Derrière leur propreté apparente, certains objets du quotidien sont de vrais nids à bactéries, parfois bien plus sales qu’une cuvette de toilettes. Cette semaine: les draps de lit.
Imberbe, poilue, fraîchement lavée ou non, la peau est couverte de bactéries qui se déposent partout où passe l’être humain… comme sur ses draps de lit. Parmi elles, des staphylocoques et des bacilles de la flore digestive et de la flore génitale telles que des Escherichia coli, informe Céline Meex, microbiologiste clinique au CHU de Liège.
Selon les résultats d’une étude menée par la marque américaine de matelas Amerisleep, cinq millions d’unités formant colonie (UFC) de bactéries par pouce carré (environ 6,45 cm2) ont été retrouvées sur des draps de lit qui n’avaient pas été lavés depuis une semaine, contre 11,32 millions après quatre semaines sans lavage. La population bactérienne sur les taies d’oreiller augmente encore plus vite: trois millions UFC après une semaine et près de douze millions au bout d’un mois.
Des millions de bébêtes, mais peu de risques
Les bactéries sont loin d’être les seuls micro-organismes vivants peuplant la literie. Les lieux chauds et humides comme les lits, où un individu peut évacuer près de 100 litres de sueur par année, sont des nids idéaux pour les moisissures. On y trouve un certain nombre de levures telles des Candida, présentes dans la muqueuse humaine, ou des Aspergillus, des champignons de l’environnement. Un peu moins fréquents, les «Mucorales, Wallemia, Phoma et Acremonium» font aussi partie de ce bestiaire peu ragoûtant, complète Sciensano.
Et ce n’est pas tout! A ce joyeux microbiote s’ajoutent les acariens, qui seraient jusqu’à deux millions à squatter un seul lit.
«Tous ces agents sont non pathogènes pour les personnes en bonne santé», rassure Céline Meex. La présence de bactéries pathogènes telles que le staphylocoque doré n’est pas à exclure, néanmoins, celui-ci est sans danger pour les personnes en bonne santé.
A quelle fréquence lave son linge de lit?
Bien que le risque sanitaire soit quasi nul, il est important de changer et de laver son linge de lit régulièrement pour éviter la colonisation de ces êtres presque invisibles. «Pas tant pour des raisons sanitaires qu’hygiéniques. A moins, bien sûr, que l’on ne soit malade», commente la microbiologiste. Mais à quelle fréquence? «Il n’existe pas de recommandation microbiologique à ce sujet, ce sont plutôt des recommandations de bon sens. Pour une personne en bonne santé, il faudrait changer les draps au minimum deux fois par mois, mais idéalement chaque semaine», conseille-t-elle.
La bonne fréquence dépend en réalité de plusieurs facteurs propres à chaque individu. Une personne qui transpire beaucoup favorisera la multiplication des bactéries, levures et acariens. «Dormir nu ou en sous-vêtements augmente aussi le risque de contamination, puisque plus de peau est en contact avec les draps, précise la microbiologiste. Il faudra donc les laver plus souvent.»
Enfin, elle préconise de laver son linge de lit à une température minimale de 60 °C pour éliminer les micro-organismes qui y sont logés, avant de le faire sécher «idéalement au sèche-linge à haute température».