Des eurodéputés chassent le Nutri-Score dans un supermarché pour le rendre obligatoire

Le Vif

Des eurodéputés qui chassent le label alimentaire « Nutri-Score » dans un supermarché comme on chasse des papillons? La scène, à l’initiative de Michèle Rivasi, députée du Parlement européen (Groupe des Verts/ALE), a de quoi surprendre jeudi matin, place du Luxembourg à Bruxelles.

Plusieurs élus écologistes ont délaissé l’hémicycle le temps d’une partie endiablée d’étiquetage dans les rayons pour encourager les entreprises réticentes à adopter cet indice nutritionnel simplifié, et tout un chacun à signer l’Initative citoyenne européenne (ICE) visant à le rendre obligatoire en Europe.

Fin mai, sept associations de consommateurs européens, parmi lesquelles Test Achats, lançaient une pétition pour demander à la Commission européenne de rendre obligatoire le Nutri-Score, un système d’étiquetage basé sur cinq lettres (A, B,C, D,E) et un code couleurs, du vert au rouge, selon la qualité nutritionnelle de l’aliment. Il a été adopté de manière non contraignante en Belgique depuis le mois d’avril, et avant cela en Espagne en novembre 2018 et en France à l’automne 2017. L’Allemagne a également annoncé en septembre dernier son intention d’introduire le Nutri-Score.

Les eurodéputés verts, parmi lesquels le Belge Philippe Lamberts, appellent donc à signer cette ICE, afin que tous les industriels s’y plient dans chaque État membre. Un peu plus de 76.200 personnes ont apporté leur soutien à l’initiative, sur le million de signatures requises pour que l’exécutif européen se positionne.

« Ce n’est pas un bon score dans l’absolu mais on remarque un beau taux de réponses de la part des consommateurs qui y sont confrontés, au contraire des pays où le Nutri-Score est absent », souligne la directrice du bureau européen des Unions de consommateurs, Monique Goyens. Actuellement, le Nutri-Score reste facultatif.

15 à 20% des procuits étiquetés

« Il n’y a que 15 à 20% des produits qui sont étiquetés avec le Nutri-Score », déplore Michèle Rivasi. Facilement reconnaissable « au contraire des petits caractères presqu’illisibles au dos des produits », il permet « un choix éclairé du public, répond à un problème de santé publique et oblige les industriels à élaborer des recettes avec moins de sel, de sucre, de gras et de calories », argumente l’eurodéputée française.

« Le Nutri-Score améliore la qualité du panier nutritionnel des ménages plus vulnérables socialement, ce qui en fait un outil intéressant mais qui n’a de sens que si toutes (les firmes) s’y mettent », embraye Julie Frère, porte-parole de Test Achats. Le nombre d’Européens en surpoids ou obèses, et qui courent donc un plus grand risque de développer des maladies cardiovasculaires ou un diabète, est en augmentation, pointent les Verts.

« Beaucoup d’aliments, en particulier transformés comme les céréales de petit-déjeuner ou les plats préparés, comportent des additifs qui sont toxiques », rappelle Philippe Lamberts. Or, « les gens n’ont pas toujours conscience que certains produits, qu’ils pensent être sains, ne le sont pas », complète Mme Goyens, qui prend l’exemple du saumon fumé, estampillé « D » pour sa teneur en sel trop élevée (contre « A » pour le saumon frais).

Le Nutri-Score est calculé par un algorithme, créé par des chercheurs indépendants, qui tient compte des éléments à limiter (calories, graisses saturées, sucres, sel) et des nutriments à privilégier (fibres, protéines, noix, fruits, légumes). Une mise à jour de cet algorithme est prévue en 2021 pour tenir compte d’éventuelles nouvelles connaissances scientifiques. Depuis 2016, la déclaration nutritionnelle doit figurer sur la face arrière de tous les aliments et boissons non alcoolisées vendus dans l’Union européenne. Avec le Nutri-Score, les eurodéputés verts et les associations de consommateurs plaident donc pour une uniformisation de cette information, visible sur la face avant du produit.

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