Une vaste étude évalue la progression des différents cancers à travers le monde et livre des conclusions alarmantes sur les facteurs de risque liés aux comportements.
Malgré les progrès de la recherche, malgré les campagnes de prévention et la qualité croissante des soins de santé, le cancer ne recule pas. En 2023, 18,5 millions de nouveaux cas ont été recensés à travers le monde (9,56 millions chez les hommes, 8,99 millions chez les femmes).
Une vaste étude à laquelle ont participé 2.000 chercheurs du programme de recherche Global Burden of Disease (GBD) vient d’être publiées dans The Lancet. Basée sur une quantité impressionnantes de données collectées dans 204 pays (provenant des systèmes d’enregistrement des cas de cancer, de l’état civil et de dossiers d’autopsies), elle examine l’évolution de la maladie de 1990 à 2023. L’analyse porte sur 47 types de cancer, sur 44 facteurs de risques comportementaux, environnementaux, professionnels et métaboliques, ainsi que sur l’évolution de ces cancers d’ici 2050.
Le sein, le côlon et les poumons
A ce jour, les cancers les plus répandus dans le monde sont le cancer du sein (2,3 millions), le cancer de la trachée, des bronches et du poumon (2,3 millions également), le cancer du côlon et du rectum (2,29 millions), le cancer de la prostate (1,41 million) et le cancer de l’estomac (1,26 million). Les causes de décès par cancer, hommes et femmes combinés, sont le cancer de la trachée, des bronches et du poumon (2,04 millions), le cancer du côlon et du rectum (1,11 million), le cancer de l’estomac (935.000), le cancer du sein (778.000) et le cancer de l’œsophage (577.000).
Chez les hommes, le cancer de la prostate reste le plus fréquent dans 112 pays, suivi du cancer de la trachée, des bronches et du poumon (53 pays) et du cancer du côlon et du rectum (17 pays). Chez les femmes, le cancer du sein est la forme la plus fréquente dans 164 pays, suivi du cancer du col de l’utérus (37 pays).
En ce qui concerne les décès, le cancer de la trachée, des bronches et du poumon est la principale cause de décès par cancer chez les hommes dans 111 pays, suivi du cancer de la prostate (57 pays) et du cancer de l’estomac (14 pays). Chez les femmes, c’est encore le cancer du sein qui tue le plus dans 134 pays, suivi du cancer de la trachée, des bronches et du poumon (29 pays) et du cancer du col de l’utérus (27 pays).
La Belgique, au-dessus de la moyenne
Selon l’OCDE, l’incidence du cancer pour 100.000 habitants en Belgique (9,1% chez les hommes et 4% chez les femmes) est plus élevée que la moyenne de l’Union européenne.
En 2022, 76.220 nouveaux diagnostics de cancer ont été établis en Belgique, dont 34.446 nouveaux cas chez les femmes et 41.774 chez les hommes. Les cancers les plus fréquemment diagnostiqués étaient les ceux de la prostate, colorectal et du poumon chez les hommes, et du sein, colorectal et du poumon chez les femmes. Avant l’âge de 55 ans, les cancers sont plus souvent diagnostiqués chez les femmes, tandis que dans les groupes plus âgés, les diagnostics de cancers deviennent plus fréquents chez les hommes.
L’étude de GBD souligne quant à elle que, de tous les pays, c’est la France qui affiche le taux de décès par cancer le plus élevé: 136 pour 100.000 habitants. C’est aussi dans l’Hexagone que le nombre de nouveaux cas (389) pour le même nombre d’habitants grimpe le plus.
En ce qui concerne spécifiquement le cancer du sein, la France affiche également le plus haut taux d’incidence de cancer pour l’ensemble des pays du monde: 105,4 cas pour 100.000 personnes. Vient ensuite Chypre (104,8), suivie par la Belgique (104,4).
Tabac, alcool, les pires facteurs
Les facteurs de risque comportementaux sont les principales causes de cancer, en Belgique comme ailleurs, met également en évidence l’étude du Lancet. Ils sont supérieurs aux catégories de risque environnementaux, professionnels ou métaboliques.
L’incidence du cancer pour 100.000 habitants en Belgique (9,1% chez les hommes et 4% chez les femmes) est plus élevée que la moyenne de l’Union européenne.
De tous ces comportements, fumer et de boire de l’alcool sont les plus dangereux (risque de niveau 2). Le tabac contribue à l’apparition de seize types de cancer: du poumon, des lèvres et de la cavité buccale, du pharynx, cancer du nasopharynx, de l’œsophage, de la vessie, du foie, du pancréas, de l’estomac, du rein, du col de l’utérus, du sein, du côlon, du rectum, de l’ovaire, et de certaines leucémies. La consommation d’alcool, quant à elle, impacte dix cancers: du foie, des lèvres et de la cavité buccale, du pharynx, de l’œsophage, du côlon et du rectum, de l’estomac, du pancréas, du larynx, du sein et de la prostate. D’autres comportements à risque sont pointés: la mauvaise alimentation est impliquée dans six cancers (l’œsophage, estomac, côlon et rectum, sein, de la trachée, des bronches et du poumon) et les rapports rapports non protégés dans un seul type (col de l’utérus).
Les données apportées par la Banque mondiale pour enrichir l’étude livre d’autres enseignements, sur les facteurs socio-économiques cette fois. Le tabac reste le principal facteur de risque de niveau 2 pour l’ensemble de la population, à l’exception du groupe à faible revenu, pour lequel le principal facteur de risque est le rapport sexuel non protégé.
Avec cette étude, le GBD lance un signal d’alerte: sans nouvelles mesures en matière de soins de santé et sans financements ciblés, prévoit-il, 30,5 millions de personnes seront diagnostiquées d’un cancer et 18,6 millions en mourront en 2050, soit des hausses respectives de 61% et 75%.