Coeur: le « mauvais » cholestérol pas assez réduit chez la moité des patients sous statines

Le Vif

La moitié des patients auxquels on a prescrit des statines à titre préventif pour faire baisser leur « mauvais » cholestérol sanguin n’atteignent pas le niveau « sain » souhaité deux ans après leur mise sous traitement, selon une étude parue mardi.

La prescription de médicaments appelés statines pour abaisser le « mauvais » cholestérol, le LDL (ou C-LDL), chez les patients qui ont déjà fait un infarctus cardiaque ne fait guère de débat dans le cadre d’une prévention dite secondaire. Leur place en prévention primaire chez des individus indemnes d’AVC ou de problèmes cardiaques (angine de poitrine, infarctus), reste en revanche discutée. Pour autant, des recommandations existent pour les prescrire en prévention primaire chez les personnes à risque (tabagisme, hypertension artérielle, surpoids, diabète, LDL élevé, âge…), avec des nuances selon les pays, soulignent les auteurs de cette étude britannique.

Selon ces travaux, parus dans la revue de cardiologie Heart, 84.609 patients (soit 51,2%), âgés en moyenne de 62 ans, n’ont pas atteint l’objectif recommandé de réduction de 40% après avoir débuté ce traitement anti-cholestérol deux ans auparavant. 48,6% de ces patients sans antécédents d’accidents cardiovasculaires étaient des femmes. Tous avaient commencé leur traitement entre 1990 et 2016. Les patients qui n’ont pas réussi à atteindre l’objectif d’une réduction de 40% au bout de deux ans auraient 22% plus de risque de développer une maladie cardiovasculaire que ceux qui l’avaient atteint, d’après l’équipe du Dr Stephen Weng (Université de Nottingham).

L’incapacité à suivre le traitement prescrit et des variations génétiques peuvent expliquer certaines de ces différences de réponse aux statines, suggèrent les auteurs. Toutefois l’étude ne permet pas d’établir la cause, c’est-à-dire d’affirmer pourquoi certains patients répondent au traitement et d’autres non. Ces différences de résultats notées entre les patients pourraient être dues à des différences de risques cardiovasculaires, plus ou moins élevés au départ, remarque le professeur émérite de statistiques Kevin McConway à l’Open University. Il relève également que les auteurs « ne disposaient de données sur le tabagisme (facteur majeur de risque, ndlr) que pour 4% des personnes étudiées et de données sur l’indice de masse corporelle pour seulement 55% » (pour le surpoids, ndlr).

Dans un éditorial de Heart, Marcio Bittencourt de l’hôpital universitaire de Sao Paulo juge « clairement alarmants » ces résultats thérapeutiques insuffisants. Les statines réduisent considérablement le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral chez un pourcentage élevé de patients à risque, souligne-t-il, en ajoutant que « la propagande anti-statines basée sur la pseudoscience devrait être fortement désavouée ».

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