Lupus erythematous © Getty images

5 patients guéris du lupus: une thérapie offre une lueur d’espoir dans le traitement des maladies auto-immunes

Mailys Chavagne

Cinq patients atteints d’une forme grave de lupus sont entrés en rémission après avoir reçu une thérapie révolutionnaire. Des résultats positifs sans précédent qui pourraient ouvrir la voie à de nouveaux traitements contre d’autres maladies auto-immunes.

Sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, lupus systémique… On ne guérit pas d’une maladie auto-immune: on peut seulement s’attaquer aux symptômes pour les réduire, voire les supprimer. Mais un traitement révolutionnaire offre une nouvelle lueur d’espoir dans la lutte contre ce dérèglement du système immunitaire.

Cinq personnes âgées de 18 à 24 ans et atteintes de lupus systémique sont aujourd’hui en rémission après avoir reçu des transfusions de cellules immunitaires génétiquement modifiées. Un succès qui ne manque pas de susciter l’excitation auprès de la communauté scientifique, qui y voit une percée pour la médecine.

Qu’est-ce que le lupus?

Le lupus érythémateux disséminé ou lupus systémique est maladie inflammatoire du tissu conjonctif chronique, qui peut toucher les articulations, les reins, la peau, les muqueuses et les parois des vaisseaux sanguins. Bien que bénin chez de nombreuses personnes, le lupus peut provoquer une fatigue extrême, des dommages aux organes et des douleurs dans les articulations et les muscles. L’un des signes les plus courants est une éruption cutanée caractéristique sur le nez et les joues.

Le lupus érythémateux touche en moyenne une personne sur 2000 en Belgique, et particulièrement les femmes. Les causes de la maladie restent encore inexpliquées à ce jour, bien que l’on soupçonne un ensemble de facteurs environnementaux, hormonaux et génétiques. Le traitement actuel consiste en la prise de divers médicaments visant à réduire les symptômes et à affaiblir le système immunitaire.

Des médecins allemands ont néanmoins eu l’idée d’utiliser un traitement contre le cancer – la thérapie CAR-T – afin de lutter contre cette maladie auto-immune. Les résultats s’avèrent prometteurs.

La thérapie cellulaire CAR-T

Cette thérapie consiste à collecter les lymphocytes T du patient – un élément clé du système immunitaire – et à les modifier afin qu’ils attaquent de nouvelles cibles, telles que les cellules cancéreuses, lorsqu’ils sont réinjectés dans l’organisme.

Dans le cas du lupus, les médecins ont prélevé ces fameux lymphocytes T et les ont modifié de telle sorte qu’une fois réinjectés dans l’organisme, ils s’attaquent aux lymphocytes B des patients. Car la maladie trouverait son origine dans l’hyperactivation des lymphocytes B. Ceux-ci produisent alors des auto-anticorps qui, au lieu de défendre le corps contre les agents pathogènes envahisseurs, attaquent les tissus sains.

Des maladies comme la sclérose en plaques peuvent également être très sensibles à ce traitement cellulaire.

Georg Schett

Rhumatologue

Selon les résultats de leur étude, publiée dans la revue Nature Medecine, le ciblage des lymphocytes B à l’aide de cette thérapie s’avérerait tout aussi efficace contre le lupus. Et pour cause: les cinq sujets de l’étude sont aujourd’hui en rémission presque totale. Les symptômes graves, notamment l’arthrite, la fatigue, la fibrose des valves cardiaques et l’inflammation pulmonaire, ont tous disparu. Ils ont même pu arrêter la prise de médicaments plus conventionnels, comme les corticoïdes, connus pour leurs effets secondaires non négligeables.

Les auteurs de l’étude considèrent que la thérapie a mené à un « reboot du système immunitaire ». Les tests sanguins sur les patients ont en effet révélé que leurs lymphocytes B se sont bel et bien rétablis environ quatre mois après le traitement, mais qu’ils ne produisaient plus d’anticorps nocifs.

Un espoir pour la sclérose en plaques?

Cette étude pourrait permettre d’élargir le champ d’application de la thérapie cellulaire CAR-T à d’autres maladies auto-immunes qui dépendent elles aussi des lymphocytes B.

« Plusieurs autres maladies auto-immunes dépendantes des lymphocytes B et présentant des auto-anticorps peuvent répondre à ce traitement », a déclaré le professeur Georg Schett, rhumatologue qui a dirigé les travaux. « Notamment la polyarthrite rhumatoïde, la myosite et la sclérose systémique. Mais des maladies comme la sclérose en plaques peuvent également être très sensibles à ce traitement cellulaire.« 

Mais avant cela, d’autres analyses seront nécessaires afin de s’assurer de l’efficacité de la thérapie et surtout de vérifier ses potentiels risques à court et long terme.

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