Le traitement hormonal substitutif (THS) peut réduire des symptômes non seulement physiques, mais aussi psychiques. Mais il doit d’abord se débarrasser de sa mauvaise image.
Les problèmes de santé mentale sont de plus en plus répndus. Dans les pays développés, les antidépresseurs et les tranquillisants ont été massivement prescrits au cours des dernières décennies. Sans pour autant se révéler efficaces pour tous. Pas moins d’un tiers des personnes souffrant de dépression grave affirment que ces médicaments n’ont aucun effet. La médecine a donc cherché à élargir ses horizons.
En suivant notamment une nouvelle piste étonnante: l’hormonothérapie. L’idée est simple. En augmentant ou en ajustant les hormones naturelles présentes dans le corps –et en particulier les hormones sexuelles: œstrogènes, progestérone et testostérone– il serait possible de réduire les symptômes mentaux.
Si cette nouvelle piste serait plus que bienvenue vu l’ampleur sociétale des problèmes de santé mentale, les hormones doivent d’abord se débarrasser de la mauvaise image qu’elles véhiculent.
Aussi pour les hommes
Le traitement hormonal substitutif (THS) est surtout connu comme remède aux désagréments physiques tels que les bouffées de chaleur ou les sueurs nocturnes pendant la ménopause, lorsque les niveaux d’œstrogènes et de progestérone chutent. Mais quiconque a déjà eu un adolescent à la maison sait que les hormones ont également un impact important sur le cerveau.
La recherche suggère que le rétablissement des niveaux d’hormones peut parfois apporter un soulagement aux troubles mentaux tels que la dépression et la schizophrénie, qui sont souvent très résistantes aux autres traitements.
Les femmes ne sont pas les seules à être concernées. Les hommes ne connaissent peut-être pas les mêmes fluctuations hormonales que les femmes ménopausées, mais il apparaît que de nombreux hommes âgés –peut-être un tiers d’entre eux– ont un faible taux de testostérone. De plus en plus d’études montrent qu’un supplément de testostérone peut contribuer à atténuer les problèmes d’humeur côté masculin.
L’idée que le «naturel» est la meilleure solution persiste et décourage de nombreuses personnes de chercher de l’aide.
Pourtant, l’hormonothérapie reste un sujet délicat, tant pour les patients que pour les médecins. La crainte d’un risque accru de cancer du sein a considérablement terni la réputation du THS. Actuellement, à peine 5% des Américaines ménopausées suivent un traitement hormonal. De plus, l’idée que le «naturel » est toujours la meilleure solution –comme la ménopause ou le vieillissement chez l’homme– persiste et décourage de nombreuses personnes de chercher de l’aide.
Le problème de la testostérone
Dans le cas de la testostérone, c’est exactement l’inverse: l’enthousiasme est parfois excessif. En effet, la testostérone est un médicament puissant, capable d’augmenter les performances. Aux Etats-Unis notamment, toute une industrie s’est développée, ciblant les hommes d’âge mûr.
Charlatans et influenceurs Instagram vantent la testostérone comme l’élixir de la jeunesse éternelle: un médicament miracle pour développer les muscles, doper la libido et stopper le vieillissement. Mais on entend beaucoup moins parler des inconvénients: que la testostérone peut provoquer l’infertilité, par exemple, ou que des doses élevées sont nocives pour le cœur. Même certaines cliniques hormonales admettent que des prescriptions douteuses jettent le discrédit sur l’industrie, en pointant surtout du doigt la concurrence.
L’industrie de la testostérone a besoin d’une réglementation plus stricte. Les cliniques devraient être obligées de tester leurs clients et de les informer clairement des risques. Les femmes, quant à elles, devraient être mieux informées. Selon certains spécialistes, les craintes liées au THS et au cancer du sein seraient exagérées et, en outre, la thérapie présenterait des avantages pour la santé, tels qu’une réduction du risque d’ostéoporose.
Les bénéfices du traitement hormonal substitutif sur la santé mentale doivent encore être investigués davantage. Des études cliniques devraient révéler exactement qui peut bénéficier des traitements hormonaux. Les hormones étant bon marché, les gains pourraient être énormes.