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Pourquoi le sommeil paradoxal est si important pour la santé

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La communauté scientifique s’accorde à dire qu’on ne dort pas suffisamment. Mais une phase de sommeil en particulier serait à privilégier pour préserver sa santé.

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années : nous ne dormons pas suffisamment, avec les conséquences sur la santé que cela implique (risques de maladies cardiaques, irritabilité, somnolence, décès prématuré…). Mais si ce n’était pas la quantité, mais la qualité du sommeil qui comptait ?

Fonctionnement du cerveau

Notre sommeil est divisé en plusieurs phases distinctes : l’endormissement, le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal. L’ensemble de ces phases représente un cycle, qui se répète à plusieurs reprises durant la nuit. Selon une récente étude, une de ces phases est particulièrement importante pour la santé, notamment dans la manière dont notre cerveau réagit au stress. Il s’agit du sommeil paradoxal, également connu sous le nom de REM (Rapid Eye Mouvement). C’est la phase durant laquelle nous rêvons le plus.

La recherche, publiée dans la revue Journal of Neuroscience, révèle que les personnes qui passent davantage de temps dans le sommeil paradoxal avaient moins d’activités cérébrales liées à la peur lorsqu’elles recevaient de légers chocs électriques le lendemain. Selon les auteurs, les résultats de l’étude suggèrent que l’obtention d’un sommeil paradoxal suffisant avant une expérience effrayante ou perturbante réduit les risques de développer un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Ce n’est pas la première fois qu’une étude pointe les bénéfices du sommeil paradoxal. Certains experts pensent d’ailleurs que les problèmes de santé qu’on impute au « manque de sommeil » en général sont plus précisément un manque « de rêves » et de « sommeil paradoxal ».

Reconnaitre le sommeil paradoxal

Les périodes de sommeil paradoxal ont malheureusement tendance à être courtes pendant les deux premiers tiers de la nuit. De plus longues périodes ont lieu en fin de nuit, mais elles peuvent être interrompues si vous dormez moins de sept à huit heures. Durant le sommeil REM, il y a davantage d’activité dans certaines régions du cerveau (visuel, moteur, émotionnel…), et moins dans d’autres (rationnel notamment).

Si vous vous réveillez avec des souvenirs vifs de vos rêves de la nuit, c’est probablement parce que vous avez eu un sommeil paradoxal de qualité. Difficile de le détecter autrement. La meilleure façon de l’obtenir davantage est de dormir plus souvent, vu qu’il représente une partie non négligeable du sommeil. S’il est difficile de le favoriser autrement qu’en dormant, certains facteurs peuvent interférer avec lui, de l’apnée du sommeil à notre mode de vie (alcool, nicotine, exposition aux lumières artificielles…).

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Quels effets sur la santé ?

Plusieurs études menées ces dernières années suggèrent que le sommeil paradoxal peut affecter la précision avec laquelle une personne lit les émotions et traite les stimuli externes. Matthew Walker, professeur de psychologie à l’université de Californie, a par exemple démontré que les personnes ayant atteint cette phase de sommeil durant une sieste étaient plus aptes à juger les expressions faciales que les autres. Cela permet également d’apaiser des expériences fortes en émotions survenues avant une nuit de sommeil. Le sommeil paradoxal jouerait donc un rôle de protection contre certaines émotions négatives vécues avant ou après le sommeil en question.

Les scientifiques ne savent pas avec précision quelle en est la cause. Mais ils ont une piste : la partie du cerveau qui sécrète la noradrénaline se met en pause durant la phase de sommeil paradoxal. « La noradrénaline est associée au stress et affecte le degré de sensibilité de l’amygdale (le centre de la peur dans le cerveau) aux stimuli », explique Itamar Lerner, co-auteur de la récente étude.

D’autres études suggèrent d’autres bénéfices pour la santé, mais il y a moins de preuves directes et attribuables spécifiquement, précise le Time. Le rêve ayant des effets sur la mémoire et l’humeur, il serait possible qu’un sommeil paradoxal de mauvaise qualité ou trop rare puisse causer la maladie d’Alzheimer ou la dépression. Mais il ne s’agit d’ici que d’associations, et non des liens de cause à effet. Du moins jusqu’à ce que la science le prouve.

Selon Walker, les autres phases de sommeil ne sont cependant pas à négliger. Il peut en effet avoir sa propre fonction, mais « la plupart des recherches se concentrent toujours sur les bénéfices réparateurs et très importants des autres phases ».

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