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Factchecker: « seule la moitié des adultes vont chez le dentiste »

Jan Jagers Journaliste Knack

C’était récemment l’un des titres du quotidien De Morgen. Nos confrères de Knack vérifient si le journal dit vrai.

En 2016, seuls 17% des enfants âgés de deux ans ont rendu visite à un dentiste », écrit le quotidien. « Les enfants vont beaucoup trop tard chez le dentiste. Dans le groupe d’enfants de deux à six ans, il s’agissait de 54% ».

« Ces chiffres ne sont guère surprenants », réagit le professeur en dentisterie Dominique Declerck (KU Leuven). « Quand on sait que seule la moitié des adultes vont chez le dentiste, on se doute qu’ils n’emmènent pas leurs enfants. »

N’y a-t-il qu’un adulte sur deux qui va chez le dentiste? Un sur deux n’y va jamais ?

« Premièrement, on m’a fait dire ça après une interview téléphonique que je n’ai pas pu relire, nous fait savoir le professeur Declerck par e-mail. « Mais en essence, c’est correct. »

À peu près la moitié des adultes – et aussi les jeunes et les enfants – ne sont pas en contact annuel (enregistré par l’INAMI) avec le dentiste. C’est ce que révèle une analyse sur 2014 de l’Agence Intermutualiste, qui collecte les données des sept mutuelles de Belgique, dit Declerck. « L’enquête sur la santé 2012-2014, réalisée à la demande de l’INAMI, nous apprend que pour une partie importante de la population, la visite régulière chez le dentiste n’est pas une habitude. »

Quatre adultes sur cinq vont au moins une fois tous les cinq ans, déclare le professeur en dentisterie Peter Bottenberg (VUBrussel) sur base de cette enquête. « Seuls 40 à 50% vont régulièrement. Concrètement : au moins trois fois en cinq ans. »

D’après le porte-parole de la Mutuelle chrétienne Dieter Herregodts, les chiffres provisoires confirment cette assertion. Et Stefaan Hanson, qui parle au nom de l’Union des dentistes flamands, les confirme avec les chiffres de l’INAMI pour 2016.

Pourtant, négliger la visite de contrôle peut faire mal. À la bouche, et au portefeuille.

« Un examen annuel approfondi de la bouche, y compris conseils d’hygiène et radio si nécessaire coûte 63 euros », déclare Hanson. « On vous rembourse 59,50 euros. »

« Si vous sautez une année, vous payez plus de ticket modérateur. Et quand on attend que la douleur se manifeste pour y aller, cela risque de coûter très cher, car c’est tard et on a besoin d’un traitement compliqué. Il arrive que je doive dévitaliser une dent profondément atteinte. Cela la rend plus fragile. Si plus tard elle se brise et que vous voulez une solution durable, cela peut vous coûter 600 euros. Si vous voulez un implant même jusqu’à 2000 euros. Pour une dent. De votre poche, car la mutuelle ne rembourse pas. »

Les « trois piliers d’une bouche saine » sont une alimentation saine, se brosser les dents deux fois par jour, et un contrôle annuel, déclare Hanson. « Si vous suivez cela, vous gardez vos dents toute votre vie. »

D’après le dentiste Luc Martens (Université de Gand), 20% de la population représente un groupe à risque. « Tôt ou tard, ces gens aux dents sensibles auront besoin de soins supplémentaires. Mais les autres 80% ne pourraient jamais avoir mal aux dents. De nombreuses personnes viennent nous voir beaucoup trop tard. »

CONCLUSION

À condition d’interpréter l’assertion comme « aller régulièrement chez le dentiste », Knack juge qu’elle est vraie. Si vous allez chez le dentiste, prenez rendez-vous pour l’année d’après.

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