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L’homéopathie, une médecine incomprise ?

François Remy
François Remy Journaliste

L’establishment scientifique, les médecins traditionnels et la ministre de la Santé publique réduiraient à tort l’homéopathie au simple effet placebo. C’est fermer les yeux sur les vertus thérapeutiques vécues au quotidien, estime le président de la Société royale belge d’Homéopathie.

À la Bourse de Paris, l’action des laboratoires Boiron se portait bien ce lundi après l’annonce d’un chiffre d’affaires en hausse de 8% sur le premier trimestre 2015. Quel intérêt de parler de ce fabricant français de préparations homéopathiques, se demanderont certains. Parce que la Belgique joue un rôle dans la tenue de ces chiffres. Notre petit pays est le quatrième marché étranger de Boiron, derrière les imposantes Italie, Espagne et Russie. Les ventes belges pesaient près de 18 millions d’euros l’année passée. Tout cela relance le débat autour de la place qu’occupe l’homéopathie dans notre arsenal thérapeutique.

Cette approche médicale peut coexister avec la médecine classique en poursuivant pour seul objectif la guérison du patient. Comme l’atteste l’expérience du Dr Jean Lansmanne, cet opposant viscéral à la médecine alternative au sortir des études, devenu depuis… président de la Société royale belge d’Homéopathie (SRBH).

« Que fait la médecine dite classique ? Elle traite la plainte, elle donne au patient une béquille. Un antihypertenseur, un somnifère. Ces béquilles le maintiennent, lui rendent un grand service, c’est très bien, il ne se casse plus la gueule mais il ne peut surtout plus se passer de sa béquille. C’est la différence entre soigner et guérir. Là il est soigné, mais pas guéri. Une fois guéri, il vous dira ‘j’ai retrouvé mon équilibre' », estime l’homéopathe de Braine-l’Alleud.

« Je ne prétends pas remplacer une chimio »

Selon lui, il y aurait donc de la place dans le paysage des soins pour toute méthode aidant le patient à surmonter la maladie. Il y a bon nombre de circonstances où la médecine alternative pourra venir en complément et d’autres, éventuellement, en solution unique. « Je ne suis pas intégriste. Si le patient a une pneumonie, je ne le prendrai pas en charge avec l’homéopathie. En revanche, avec un hypertendu, dans un premier temps, je vois avec le patient si on peut l’améliorer. S’il a 15 de tension sous antihypertenseurs, j’ajoute un traitement homéopathique. S’il revient en disant qu’il n’a plus que 14, on peut tenter de ‘retirer la béquille' », explique le Dr Lansmanne.

Depuis juillet 2013, seuls les médecins, dentistes et sages-femmes munis d’un diplôme complémentaire en homéopathie peuvent l’exercer. Les homéopathes ressentent une petite satisfaction, étant moins taxés de charlatanisme. « Mais le corps médical traditionnel ne va pas mieux. Les spécialistes restent plus ouverts que mes confrères généralistes. Les plus réceptifs étant les oncologues. En appoint bien sûr ! Pas de folie, je ne prétends pas remplacer une chimio, l’homéopathie aide énormément en atténuant les effets secondaires du traitement », précise le Dr Lansmanne.

Et de rappeler que le monde médical snobe inlassablement cette technique depuis plus de deux cents ans. Le médecin allemand Samuel Hahnemann a jeté par écrit les bases de l’homéopathie en 1796. Il avait peu de patients, alors cet érudit gagnait sa vie en faisant des traductions. Un jour, en traduisant un article d’un confrère sur la malaria, il y lit que la quinine guérirait la malaria parce qu’elle stimule les sécrétions gastriques. Ce qui laisse Hahnemann très sceptique. Il prend une grosse dose de quinine et a eu l’immense surprise de développer les symptômes de la malaria. Le raisonnement est donc qu’une substance peut guérir par similitude. « Ce que concèdent certains scientifiques, avant d’objecter ‘qu’il n’y a plus rien dans vos granules’. En fait, on n’a pas besoin de diluer, Hahnemann ne diluait pas ou très peu. Mais il s’est mis à diluer pour diminuer les effets gênants et pour garder le seul effet thérapeutique », remet en contexte le président de la SRBH.

Croyance populaire ?

Il convient toutefois de constater que la littérature scientifique n’a toujours pas mis en évidence le mécanisme d’action de l’homéopathie. Et l’argument dominant reste l’effet placebo. « Il faut tout de même se rappeler que globalement, toutes pathologies confondues, cet effet représente 35 % », réplique le médecin qui a 30 ans d’homéopathie à son actif et a construit sa vie professionnelle dessus. « On ne peut pas imaginer que j’aie 35 % de résultats, je n’aurais plus de patients dans ce cas ». Sans compter les effets constatés sur les nourrissons ou, sans transition, sur les animaux. « Vous allez me dire que c’est parce que le chien ou le cheval y croit ».

Et à l’inverse, quid de l’effet nocebo. Quand vous répétez un traitement sans succès, cette même littérature observe un épuisement de l’effet placebo. Le patient n’y croit plus. Ce genre de situation se retrouve chez des patients parce qu’ils sont des cas rares, donnent de mauvaises explications, etc. « Comment expliquer dès lors que ce cas de figure de patient aux multiples échecs s’améliore avec un traitement homéopathique ? », remet en contexte le Dr Lansmanne.

« Un patient vient avec une hépatite aiguë. Je lui donne un remède homéopathique. Lors du contrôle, ses transaminases se sont effondrées. Son gastro-entérologue m’a directement appelé pour avoir le filon », sourit le président de la SRBH.

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