Comment reprendre le rythme après un congé sabbatique?

Comment se remotiver et reprendre avec passion le fil du quotidien après un merveilleux congé sabbatique? L’été dernier, Lieve Swinnen a fait une pause dans sa carrière de spécialiste en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent le temps d’un pèlerinage à Compostelle. Elle témoigne.

Marcher, manger, dormir et recommencer. Pouvoir plutôt que toujours devoir. Oublier pendant deux mois le stress, les responsabilités, les coups de fil, les délais à tenir. « C’était le bonheur! » Lieve Swinnen a encore le regard qui s’illumine à l’évocation de son voyage à Saint-Jacques de Compostelle. À l’heure d’écrire ces lignes, la pédopsychiatre est rentrée depuis un mois et a recommencé à travailler dans son cabinet de Pelt, en province de Limbourg… et elle avoue sans hésiter que reprendre le fil du quotidien n’a pas été facile.

Désemparée

« L’accueil chaleureux de mes collègues à mon retour a été très important, souligne-t-elle d’emblée. Le contraste entre la vie simple et paisible des pèlerins et le stress et la complexité du quotidien était si marqué que, dans un premier temps, je me suis sentie complètement désemparée. En fait, je n’avais qu’une envie: retrouver cette vie idyllique. Je pensais surtout à ce qui me manquait, à tout ce qui m’avait tant plu au cours de mon périple et qui semblait s’être évaporé au retour au pays. C’était comme vivre un deuil: on n’arrive pas à se détacher des pensées négatives. »

Mais pour apprivoiser ce chagrin, il ne faut pas lâcher ce qui nous était si cher, mais apprendre à s’y raccrocher autrement. « Heureusement, j’ai progressivement pris conscience que les expériences si précieuses de mon pèlerinage n’étaient pas irrémédiablement perdues. Il fallait simplement que je trouve un moyen de les préserver en les intégrant d’une manière ou d’une autre à ma vie de tous les jours. »

Comment reprendre le rythme après un congé sabbatique?

Des étoiles dans les yeux

Mais pas facile de mettre cette bonne intention en pratique. Face à un coup de blues, on a tendance à vivre et à travailler en pilote automatique et à ne faire que le minimum. « Or il faudrait justement reprendre aussi les activités dont on sait qu’elles nous apportent du plaisir et de l’énergie, souligne la psychiatre. Pour moi, c’est le fait de travailler avec des enfants et, au niveau privé, de me promener et d’écrire. Nous avons tous des activités qui nous mettent des étoiles dans les yeux, parce que nous aimons les faire et que, généralement, nous les faisons bien. Ce sont nos atouts, nos points forts. J’ai eu l’occasion de découvrir par moi-même combien il est utile de prendre consciemment du temps pour ces activités, en particulier quand on a un coup de mou, et de s’y investir pleinement même si la motivation n’est pas immédiatement au rendez-vous. Les belles expériences personnelles et relationnelles suivront et viendront rebooster votre satisfaction et votre bien-être… mais aussi vous donner la résilience nécessaire pour affronter les difficultés et tracas du quotidien. »

J’essaie de transposer le plus possible tout ce que mon pèlerinage m’a apporté de positif. »

Lieve Swinnen, pèlerine et psychiatre

Pérenniser les bienfaits

Pour conserver ce regain d’énergie, il faut évidemment aussi continuer à investir dans ce qui alimente cette résilience. « Pour moi, cela signifie aussi transposer le plus possible tout ce que mon pèlerinage m’a apporté de positif, souligne Lieve Swinnen. Là encore, écrire m’aide beaucoup: je peux ainsi mieux retenir mes impressions et plus longtemps, mais aussi clarifier certaines choses. J’en avais déjà fait l’expérience au moment même et, aujourd’hui encore, l’écriture m’aide par exemple à me rappeler que je peux vivre ma vie de manière plus consciente. Je peux renforcer les liens avec ceux qui me sont chers afin de continuer ces beaux échanges pour lesquels j’avais tout le temps durant mon voyage. Je veux toutefois aussi pérenniser certaines choses que j’ai apprises en marchant vers Compostelle, comme ma capacité à me débrouiller – moi qui n’avais encore jamais planifié un voyage toute seule et qui n’avais jamais osé entreprendre certaines choses par crainte d’avoir le mal du pays. »

La spécialiste veut donc prendre la plume pour coucher sur papier ces réflexions et bien d’autres encore, afin de les partager en ligne et ailleurs comme elle l’avait déjà fait avec son carnet de route. « Pour, peut-être, apporter quelque chose aux autres, mais aussi pour savoir quelles émotions cela éveille en eux. Je trouve cela extrêmement précieux… car au fond, c’est bien ce qui compte dans la vie, non? N’avons-nous pas tous besoin, au-delà du train-train quotidien, de faire quelque chose qui compte pour nous et pour les autres? »

Un article d’An Swerts.

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