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Les bienfaits du hockey

Le Vif

Au vu des excellents résultats des équipes nationales masculine et féminine ces dernières années, le hockey a vu le nombre de ses membres doubler en 10 ans, pour atteindre en 2014 les 35.000. Il est vrai que ce sport s’avère plus complet que d’autres, qui suscitent pourtant encore plus d’engouement…

Le Dr Nicolas Vandenbalck, médecin spécialisé en traumatologie du sport, dirige la Commission médicale de l’ARBH et a longtemps suivi l’équipe nationale masculine. Son appréciation globale est sans appel : le hockey combine un nombre important d’aptitudes et apporte des bénéfices sur plusieurs plans. « Ce sport est très exigeant au niveau de la psychomotricité, nécessitant coordination, concentration et agilité, un peu comme le tennis. C’est pourquoi son apprentissage est plus long que d’autres sports comme le football : il est difficile de le pratiquer avant l’âge de 5 ans. Cela explique le fait que les matches ne se font que plus tard. »

Sur le plan de la santé, le hockey développe à la fois l’endurance et la résistance, et joue sur plusieurs filières énergétiques et musculaires. « Selon moi, c’est un sport complet car tout le corps est sollicité, de l’épaule à la cheville. Par rapport au tennis, il nécessite plus d’endurance même s’il exige aussi des déplacements courts très rapides. » Ce n’est pas pour rien si, contrairement au football, les joueurs rentrent et sortent du terrain en permanence, tout au long du match, sans limitation : l’effort physique est tel que des périodes de repos régulières sont nécessaires, et s’économiser sur le terrain est impossible ou presque.

« Des études ont d’ailleurs rapporté que les joueurs de hockey ont une meilleure condition physique que d’autres sportifs. » Les joueurs sont en effet soumis à des exercices aérobies et anaérobies. Les premiers sollicitent et améliorent la consommation d’oxygène par l’organisme, améliorent la performance cardiaque, la santé musculaire, l’endurance… Il s’agit généralement d’exercices d’intensité moyenne sur une plus longue durée. Quant aux seconds, ils augmentent la force et la masse musculaire, lors d’activité intenses et brèves. La complémentarité des efforts est donc tout bénéfice !

Talon d’Achille…

Mais ce travail de tout le corps implique une préparation tout aussi complète. Car des accidents ou des lésions dues à la pratique même du sport peuvent évidemment se produire. « Les risques principaux, pour les hockeyeurs, sont les tendinopathies – essentiellement au niveau de l’épaule et du tendon d’Achille, très sollicités lors des mouvements répétitifs – et les douleurs au dos du fait de la position penchée quasiment en permanence. Celles-ci sont souvent favorisées par une rétractation du muscle psoas », explique Nicolas Vandenbalck. Un risque qui peut être largement limité par des exercices d’étirement de ce dernier. L’impact négatif sur la santé du dos à long terme est encore controversé : des études n’y voient aucun risque accru de lombalgies (1), en tout cas pas plus que chez les footballeurs (2), d’autres pointent du doigt le fait que la surcharge inhérente à la position typique du joueur peut avoir pour conséquence une diminution de la hauteur des disques et des changements dans la forme des vertèbres. (3)

La hanche et l’aine sont aussi plus exposées aux traumatismes lors de mouvements spécifiques : « Ceci est lié au fait que la flexion de la hanche est importante ; il peut en résulter un conflit antérieur, entre le col du fémur et le cotyle (cavité articulaire de la hanche). On le voit surtout chez des joueurs qui pratiquent le sleep, un mouvement qui exige une torsion importante du corps dans une position très basse. Une arthrose précoce pourrait en résulter. En cas d’atteinte importante, une chirurgie précoce peut s’imposer. » Des problèmes à l’aine peuvent aussi se manifester chez les hockeyeurs : il est alors question de pubalgie de l’athlète. (4)

Mais le médecin insiste : « Ces cas sont nettement moins fréquents que les blessures d’origine traumatique, suite à un contact avec le stick d’un adversaire ou de la balle ! Une bonne partie d’entre elles sont aussi dues au terrain : chutes sur l’épaule ou le poignet, entorses… »

Protections indispensables…

Les joueurs tiennent à la main un « stick » (appellation anglaise de  » crosse », terme plus utilisé en France) fait de matières composites, comme le carbone ou le kevlar, plus rarement de bois… Afin d’éviter que les balles ne montent (et engendrer des blessures importantes), leur courbure est limitée. Enfin, la balle en plastique creux et très dur, pèse entre 156 et 163 grammes. Autant dire que lorsqu’un joueur shoote, elle peut atteindre une vitesse importante et susciter des blessures si elle heurte quelqu’un… « Cependant, les règles de jeu sont telles qu’elles visent à limiter au minimum les risques d’accidents, comme l’interdiction de faire monter la balle au-dessus du genou, par exemple lors d’une passe à un coéquipier. Et puis il y a l’équipement minimal de protection recommandé pour tout joueur, comme les guêtres (ou protège-tibias) ainsi que le protège-dents. » Non obligatoire à l’heure actuelle, le protège-dents pourrait le devenir dès la saison prochaine.

… mais suffisantes

Ces équipements de sécurité doivent dès lors être choisis correctement :  » Il ne faut pas acheter des guêtres de football, par exemple, qui ne protègent pas les malléoles. Celles-ci sont particulièrement exposées lors des matches de hockey, la balle devant être jouée bas… Il est donc important de choisir des guêtres spécifiques pour hockey, avec des protections qui descendent de part et d’autre de la cheville. Pour le protège-dents, il limite le risque, mais face à un coup de stick sur la bouche, par exemple, il ne pourra pas éviter certaines catastrophes ! Cependant, il est essentiel d’en mettre un, pour protéger les dents de coups plus légers. L’idéal est celui moulé par un dentiste ; plus cher, il sera sinon plus efficace, en tout cas plus confortable », poursuit le Dr Vandenbalck. Enfin, certains joueurs portent un gant pour amortir les chocs avec la balle : il est vrai que les lésions aux doigts ne sont pas rares.

Préparation adéquate

Éviter les blessures dues à des chutes ou des coups est plus difficile que de prévenir les problèmes musculo-squelettiques. « D’autant que la Fédération s’est bien adaptée à l’augmentation importante du nombre de joueurs, en insufflant dans les clubs une prise de conscience d’une bonne préparation physique. Dans la plupart des grands clubs, les joueurs reçoivent donc un entraînement physique spécifique, axé sur l’endurance, les techniques de course, les changements de direction, les étirements actifs et statiques…  »

Quant à dire que ce sport peut être pratiqué à tout âge, le Dr Vandenbalck n’en est pas convaincu : « Il s’agit d’un sport exigeant, parfois violent et qui sollicite, on l’a dit, de nombreuses aptitudes. Je ne suis pas certain que des personnes de plus de 60 ans, avec des genoux dans un mauvais état, en tireront beaucoup de bénéfice… Néanmoins, pour répondre à l’augmentation du nombre de joueurs, la fédération a créé des catégories de débutants plus âgés (Gent, Ladies), de junior-vétérans qui sont donc séparés des vétérans, etc. pour respecter à la fois les différences d’âge et d’expérience. Je pense donc que chacun peut trouver le groupe qui lui convient. Le hockey a ainsi évolué intelligemment ! »

Par Carine Maillard

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