Enfants obèses
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De plus en plus d’enfants obèses, et la Belgique n’est pas épargnée: «Une inversion historique»

C’est historique. Selon les données de l’Unicef, les enfants obèses sont désormais plus nombreux que ceux en insuffisance pondérale. Si ce n’est pas encore le cas en Belgique, le taux d’obésité chez les jeunes a tout de même augmenté sur ces 20 dernières années.

Le taux d’obésité chez les enfants de 5 à 19 ans est désormais supérieur à celui d’enfants en insuffisance pondérale, selon des données recueillies par l’Unicef auprès de 190 pays. La proportion d’enfants en insuffisance pondérale est passée de 13% en 2000 à 9,2% en 2022, tandis que l’obésité a triplé, atteignant 9,4%, précise le Fonds des Nations unies pour l’enfance, qui évoque « une inversion historique ».

« Pour la première fois, l’obésité est devenue la forme de malnutrition (dénutrition, surpoids ou obésité) la plus répandue dans le monde, touchant 188 millions d’enfants et d’adolescents en âge d’être scolarisés, soit 1 sur 10″, relève l’Unicef.

La situation diffère d’une région à l’autre de la planète. Ainsi, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud ne suivent pas cette tendance. Par contre, des petites nations insulaires du Pacifique, récemment inondées d’aliments importés, bon marché et très caloriques, au détriment des régimes alimentaires traditionnels, voient leurs jeunes enfler. Nioué enregistre un taux d’obésité de 38%, les Îles Cook, de 37% et Nauru de 33%. Ces chiffres ont doublé depuis l’an 2000. Les pays riches n’échappent pas au phénomène, puisque les Etats-Unis et les Emirats arabes unis présentent un taux de 21%.

Plus d’enfants obèses qu’il y a 20 ans

Par rapport à il y a une vingtaine d’années, la jeunesse belge ne semble pas avoir pris trop de poids, mais elle affichait déjà un taux de surpoids de 21%, qui est resté stable en 2022. L’obésité, elle, a légèrement progressé, passant de 6 à 7% sur la même période. La proportion d’enfants belges en insuffisance pondérale est de 2%.

Les conséquences de cette obésité galopante peuvent être désastreuses puisqu’elle entraîne un risque plus élevé de développer de l’hypertension, ainsi que de contracter des maladies potentiellement mortelles. « Sans action, les conséquences économiques pourraient atteindre plus de 4 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale d’ici 2035″, calcule l’organisation.

Diable de marketing

L’Unicef pointe deux causes pour expliquer cette progression mondiale de l’obésité infantile: l’exposition des jeunes au marketing alimentaire et la prolifération des aliments ultra-transformés. Selon une enquête menée en 2024 auprès de 64.000 jeunes, âgés de 13 à 24 ans dans plus de 170 pays, 60% d’entre eux reconnaissent que les publicités pour des produits sucrés ou gras, qu’ils voient sur une base très régulière, influencent leur consommation. Même dans les zones de conflit, 68% des jeunes se disent exposés à ce type de marketing.

« Les aliments ultra-transformés remplacent les fruits, les légumes et les protéines à une période cruciale de la croissance des jeunes », déplore Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef. » Riches en sucres, sel et matières grasses, ils sont conçus pour séduire par leur goût, leur praticité et leur marketing agressif.

L’organisation onusienne recommande notamment d’interdire les produits ultra-transformés dans les écoles, comme cela se fait déjà dans les écoles publiques au Mexique, et de réglementer l’étiquetage, le marketing et la fiscalité des produits alimentaires.

Dans ce rapport intitulé « Alimenter les profits: Comment les environnements alimentaires compromettent l’avenir des enfants« , les seuils de surpoids, d’obésité et de maigreur sont définis selon l’indice de masse corporelle (IMC).

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