Les preuves ne manquent pas pour affirmer que les omega-3 protègent le cerveau. Or, ils sont rarement consommés en quantité suffisante.
Bien se nourrir fait partie, au même titre que le sommeil, le lien social et l’activité physique, des recommandations pour protéger son cerveau du vieillissement. Dans l’ouvrage Bien nourrir son cerveau (Odile Jacob, 2025), Guillaume Fond liste les nutriments qui aident à lutter contre le stress, l’anxiété, la dépression et le déclin cognitif. Le psychiatre et docteur en biologie cellulaire et moléculaire rappelle que les cerveaux dénutris sont soumis à un vieillissement accéléré, qui se traduit par une augmentation de la dépression et de la démence, quatrième cause de décès chez les personnes âgées.
La diminution du taux de DHA (acide docosahexaénoïque), un lipide de la famille des oméga-3, serait l’un des principaux accélérateurs du vieillissement cérébral. Or, il est 27% plus bas chez les personnes présentant un déclin cognitif et une démence d’Alzheimer, ce qui suggère qu’il pourrait jouer un rôle dans cette pathologie. «Le DHA améliore la circulation du sang dans le cerveau, réduit l’inflammation et atténue la formation et l’agrégation des plaques amyloïdes, qui se posent dans le cerveau et détruisent progressivement les neurones dans la maladie d’Alzheimer. Il améliore en outre les capacités d’apprentissage pendant le vieillissement.»
La solution la plus rationnelle? «Assurer l’apport en DHA par des huiles d’algues contrôlées, tracées et purifiées.»
Si les oméga-3 sont si protecteurs, pourquoi ne sont-ils pas systématiquement proposés aux seniors? En raison d’un principe de précaution institutionnel appliqué à l’ensemble des compléments alimentaires, répond le Dr. Fond. «Mal employés, ils peuvent entraîner des effets indésirables, mais une alimentation déséquilibrée en engendre tout autant et touche actuellement une part croissante de la population.»
Pour le spécialiste en psychonutrition, «deux à trois portions hebdomadaires de poissons gras nourriraient correctement le cerveau, mais les limites écologiques, logistiques et toxicologiques rendent cet objectif difficile à atteindre pour des milliards d’êtres humains. Les apports en oméga-3 des poissons d’élevage ont diminué avec l’évolution des filières d’alimentation, la contamination par le méthylmercure, les microplastiques, les Pfas et certains métaux pèsent dans la balance bénéfice-risque. La recommandation actuelle de ne pas dépasser une portion hebdomadaire de poisson gras ne couvre pas les besoins cérébraux.»
Pour les Pr. Joachim Schulz, du CHU Saint-Pierre, et Steven Laureys, de l’ULiège, miser sur les compléments alimentaires n’est pas un bon réflexe, en raison de cette balance bénéfice-risque, mais surtout parce qu’«aucune supplémentation ne produit d’effets miracles». Les deux neurologues plaident plutôt pour un rééquilibrage alimentaire privilégiant l’apport en vitamines, en légumes frais, en poisson et une bonne hydratation.
«Dans une approche moderne de santé publique, il devient cohérent de promouvoir l’amélioration de l’assiette et, en parallèle, d’organiser un accès simple à un DHA d’origine algale de qualité, à des doses nutritionnelles, pour les publics qui ne peuvent ou ne veulent pas consommer suffisamment de poissons gras, y compris ceux à risque accru de déclin cognitif, argumente le Dr. Fond. La solution la plus rationnelle et soutenable est d’assurer l’apport en DHA par des huiles d’algues contrôlées, tracées et purifiées.»
L.P.