Il coule, chatouille, se bouche, rougit, s’assèche… En hiver, le nez exposé aux quatre vents nous mène à son tour la vie dure. Un médecin ORL explique comment en prendre soin pour éviter le rhume à rallonge.
«Vous n’imaginez pas le nombre de patients qui viennent consulter pour un simple rhume.» D’après la médecin ORL Christine Löber coautrice du livre Immer der Nase nach (NDLR: Suivez votre nez) beaucoup de personnes ne parviennent plus à évaluer leurs propres symptômes. Certains pourtant sont parlants comme un nez au milieu de la figure. Elle donne ici quelques conseils pour mieux appréhender cet organe respiratoire mis à mal pendant l’hiver et repousser les infections.
Pourquoi le nez est mis à rude épreuve en hiver?
Si les rhumes augmentent à l’automne, ce n’est pas uniquement à cause du froid, c’est surtout parce que nous passons plus de temps dans des espaces fermés, confinés où nous sommes davantage exposés à l’inhalation de potentiels germes et virus. Aussi, l’air chauffé et les variations constantes de température entre le froid à l’extérieur et la chaleur à l’intérieur assèchent les muqueuses, qui sont fragilisées et offrent une moins bonne proctection contre les agents pathogènes. Notre nez est pourtant fait pour nous débarrasser des virus: il agit comme une sorte de filtre à air intégré. A chaque inspiration, il réchauffe l’air et l’humidifie. Avec l’aide du mucus et les petits poils appelés vibrisses, il filtre les corps étrangers. Sauf que parfois ce filtre naturel nécessite quelques soins en prévention pour l’aider à surmonter l’hiver.
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«Préserver l’hydratation des muqueuses nasales peut notamment aider à prévenir un rhume.»
Pourquoi mon nez coule-t-il quand il fait froid?
Le mucus est un bouclier protecteur important pour notre corps. Il humidifie le nez et emprisonne les corps étrangers. Même une personne en bonne santé en produit en permanence: nous avons la majeure partie des sécrétions nasales, sans nous en rendre compte. Le froid et l’air sec en stimulent la production. «C’est un processus tout à fait naturel, explique Christine Löber. En outre, dans l’air froid, nos cornets nasaux gonflent afin de réchauffer l’air inhalé. Les sécrétions ne peuvent alors pas s’écouler vers le pharynx comme d’habitude. C’est alors le nez qui se met à couler. De manière générale, plus le nez est sec, plus il coule quand il fait froid».
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Puis-je empêcher un rhume?
Un nez qui coule souvent ou se bouche facilement en l’absence de rhume ou d’allergie, peut être le signe de muqueuses sèches. «Notre nez est remarquablement robuste, nous n’avons pas besoin de le « protéger », tempère la médecin ORL. Mais nous pouvons aider son bon fonctionnement, à l’aide de soins nasaux. Préserver l’hydratation des muqueuses nasales peut notamment aider à prévenir un rhume.» D’après la dermatologue Nicole Bönisch, «quand la barrière cutanée est perturbée, elle devient réceptive aux agents pathogènes venant de l’extérieur». Les muqueuses en l’occurence se défendent moins bien contre les virus, mais aussi contre les pollens et autres allergènes. Ceux qui ont beaucoup de contacts avec d’autres personnes peuvent porter temporairement un masque et ainsi tenir les virus et les bactéries à distance du nez. «Pendant la période des rhumes, je porte beaucoup le masque dans mon cabinet», confie l’ORL.
Comment prendre soin de mon nez?
La première chose à faire est de maintenir une bonne hydratation des muqueuses en buvant suffisament d’eau. Contre l’air sec provoqué par le chauffage, un humidificateur peut être utile. «Les produits de soin nasal, comme les sprays d’eau salée, les gouttes de serum physiologique, les lavages et les crèmes nasales, peuvent aider au bon fonctionnement de votre nez et permettent aussi de rincer les corps étrangers», détaille Christine Löber. L’ORL préconise un lavage nasale matin et soir en cas de nez particulièrement sec et sensible, s’il démange et coule plus souvent que d’habitude. «Nous parlons toutefois ici du « programme maximal ». Le mieux est toujours d’en faire le moins possible. N’appliquez une pommade nasale (en fine couche) que si la muqueuse, ou la peau autour du nez, est sèche et irritée», nuance la dermatologue Bönisch. Car un excès de soins peut aussi irriter la peau et provoquer de la couperose ou une dermatite périorale.
Comment déboucher rapidement le nez?
Lors d’un rhume banal, le nez gonfle, la production de mucus est stimulée et les sécrétions peuvent devenir blanches et épaisses. Avec le temps, des cellules immunitaires peuvent en modifier la couleur. «La couleur du mucus, à elle seule, ne dit pas grand-chose, estime Christine Löber. Il faut toujours la considérer dans le contexte d’autres symptômes. On ne peut par exemple pas dire à la couleur du mucus s’il s’agit d’une infection virale ou bactérienne. On peut en revanche déduire de sécrétions nasales transparentes qu’elles sont saines. Au début d’un rhume, elles deviennent blanches. Lorsqu’elles deviennent jaunes et vertes cela indique une réaction immunitaire et dans certaines circonstances, une infection bactérienne».
En règle générale, le délai entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes lors d’un rhume n’est que de quelques jours. Une fois que le rhume s’est déclaré, il n’y a rien à faire: il faut le laisser passer. Les médicaments et les remèdes maison ne font que soulager les symptômes. La seule consigne est alors le repos, l’ydratation et le sommeil. «Si le rhume dure plus de sept jours, une infection bactérienne peut se cacher derrière», avertit la médecin ORL. Pour mieux respirer et donc aussi mieux dormir, elle recommande des sprays nasaux décongestionnants. «C’est tout à fait OK de les utiliser si le nez est totalement bouché! On peut pulvériser pendant sept jours sans crainte ; on ne devient pas dépendant si vite. Toutefois, vous devez garder à l’esprit que les sprays et gouttes décongestionnants assèchent encore davantage le nez, nécessitant à nouveau plus de soins pour l’hydrater.» La durée exacte d’un rhume peut varier d’une personne à l’autre. Si les symptômes ne s’améliorent pas après 10 à 14 jours, ou même empirent, il faut consulter un médecin.
Se moucher ou renifler?
Même les médecins ORL, ne s’accordent pas sur cette question, d’après le livre de Christine Löber. Certaines études ont montré que se moucher pourrait pousser le mucus contaminé dans les sinus. De l’autre côté des médecins s’inquiètent craint, en cas de reniflement, une bronchite. Les «renifleurs» risqueraient même une propagation de l’infection vers l’oreille. «Au final, les deux conviennent, résume Christine Löber. D’une manière ou d’une autre, le mucus finit par être expulsé, soit par le nez, soit par le pharynx.» D’ailleurs, nous faisons souvent les deux automatiquement. «Globalement, il est recommandé de se moucher en douceur, précise le docteur. Si, à la fin, le nez est toujours bouché, ce n’est pas seulement dû au mucus, mais aussi au gonflement des parois nasales lié à l’inflammation locale». Il va sans dire qu’une bonne hygiène des mains, avant et après s’être mouché, est indispensable pour ne pas propager les microbes.
Que faire contre la peau sèche autour du nez?
La peau autour du nez est très sensible et peut être asséchée par un rhume et les séances de mouchage intensive. La barrière naturelle est perturbée, la peau se fissure et pèle. «Cela peut même évoluer jusqu’à un eczéma, avertit la dermatologue Bönisch. Pour régénérer la peau dans et autour du nez, il vaut mieux utiliser des crèmes spécialement adaptées aux muqueuses nasales. Il ne faut pas utiliser une lotion corporelle ou une crème ordinaire, car les parfums et les conservateurs sont irritants pour les muqueuses». De nombreuses crèmes pour le nez contiennent du panthénol, qui hydrate et a un effet anti-irritatif, c’est-à-dire qu’il renforce la barrière cutanée. Mais la vaseline convient aussi, car elle contient peu d’additifs. «Essayez de voir ce que votre peau tolère le mieux. De bons soins nasaux après un rhume permettent aussi au nez de mieux se parer face la prochaine infection.»
«De bons soins nasaux après un rhume permettent aussi au nez de mieux se parer face la prochaine infection.»
Pommades nasales : contrôle des ingrédients
Vaseline/Petrolatum: de nombreuses crèmes sont à base de vaseline, une sorte d’onguent composé d’hydrocarbures solides et liquides provenant de résidus de distillation du pétrole. Elle forme un film protecteur sur la peau, qui empêche l’eau de s’évaporter et donc à la peau de se dessécher. Comme la vaseline peut se passer d’additifs, on peut l’appliquer presque partout. Y compris sur les muqueuses.
Panthénol/Dexpanthénol: on trouve du panthénol dans de nombreux produits de soin. C’est une provitamine qui est transformée dans le corps en acide pantothénique (vitamine B5). Elle a un effet anti-irritatif et renforce la barrière cutanée.
Huiles essentielles: les huiles essentielles d’eucalyptus ou de menthe poivrée peuvent soulager les symptômes en cas de rhume ou d’autres symptômes de refroidissement. Mais elles ne devraient pas être appliquées directement sur les muqueuses, car elles sont très irritantes pour la peau.
Der Spiegel