrive également de mettre le nez à la fenêtre, et quand ce n’est pas moi, c’est Badou Kéré. Nous avons par ailleurs prouvé notre efficacité sur les phases arrêtées. Bref, il n’y a vraiment pas de quoi s’affoler sur le plan offensif. Le nouveau staff (Philippe Vande Walle, Mario Notaro, Thierry Siquet) a conservé les meilleures idées de Jacky Mathijssen. On risque de voir une copie presque conforme du Sporting de la saison passée. Akgül a cassé la baraque en fin de championnat et j’ai la sensation que Jovial peut l’imiter cette saison. Ils n’ont pas le même style. Akgül fait tout en force et frappe dès qu’il voit une ouverture, sans réfléchir. Jovial joue plutôt sur sa vitesse et sa technique. Il peut être tout aussi efficace.
CLUB BRUGES : JACKY MATHIJSSEN
Le transfert de François Sterchele est-il LE transfert de l’été ? Vous a-t-il permis de prendre d’ores et déjà un avantage psychologique sur le Standard, qui voulait aussi ce joueur ?
Jacky Mathijssen (entraîneur) : Ben non, le Standard ne voulait pas Sterchele plus que ça… Tous les clubs étaient intéressés par un joueur qui a ce profil, mais seuls Anderlecht et Bruges voulaient vraiment aller au bout des choses. Le reste, ce ne sont que des rumeurs de managers, et moi, je ne commente pas les rumeurs… Le dénouement est exactement celui que j’avais prévu. Nous avions envie de Sterchele dès le début de l’été mais il était trop cher pour nous à l’époque et c’est pour cela que nous avons activé la piste Cyril Théréau. Mais son prix a vite doublé et nous avons laissé tomber. Anderlecht s’est alors intéressé à lui. Au bout du compte, Anderlecht a eu le joueur qu’il voulait et Bruges aussi. C’est parfait pour tout le monde, sauf que le Sporting a dépensé 500.000 euros en plus que nous ; 500.000 euros de trop, tout ça parce que sa direction était pressée, voulait un attaquant tout de suite. Nous avons su être plus patients. Attendre trois semaines, ça vaut le coup quand ça permet de gagner un demi-million (il rigole).
Finalement, Bruges a réussi les deux gros transferts de l’été car pour moi, l’arrivée de Karel Geraerts est aussi importante que celle de Sterchele. De là à dire que cela suffira pour concurrencer Anderlecht et viser le titre… Les Mauves ont un gros avantage sur nous : c’est une équipe qui se connaît, ce sont des joueurs qui ont déjà gagné des trophées ensemble, c’est un système déjà en place et qui a fait ses preuves. Le Sporting a actuellement un an d’avance sur le Club. Je suis certain qu’Anderlecht sera plus fort en début de championnat. Mon but sera de limiter la casse dans la première ligne droite, de ne pas avoir plus de cinq ou six points dans la vue à la trêve. Si nous y parvenons, tout restera possible pour le titre car nous serons performants au deuxième tour. Je me suis mis en tête de combler au plus vite l’écart de niveau entre les Mauves et nous. Nos chances de titre seront plus élevées en 2008-2009. Mais si nous avons un espoir, même minime, de remporter ce championnat-ci, nous le jouerons à fond.
GERMINAL BEERSCHOT : HARM VAN VELDHOVEN
Tosin Dosunmu peut-il retrouver son niveau et faire oublier François Sterchele ?
Harm Van Veldhoven (entraîneur) : On ne peut pas comparer ces deux joueurs. La saison dernière, toute l’équipe s’est mise à la disposition de Sterchele. C »est aussi ce sacrifice collectif qui lui a permis de marquer autant de buts. Je vois maintenant les choses autrement. Je préfère avoir deux attaquants qui marquent 10 buts, qu’un avant qui en met 20. C’est plus sécurisant quand on ne dépend pas d’un seul finisseur.
J’ai plusieurs joueurs qui peuvent évoluer en pointe, je ne manque pas de forces offensives avec Jurgen Cavens, Sabah Malki, Tosin Dosunmu et Aristide Bancé. Il y a aussi Daniel Cruz et Hernan Losada qui peuvent faire mal en surgissant de la deuxième ligne.
Le niveau de Dosunmu dépendra des bons ballons qu’on lui donnera mais il a suffisamment prouvé dans le passé, avec Westerlo et le Germinal Beerschot, qu’il savait planter un paquet de buts. Il a échoué la saison dernière à Zulte Waregem, mais quel attaquant fait fureur dans une équipe qui ne tourne pas ? Je sens en tout cas qu’il a une faim énorme depuis son arrivée chez nous.
WESTERLO : RONNY GASPERIC
Westerlo se maintient chaque année sans problème mais n’a jamais fini plus haut que la sixième place en 10 saisons de D1. Que manque-t-il à ce club pour enfin franchir un palier ?
Ronny Gaspercic (gardien) : Des moyens financiers, tout simplement. La direction sait ce qu’elle a dans son portefeuille et agit en conséquence. C’est le bon sens paysan de Westerlo. Le club veut rester sain et continuer à grandir patiemment. Combien n’ont pas essayé de courir, voire de sprinter, avant de savoir bien marcher ? Ici, on refuse de faire des folies, on a comme priorité de conserver le budget en équilibre. Je trouve que le résultat est magnifique : dans sa courte histoire en D1, Westerlo a déjà réussi de beaux exploits et je ne comprends pas qu’on le qualifie ce club d’anonyme et sans relief.
En prenant de gros risques, les dirigeants auraient peut-être déjà gagné plus, mais ils auraient aussi pu tout perdre. Bien vendre et bien acheter avec peu de moyens, c’est leur ligne directrice. Des clubs comme Anderlecht, Bruges, Genk, le Standard et Gand sont de toute façon hors d’atteinte, alors Westerlo mise simplement sur une place la plus proche possible de ces cinq équipes.
MONS : BENJAMIN NICAISE
L’équipe type devrait être composée presque exclusivement de joueurs qui étaient déjà au club la saison dernière : doit-on donc attendre Mons encore plus haut dans le classement ?
Benjamin Nicaise (médian) : Cette équipe a un avantage par rapport à celle du début de la saison passée, en ce sens que les joueurs se connaissent. Les premiers matches risquent fort de conditionner toute la suite. Si nous les abordons bien, nous pourrions prolonger notre dynamique de victoire. Par contre, si ça ne se passe pas idéalement, il faudra voir si le groupe a suffisamment de caractère, assez de ressources mentales pour se reprendre rapidement. Nous avons montré au deuxième tour que nous avions quelque chose dans la tête, mais mon expérience m’a appris que tout peut basculer très vite.
Nous avons profité du réveil de nos attaquants et d’une nouvelle invincibilité à domicile. Parviendrons-nous à rester maîtres chez nous ? Ce sera nécessaire mais il faudrait aussi acquérir beaucoup plus de régularité en déplacement. Les objectifs du coach sont à ce prix : il ne veut pas entendre parler d’une saison tranquille, il vise quelque chose de vraiment consistant. Mons a été bon dans les matches de préparation, nous avons bien réussi contre des équipes de Ligue 1, mais je sais que ça ne veut rien dire. Quand j’étais à Nancy, il nous est arrivé de survoler les meilleurs adversaires dans les rencontres de préparation puis d’entamer la saison par trois défaites. Ma seule certitude, c’est que nous n’allons quand même pas exploser tout le monde en championnat.
MOUSCRON : GEOFFRAY TOYES
Quel est l’apport de Marc Brys depuis qu’il est arrivé dans le club, au mois de juin ?
Geoffray Toyes (défenseur) : Marc Brys a instauré de la rigueur et du professionnalisme dans le groupe, ce qui avait un peu manqué au Mouscron des dernières années, du moins jusqu’à l’arrivée d’Ariel Jacobs. Leurs discours sont fort comparables, comme si le club avait ambitionné une vraie continuité quand il a fallu changer d’entraîneur.
Quand Jacobs a débarqué chez nous, on a eu l’impression que l’Excel misait sur un entraîneur pour le long terme. Et s’il n’y avait pas eu l’offre d’Anderlecht, Jacobs serait resté ici, où son travail était fort apprécié des joueurs. Avec lui, nous avons réussi un joli deuxième tour. Dans les cinq ou six derniers matches, nous avions vraiment trouvé nos marques, nous nous faisions plaisir sur le terrain. Il est parti avec des regrets mais il ne pouvait pas laisser passer l’occasion de bosser à Anderlecht.
Marc Brys joue aussi énormément sur l’esprit d’équipe. Il a déjà passé énormément de temps à souder le noyau. Un stage de team building comme nous avons fait cet été, c’est nouveau à Mouscron. Il avait organisé des parcours d’orientation dans les bois et d’autres trucs du style. Il met aussi beaucoup l’accent sur l’aspect tactique, sur notre mise en place avec et sans ballon. Il veut que nous récupérions en faisant un minimum d’efforts et que nous allions rapidement vers l’avant. Le fait d’avoir attiré un entraîneur expérimenté prouve que Mouscron a retrouvé une stabilité financière. Brys a apporté beaucoup au Germinal Beerschot et je suis sûr qu’il va aussi offrir énormément à l’Excel.
ROULERS : CHEMCEDINE EL ARAICHI
Avec une dizaine de départs et autant d’arrivées, peut-on s’attendre à ce que Roulers soit à nouveau une bonne surprise du championnat, comme la saison dernière ?
Chemcedine El Araichi (défenseur) : Certainement. Nous avons perdu beaucoup de joueurs mais cela ne va pas nous pénaliser car ceux qui sont arrivés ont des qualités. Le plus frappant, c’est qu’il y a désormais davantage de technique dans le noyau, grâce notamment aux deux transferts de Beveren, Mahamadou Dissa et Joseph Augustin. Il faut aussi tenir compte des arrivées d’Izzet Akgül, qui est un vrai buteur, et de Stefaan Tanghe, qui nous apporte une expérience extraordinaire. Il suffira que les automatismes se mettent en place pour que la machine soit lancée.
Je nous vois faire une saison encore plus intéressante que l’an dernier. Ici, la pression n’existe pas : depuis l’accession à la D1, on nous catalogue automatiquement comme descendants presque certains. Mais nous venons de réussir deux championnats sans soucis. Si nous n’avions pas connu un gros passage à vide en 2006-2007, avec huit matches consécutifs sans gagner, nous aurions même terminé plus haut dans le classement -NDLR : 11e. Vu la qualité du groupe, cela n’aurait pas été volé.
CERCLE BRUGES : SERGIY SEREBRENNIKOV
Glen De Boeck, Besnik Hasi et Oleg Iachtchouk apportent toute leur expérience anderlechtoise : sera-ce suffisant pour vivre une saison tranquille ?
Sergiy Serebrennikov (médian) : J’espère que nous ferons un meilleur championnat qu’en 2006-2007. Le résultat final était valable mais quand même pas extraordinaire. Ce club a la méchante habitude de rater son départ, ce qui l’oblige à courir derrière les événements. Il faut absolument démarrer sur de bonnes bases. Si c’est le cas, nous pourrions être une des bonnes surprises de la saison. Ce ne sont pas trois personnes qui changent un club, mais avec De Boeck, Hasi et Iachtchouk, on sent clairement qu’il y a beaucoup plus de vécu dans le groupe.
Hasi et Iachtchouk ne nous ont pas encore montré qu’ils étaient des leaders, mais je sais qu’ils le feront dès que l’équipe traversera une mauvaise passe. Quand vous avez joué à Anderlecht, vous avez des qualités morales qu’il est impossible de posséder quand on n’a pas connu le top. De Boeck, lui, nous a déjà montré de quel bois il se chauffait. La richesse de sa carrière a sauté aux yeux dès le premier entraînement. Il est tout jeune dans le métier d’entraîneur mais ça ne se voit pas vu qu’il a connu les grandes heures d’Anderlecht. Il nous a déjà apporté beaucoup à tous les niveaux : tactique, organisation, etc. Il frappe tous les jours sur le même clou : il veut que le Cercle acquière une réputation de football beaucoup plus offensif que dans le passé. Et son charisme lui vaut un respect total de tout le noyau. Ici, tout le monde le connaissait déjà avant qu’il ne donne son premier entraînement. Et moi, j’ai carrément joué des matches contre lui… Il y a des qualités et de la concurrence dans le groupe, l’entraîneur a un gros bagage : je suis sûr que nous sommes plus forts que la saison dernière.
BRUSSELS : CHRIST BRUNO
Qu’est-ce qui peut faire croire qu’on va revoir le bon Brussels de 2005-2006 (10e) plutôt que le mauvais Brussels de 2006-2007 (13e) ?
Christ Bruno (défenseur) : Nous avons encore un problème important, il nous manque du poids en attaque. Un bon pivot sera indispensable pour avoir une chance d’être performant offensivement. Mais à côté de cela, il y a des signaux positifs : l’ossature de la saison dernière a été conservée. Il y a un an, nous avions perdu d’un coup Werry Sels, Ibrahim Kargbo et Kristof Snelders. C’était beaucoup, surtout que nous avions déjà vu filer Igor de Camargo six mois plus tôt. Et tous ces joueurs n’avaient pas été remplacés. Quelque part, il était donc logique que nous connaissions une saison difficile, d’autant qu’il y avait énormément de jeunes dans le noyau. Et nous avons aussi beaucoup souffert de l’absence d’Alan Haydock pendant tout le championnat. Malgré cela, nous avons montré de bonnes choses par moments.
Aujourd’hui, tout le monde a pris une bonne année de plus et le club a fait venir deux renforts de choix : Eric Deflandre et Sven Verdonck. Ils se sont intégrés dès le premier jour. Dans ce groupe, je vois de la qualité, de la mentalité et des joueurs revanchards. Depuis la reprise, nous avons déjà fabriqué de bons automatismes. Nous jouons beaucoup plus vers l’avant que la saison passée. Dès que nous aurons le chaînon manquant devant, ça devrait encore mieux se passer. Nous avons balayé Metz, 4-0. Cette équipe était sur les rotules, dans une période très intensive de sa préparation, mais ce n’est quand même pas donné à tout le monde d’en mettre quatre à une équipe de L1.
ZULTE WAREGEM : GEERT DE VLIEGER
On a l’impression que la Coupe de l’UEFA a coûté beaucoup de points à Zulte Waregem en championnat, la saison dernière. L’équipe va-t-elle maintenant profiter de cette expérience européenne ?
Geert De Vlieger (gardien) : C’est clair que ce parcours européen inespéré nous a coûté cher. Il faut regarder nos résultats en championnat qui suivaient ou précédaient nos matches en UEFA. Nous sommes par exemple allés perdre à Beveren après une victoire européenne. Et s’incliner à Beveren, c’est perdre trois bêtes points. Le groupe se concentrait à fond sur la Coupe d’Europe à certains moments et nous l’avons souvent payé en championnat.
Quelque part, c’était logique car nous n’avions pas un noyau suffisamment étoffé pour jouer sur deux tableaux, sans compter que le club n’était toujours pas professionnel. L’accumulation d’efforts était beaucoup trop importante pour nous. Avoir passé l’hiver européen dans ces conditions était un véritable exploit mais il y avait un revers à la médaille et nous l’avons expérimenté à fond.
Cette saison devrait être très différente. Nous pourrons nous concentrer à fond sur le championnat et, effectivement, le noyau a accumulé une bonne expérience en jouant des matches européens. Quand vous affrontez l’Ajax, Newcastle, le Lokomotiv Moscou ou le Sparta Prague, vous en retirez forcément quelque chose. Ici, tout le monde est persuadé que nous allons terminer sans problème dans la première moitié du classement tout en y mettant la manière. Zulte Waregem ne peut pas se contenter d’un football prudent et calculateur, n’a pas le droit d’attendre sagement une erreur de l’adversaire pour essayer de frapper en contre-attaque. Le groupe vaut bien plus que cela.
SAINT-TROND : STIJN VREVEN
Saint-Trond est un cimetière d’entraîneurs depuis plusieurs années. Valère Billen a-t-il le profil pour durer plus longtemps que ceux qui sont passés avant lui ?
Stijn Vreven (défenseur) : Valère Billen sera logé à la même enseigne que tous les autres, il restera si les résultats sont bons, il volera dehors si la sauce ne prend pas. C’est une des plus grosses injustices du monde du foot mais elle s’applique à Saint-Trond comme ailleurs. Il a clairement choisi ses accents. Il nous pousse à pratiquer un jeu assez agressif, il refuse que Saint-Trond soit une équipe de moutons prêts à accepter la domination de l’adversaire. Il veut que le Staaien redevienne un enfer.
Depuis quelques années, tout le monde venait ici pour gagner. Il faut que cela change, que l’équipe d’en face panique de nouveau à l’idée de venir dans ce stade. Billen met aussi fort l’accent sur l’esprit d’équipe, la camaraderie sur le terrain et dans le vestiaire. Et il déteste la résignation : il cherche continuellement à nous persuader que nous avons les moyens de faire une bonne saison. Sur plusieurs points, il me fait penser à Johan Boskamp, que j’ai connu à Gand. Tous les deux, ils s’ouvrent très fort aux joueurs, ils parlent peu mais ne tournent pas autour du pot, et ils traitent les réservistes de la même manière que les titulaires indiscutables. Je pense que nous pouvons réussir un truc, à condition toutefois d’acquérir au plus vite des renforts en défense et un attaquant capable de marquer beaucoup de buts.
LOKEREN : PATIYO TAMBWE
Pourquoi cela marcherait-il avec Georges Leekens alors que ça a échoué avec Slavo Muslin ?
Patiyo Tambwe (attaquant) : Il ne faut pas jeter la pierre à Slavo Muslin. La saison dernière, Lokeren a essayé avec trois entraîneurs et aucun n’a réussi. La première explication, c’est que ce groupe manquait de consistance. En plus, Muslin n’a vraiment pas été servi par la chance. Ce serait intéressant de compter le nombre de matches joués avec lui, dans lesquels nous avons développé du beau football et dominé l’adversaire. Mais nous sommes souvent sortis bredouilles du terrain.
Avec Leekens, on a senti dès les premiers entraînements que la sauce pouvait prendre. Il connaît ce club et l’a déjà amené à la cinquième place autrefois. Leekens, c’est un coach qui réussit pratiquement partout où il passe. Le noyau a été renforcé aux postes où il y avait des manquements et nous avons montré dans les matches de préparation qu’il faudrait compter avec notre équipe. Nous venons de battre le Club Bruges et ce n’était pas du tout volé : cela veut dire quelque chose. Pour moi, le nouveau Lokeren peut carrément viser la troisième ou la quatrième place. Je ne vois pas ce que nous avons de moins que le Standard, La Gantoise ou Bruges.
DENDER : JAN VAN STEENBERGHE
L’équipe montante a été fortement remaniée et on n’y trouve pas de grands noms. Ne risque-t-elle pas d’être un oiseau pour le chat ?
Jan Van Steenberghe (gardien) : Ce championnat sera comme tous les autres. Quatre ou cinq équipes joueront les premiers rôles, les autres devront ferrailler et ne se sauveront pas très tôt. Nous faisons partie de ces clubs de la deuxième catégorie. Mais je ne m’inquiète pas du tout quand je lis que nous allons être mangés. Je suis autrefois monté avec Alost et avec La Louvière : on nous a directement condamnés mais nous sommes restés en D1 à la fin de notre première saison. Avec Alost, nous nous sommes même qualifiés pour l’UEFA. Ce fut plus difficile avec La Louvière : nous avons ramé jusqu’en janvier, puis tout s’est mis en place.
Il faut tenir compte de ce que Dender a fait la saison dernière : cette équipe a survolé la D2 pendant presque toute l’année. Les meilleurs joueurs sont restés. Ils sont encore inconnus du grand public mais les spectateurs attentifs de la deuxième division savent ce qu’ils ont dans le ventre. S’ils parviennent à digérer rapidement la transition vers la D1, tout se passera bien. Je considère que nos trois premiers matches (Germinal Beerschot, Roulers, Anderlecht) devront servir de mise en jambes, de découverte. Mais après cela, il faudra commencer à prendre des points contre des clubs comme le Cercle, Saint-Trond, Westerlo et Malines.
MALINES : FI VANHOOF
Malines est remonté en D1 dans une ambiance complètement euphorique : cet état d’esprit peut-il se prolonger pendant toute la saison ?
Fi Vanhoof (directeur technique) : Nos supporters sont toujours euphoriques. Toutes les places assises de notre stade sont vendues pour toute la saison. Moi, je ne m’emballe pas. On fera déjà un premier point après quatre journées : nous commençons le championnat avec Anderlecht, Mons, Charleroi et le Club Bruges ! Difficile de trouver un programme plus infernal ! Et après cela, il faudra peut-être retomber les pieds sur terre.
L’équipe a fait mieux que prévu la saison passée. C’était un groupe jeune, il a su aller au bout de l’exploit en remportant le tour final. Nos joueurs ont encore une belle marge de progression, mais la D1, c’est autre chose, un autre monde. Si nous pouvions terminer entre la 10e et la 14e place, je serais ravi.
J’ai connu la grande période malinoise, avec John Cordier, quand l’argent n’était pas un problème. Entre-temps, il y a eu la faillite et la relégation en D3. Ce club a su remonter rapidement les échelons et n’a mis que quatre ans pour retrouver la D1. Mais le reste doit maintenant suivre progressivement. Il ne faut pas attendre monts et merveilles du Kavé.
par pierre danvoye
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