Depuis janvier 2024, l’étiquette nutritionnelle sur les emballages a changé de méthode de calcul. Plus stricte, la nouvelle version coexiste avec l’ancienne.
Depuis le 1er janvier 2024, la nouvelle version de l’affichage nutritionnel Nutri-Score est entrée en vigueur en Belgique et ce… plutôt discrètement. Plus sévère à l’égard de certains produits transformés pour tenir compte de récents travaux scientifiques, il tarde à se mettre en place, tout en créant de la confusion. Explications.
1. Qu’est-ce que le Nutri-Score?
Proposé en 2014 par des chercheurs français et mis en place par Santé publique France en 2016, il se veut un outil d’information des consommateurs concernant la valeur nutritionnelle des produits. Présenté sous la forme d’un logo à cinq lettres, le Nutri-Score attribue aux aliments un code couleur en fonction de leur valeur nutritionnelle, allant du vert foncé (A) à l’orange foncé (E). Dans la foulée, il est repris par l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Espagne et la Suisse. La Belgique le recommande depuis 2019. Mais certains pays, comme l’Italie, la Grèce, Malte, Chypre, la Roumanie, la Hongrie ou encore de la République tchèque, s’y opposent toujours fermement.
Comme l’explique le SPF Santé publique, il ne s’agit pas de classer les «bons» et les «mauvais» aliments mais de montrer, en un coup d’œil, les aliments à favoriser (A) et les aliments à limiter (E) dans le cadre d’une alimentation équilibrée.
Son avantage? Plutôt que de prendre pour référence une portion, qui serait librement définie par le fabricant, le Nutri-Score se calcule sur 100 grammes ou 100 millilitres. Si le calcul diffère selon les denrées (boissons, matières grasses, fromages, etc.), le score est toujours évalué selon un même système de points. Des points négatifs sont attribués en fonction des teneurs en sucres, en sel, en graisses saturées et en calories. Des points positifs sont accordés selon les teneurs en fibres, en protéines, en noix et la part en fruits, légumes et légumineuses.
L’utilisation du Nutri-Score reste volontaire pour les fabricants: les marques peuvent choisir –gratuitement– d’apposer le logo sur leurs produits. Actuellement, près d’un millier de marques affichent cet étiquetage sur le marché belge. Dans le camp des récalcitrants, en revanche, il y a quelques géants comme Ferrero, Lactalis, Mars Incorporated, Mondelez, Kraft Heinz ou Unilever.
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2. Pourquoi était-il nécessaire de le revoir?
Pour tenir compte des récents travaux scientifiques en matière de santé publique et être plus cohérent avec les recommandations nutritionnelles, le comité scientifique européen du Nutri-Score, composé d’experts indépendants, a proposé en 2022 des modifications de l’algorithme. Ce nouveau calcul a été approuvé en 2023 par les sept pays européens engagés.
Difficile de savoir aujourd’hui si l’étiquette correspond à l’ancien ou au nouveau calcul.
Cette nouvelle méthode de calcul durcit la notation de nombreux produits, particulièrement ceux ayant une forte teneur en sucres, en sel et en gras. Et les étiquettes valsent, puisque, selon les experts, 40% des denrées existantes sur le marché auront un autre Nutri-Score.
3. Laits, boissons, plats préparés: les recalés
La viande rouge fait l’objet d’une catégorie à part afin de moins valoriser son apport en protéines et de mieux prendre en compte les risques liés à sa surconsommation. Certains plats préparés, notamment à base de viandes, sont également sanctionnés. En ce qui concerne les boissons, seule l’eau conserve un A. Les sodas «sans sucre» contenant de l’aspartame voient leur note dégradée d’un cran. Le lait et les yaourts à boire, désormais classés comme des «boissons» et non plus comme des «aliments», voient également leur note abaissée: le lait demi-écrémé se voit attribuer un B, au lieu de A; le lait entier un C, plutôt qu’un B. Le lait chocolaté subit une double peine: pour le côté lacté, et le sucre qu’il contient. Le lait végétal est aussi pénalisé en raison de sa teneur importante en sucre. Le Cécémel, par exemple, chute de B à E. Quant aux Actimel, produits phares de la marque Danone, ils reculent de B à D (version classique) et jusqu’à E (version multifruits). En représailles, le groupe a retiré l’indicateur de plusieurs de ses marques. Les marques Krisprolls et Bjorg ont fait de même.
4. Ce qui est mieux valorisé
A l’inverse, les bienfaits des aliments riches en fibres sont davantage pris en compte. Les aliments comprenant des céréales complètes sont ainsi mieux classés. La volaille est mieux cotée que la viande rouge, et les huiles moins riches en graisses saturées gagnent des points, de même que les poissons gras et les fromages à faible teneur en sel, comme l’emmental.
5. Pourquoi le Nutri-Score perd en cohérence?
Les fabricants ont jusqu’au 1er janvier 2026 pour mettre à jour leurs emballages. Entre-temps, ancien et nouveau Nutri-Score cohabitent dans les rayons. Ce double affichage nuit évidemment à la lisibilité. D’autant que certains industriels, peu enclins à afficher une note revue à la baisse, tardent à mettre à jour leurs produits. Résultat: difficile de savoir aujourd’hui si l’étiquette correspond à l’ancien ou au nouveau calcul. Et le Nutri-Score, outil censé encourager le choix de produits sains, s’en retrouve momentanément brouillé.