Test détecteur radon gaz
Le radon est un gaz insipide, inodore et incolore qui peut s’infiltrer dans les habitations. Il représente la deuxième cause de cancer du poumon en Belgique. © Getty Images

Début de la campagne de détection du radon en Belgique: voici les communes les plus à risque (carte)

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Gaz radioactif et cancérigène, le radon fait l’objet d’une attention particulière en ce mois d’octobre. Une nouvelle campagne de mesure du radon démarre en Belgique, durant laquelle les citoyens sont invités à placer un détecteur chez eux, pour analyse. En mettant l’accent sur certaines régions du pays.

Insipide, inodore et incolore, le radon sait se faire discret pour pénétrer dans les bâtiments. Issu de la désintégration de l’uranium présent dans le sol et les roches, ce gaz s’infiltre par les fissures, les caves, les vides sanitaires ou les canalisations. Il représente la substance cancérogène la plus dangereuse dans les habitations en Belgique, et est responsable d’environ 40% de l’irradiation subie par la population.

Lorsqu’il est inhalé, le radon se fixe sur les poumons, provoquant des risques pour la santé sur le long terme. Il constitue la deuxième cause de cancer du poumon en Belgique, après le tabac. Environ 7% des cas de cancers pulmonaires seraient liés à l’exposition au radon, selon le site de l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN). Ce risque est encore accru chez les fumeurs, le tabac constituant un facteur aggravant.

«Le risque d’inhalation est particulièrement élevé en cette période, alors que la population se calfeutre pour rester au chaud et ventile moins, détaille Mélanie Boulanger, porte-parole de l’AFCN. L’aération est pourtant l’une des premières mesures pour diminuer l’exposition. A l’air libre, le radon est très vite dilué.»

La carte des zones à risque pour le radon en Belgique

Chaque année, l’agence publie une carte des zones les plus exposées au radon. Celle-ci se base sur les relevés effectués par la population via le placement de détecteurs à l’intérieur des habitations. Pour quinze euros, analyse et diagnostic compris, ce petit boîtier permet de mesurer le niveau de radon. Il peut être commandé, du 1er octobre jusqu’au 31 décembre, sur le site Internet de la campagne Action Radon. Il doit être placé durant trois mois dans la pièce la plus fréquentée de la maison, avant d’être renvoyé pour analyse. Les participants recevront ensuite un bilan personnalisé, accompagné de recommandations.

Les taux de radon peuvent varier très fortement d’une maison à une autre, rappelle l’AFCN. Elle recommande donc de faire le test à domicile, même si un voisin l’a déjà réalisé ou si la zone paraît sûre. «On encourage tous les citoyens à participer, car c’est la seule manière efficace de détecter ce gaz. Nous avons déjà une assez bonne vue sur les zones à risque, grâce à l’ensemble des mesures effectuées année après année. Mais pour lever tout doute et envisager des actions, un test reste indispensable», insiste Mélanie Boulanger.

La Wallonie plus touchée, à cause de son sol

L’an dernier, plus de 3.600 participants ont mesuré le taux de radon à domicile grâce à cette campagne. L’immense majorité des tests ont été réalisés en Wallonie (3 441), avec un pic en province du Luxembourg qui représente un tiers du total.

Un résultat peu surprenant au vu de la carte publiée. Les provinces de Liège et du Luxembourg figurent parmi les plus exposées, tout comme certaines parties du Brabant wallon et de Namur. En raison de la nature du sous-sol, le sud du pays est davantage touché que le nord. Les zones rouges correspondent à l’Ardenne, plus rocheuse, où les couches meubles du sol sont minces, ce qui rapproche les roches contenant du radon de la surface.

Quand et comment agir contre le radon?

La concentration de radon dans l’air se mesure en becquerel par mètre cube. Le seuil à partir duquel il est recommandé d’agir se situe à 300 Bq/m³. Dans les zones à risque, 5 à 10% des maisons dépassent ce niveau de référence. Parmi les mesures effectuées l’an dernier, 3% se situaient même à plus de 600 Bq/m³.

«Outre tout l’aspect lié à la ventilation, il est également possible d’ajouter un pare-radon, une barrière étanche placée à la jonction entre le sol et le bâtiment, pour bloquer ce gaz à l’extérieur. Les solutions de type « purificateurs d’air » sont inefficaces: étant un gaz noble, le radon n’est pas absorbé par les filtres. Si besoin, en cas de forte exposition et si les mesures préventives n’ont pas suffisamment d’effet, nous pouvons envoyer un expert. Dans les zones à risque, le radon est désormais pris en compte dès la construction. Des formations spécifiques sont d’ailleurs proposées aux architectes», ajoute la porte-parole.

En Wallonie, le code d’aménagement du territoire prévoit que, dans les communes de classe 2, celles où plus de 5% des habitations dépassent le niveau de référence de 300 Bq/m³, l’architecte doit décrire comment le bâtiment sera protégé contre le radon.

Une manière de prévenir le problème en amont, même s’il n’est jamais trop tard pour entreprendre des actions contre le radon dans de plus vieux bâtiments. L’AFCN publie à ce propos plusieurs brochures et tient à jour un site Internet répondant à la plupart des questions sur cette problématique.

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