Le LSD reste une substance hallucinogène, ce qui entrave sa mise sur le marché. © GETTY IMAGES

Du LSD pour l’humeur et la concentration

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Près de 80 ans après la découverte fortuite du LSD en Suisse, synthétisé par Albert Hofmann à partir d’ergot de seigle, la médecine mentale psychédélique fait son grand retour.

En décembre dernier, les universités de Bâle et de Maastricht publiaient dans la revue European Neuropsychopharmacology les résultats d’une nouvelle étude portant sur les effets de la prise de microdoses de LSD sur l’humeur et la cognition.

L’expérience menée à Maastricht sur vingt-quatre adultes en bonne santé de 18 à 40 ans, certains recevant de façon aléatoire un placebo, a montré que la consommation de LSD à petites doses a un indéniable effet positif sur l’humeur. De quoi grandement intéresser les labos pharmaceutiques, mais aussi les neurologues et psychiatres qui se trouvent de plus en plus démunis face à des dépressions résistantes aux traitements existants. Cette piste est actuellement suivie de très près ailleurs dans le monde. Ainsi, en 2019, le premier Centre universitaire pour la recherche psychédélique ouvrait ses portes sur le campus de l’université britannique de l’Imperial College de Londres.

u0022Sans danger physiologique et très faiblement addictifu0022

Selon The Lancet.

L’étude helvético-néerlandaise a également mis en lumière une plus grande capacité de concentration des consommateurs de LSD microdosé, ouvrant la voie à une réflexion sur le traitement de troubles de l’attention liés à l’ hyperactivité. Au cours des prochains mois, cette piste sera approfondie par la firme neuropharmaceutique américaine Mind Medicine Inc, qui travaille sur des remèdes d’inspiration psychédélique.

Malgré les espoirs que la psychiatrie peut fonder sur de tels travaux, les législations et les mentalités à travers le monde entravent encore la potentielle mise sur le marché de médicaments inspirés de substances hallucinogènes. Pourtant, en 2015 déjà, la très réputée revue médicale britannique The Lancet soulignait que les substances comme le LSD étaient sans dangers physiologiques et très faiblement addictives. Et la revue de rappeler que des dizaines de milliers de personnes souffrant de troubles psy avaient été soignées efficacement, dans les années 1950 et 1960, avant que le LSD ne soit diabolisé, dans le sillage des frasques du psychologue en costume-cravate de Harvard, Timothy Leary, qui avait annoncé une révolution et donné du LSD à ses étudiants.

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