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Les personnes du groupe sanguin A sont-elles plus à risque face au coronavirus ?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Une nouvelle étude chinoise affirme que les personnes appartenant au groupe sanguin A seraient plus sensibles au coronavirus. Que penser de cette étude ? Nous faisons le point.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, plusieurs facteurs de risque de développer une forme sévère de Covid-19 ont été décelés. Il est ainsi avéré que l’âge est un facteur aggravant de la maladie. Plus l’âge augmente et plus taux de mortalité est élevé. Les patients atteints de maladies chroniques respiratoires et cardiovasculaires sont également plus à risque. Le diabète, l’hypertension et le tabagisme favorisent également les formes graves de la maladie.

Le rôle du groupe sanguin

Selon une nouvelle étude réalisée en Chine dans trois hôpitaux de Wuhan et à Shenzhen, les personnes faisant partie du groupe sanguin A seraient également plus sensibles au coronavirus. L’étude a été publiée dans la revue medRxiv.

En moyenne, dans la population caucasienne, on dénombre

42 % de personnes du groupe O,

44% du groupe A,

10% du groupe B et

4% du groupe AB,

selon la Croix-Rouge.

Le docteur Wang Xinghuan et ses collègues ont examiné 2.173 cas de patients porteurs du Covid-19. Parmi ce groupe, ils ont constaté que les personnes appartenant au groupe sanguin A ont un taux de mortalité supérieur de 20 %. À l’inverse, les personnes du groupe sanguin O, ont un taux de mortalité inférieur de 33%.

Lorsque les chercheurs tiennent compte de l’âge et du sexe, ces différences demeurent, selon l’étude. Ils insistent donc sur le fait que les patients du groupe A doivent faire l’objet d’une vigilance accrue de la part du personnel soignant.

Selon une autre étude réalisée en 2005 sur l’épidémie de SRAS (2003), il était ressorti que les personnes du groupe O étaient moins susceptibles de contracter la maladie, car ils possèdent des anticorps que les personnes des groupes A et AB ne possèdent pas.

Peut-on dès lors tirer des conclusions générales sur base de ces deux études ?

Selon le site de Science et Santé, la réponse est mitigée. L’étude chinoise n’est pas suffisante pour tirer des conclusions. « Sur la base de ces recherches, on ne peut pas dire qu’une personne ayant le groupe sanguin A est plus ou moins susceptible d’être infectée par le nouveau coronavirus qu’une personne ayant le groupe sanguin O », écrivent-ils.

Marc Van Ranst
Marc Van Ranst© Belga

C’est également l’avis du virologue Marc Van Ranst que nous avons interrogé. Il met en garde sur le fait que l’étude chinoise n’a pas été lue et commentée par la communauté scientifique.

Il s’agit en effet d’une étude d’observation qui ne peut pas démontrer de relation de cause à effet. En outre, l’étude détaille peu les groupes qui ont été étudiés et il n’y a pas de groupe de contrôle. « Ce qui est un problème pour la validité scientifique de l’étude », déplore Marc Van Ranst. On ne sait pas non plus si le groupe est représentatif de la population.

De plus, les conclusions sont basées sur les chiffres de seulement deux provinces en Chine et les résultats diffèrent d’une région à l’autre. Dans la région de Wuhan, les personnes du groupe sanguin A sont plus souvent infectées. Tandis qu’à Shenzhen, il s’agit en fait du groupe sanguin AB qui est plus à risque. Selon Marc Van Ranst, il est nécessaire de faire d’autres études complémentaires sur les cas en Europe.

Enfin, la différence entre les groupes sanguins A et O n’est pas si grande qu’elle y parait, affirme Marc Van Ranst. « C’est une étude intéressante, mais ces résultats doivent être confirmés par d’autres études scientifiques qui montreront probablement que le groupe sanguin ne joue pas un si grand rôle », dit-il. Il rappelle également que les autres groupes à risque avérés sont eux proportionnellement beaucoup plus menacés par le virus que les personnes du groupe sanguin A.

Les chercheurs utilisent une méthode statistique très sensible, qui leur permet de mettre davantage en évidence les petits écarts. En réalité, la différence est plutôt faible et peu pertinente dans la pratique. S’il est donc trop tôt pour alerter la population sur ce point, le virologue nous indique néanmoins qu’il ne manquera pas à l’avenir de prendre note du groupe sanguin des patients.

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