cancer de l'ovaire
cancer de l'ovaire © Getty

Cancer de l’ovaire, le « tueur silencieux »: quels sont les signes d’alarme?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Surnommé le « tueur silencieux », le cancer de l’ovaire est souvent détecté à un stade avancé, car les symptômes apparaissent généralement tardivement. Cependant, ces dernières années, la recherche a vraiment accéléré, déclare Sevilay Altintas, professeure spécialisée en oncologie gynécologique à l’hôpital universitaire d’Anvers.

Relativement rare, le cancer de l’ovaire touche 800 femmes par an en Belgique. Il présente toutefois un taux de mortalité assez élevé, notamment en raison de l’absence de méthode de dépistage efficace, et de symptômes clairs. « Le cancer provoque des symptômes vagues tels que des douleurs abdominales et  des ballonnements sans que l’on se soit soudain mis à manger plus », explique Sevilay Altintas.

Quels sont les signaux d’alerte?

Sevilay Altintas: Le cancer de l’ovaire survient à un âge avancé, sauf s’il s’agit d’une forme héréditaire. L’âge moyen en Belgique est d’environ 68 ans. Les femmes plus âgées qui souffrent de douleurs abdominales persistantes et de ballonnements alors qu’elles n’ont pas changé de mode de vie devraient se demander si ces symptômes ne viennent pas des ovaires.

On l’appelle aussi le tueur silencieux. Le cancer de l’ovaire concerne deux organes identiques flottants situés dans la cavité abdominale, où ils disposent de beaucoup d’espace. Comme elles ont de la place, les tumeurs peuvent continuer à se développer pendant une longue période sans  que la patiente soit incommodée. Dans deux cas sur trois, ce cancer est découvert assez tard, au stade 3 ou 4.

Quelles sont les chances de survie ?

Sevilay Altintas : Dans le cas d’un cancer de l’ovaire de stade 4, la survie à cinq ans est inférieure à 20 %. Elle est d’environ 50 à 55 % chez les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire de stade 3. C’est un cancer relativement rare, mais les personnes qui présentent une mutation du gène BRCA 1 ou BRCA 2 ont une probabilité élevée de développer un cancer du sein ou de l’ovaire au cours de leur vie, entre 10 et 45 % pour le cancer de l’ovaire et entre 60 et 80 % pour le cancer du sein. Nous conseillons aux femmes qui comptent beaucoup de cas de cancer de l’ovaire et/ou du sein dans leur famille de consulter un médecin à titre préventif.

Est-il possible de diminuer le risque?

Sevilay Altintas: Hormis la connaissance des facteurs familiaux ou génétiques, il n’y a pas grand-chose à faire pour éviter ce cancer. Il n’existe malheureusement pas de méthode de dépistage. Bien entendu, il faut adopter un mode de vie sain: il est très important de manger sainement, et de faire beaucoup d’exercice, mais c’est valable pour tous les cancers.

Le risque de cancer de l’ovaire diminue également à chaque enfant, car le nombre d’ovulations constitue un facteur de risque. Plus il y a d’ovulations, plus le risque de cancer est élevé. Plus une femme a d’enfants, plus elle a des périodes sans ovulation – surtout si elle a également allaité, car l’allaitement empêche l’ovulation. Ces longues périodes sans ovulation sont positives, mais ne signifient pas qu’une personne ayant beaucoup d’enfants n’est pas exposée au risque de cancer de l’ovaire.

Une fois la maladie diagnostiquée, comment mettre toutes les chances de son côté ?

Sevilay Altintas: Tout d’abord, le pronostic de la maladie dépend en grande partie de l’intervention chirurgicale. Celle-ci doit être pratiquée par une personne qui possède l’expertise nécessaire pour effectuer ce type de chirurgie. Un chirurgien doit effectuer au moins 25 opérations par an pour se considérer comme un expert dans ce domaine.

Les patientes confrontées à la maladie ont intérêt à se rendre dans un centre d’expertise, et à demander un deuxième avis. Il y a toujours de nouvelles études en cours et de nouveaux médicaments en développement. La science ne s’arrête jamais. Les inhibiteurs de PARP (NDLR: un traitement administré aux patientes atteintes de la forme génétique du cancer de l’ovaire), par exemple, sont une évolution des 10 à 15 dernières années. C’était impensable il y a 15 ans. La plupart des gens mouraient beaucoup plus vite. Ces dernières années, la recherche s’est vraiment accélérée.

Quelle est la part de cas génétiques ?

Sevilay Altintas: Seuls 10 à 15 % des cancers de l’ovaire sont véritablement génétiques. Ce n’est pas énorme, mais dans le cas du cancer du sein, ce pourcentage n’est que de 5 %. Beaucoup de gens pensent que tous ces cancers sont génétiques. Il s’agit du même gène pour le cancer du sein et le cancer de l’ovaire: le gène BRCA1 et 2. Les personnes qui ont beaucoup de cas de cancers de l’ovaire et/ou du sein dans leur famille devraient vérifier ce gène. Si la patiente n’a pas de désir de grossesse, il est possible de retirer les ovaires et de ligaturer les trompes de Fallope à titre préventif, et de réduire considérablement le risque, voire de le réduire à zéro. Le cancer de l’ovaire peut se développer non seulement dans les ovaires, mais aussi dans les trompes de Fallope et même dans l’utérus. Bien sûr, cela ne veut pas dire que tout le monde doit se rendre chez le gynécologue, mais si la patiente est opérée pour une autre raison, elle peut se faire ligaturer les trompes de Fallope en même temps.

En quoi consiste le traitement ?

Sevilay Altintas: En cas de diagnostic de cancer de l’ovaire, nous prévoyons une chirurgie exploratoire qui permettra de voir où se trouve la masse et à quel point le cancer a progressé. Si le cancer s’est propagé, nous commencerons une chimiothérapie immédiatement, avant l’opération. L’opération est suivie d’une autre chimiothérapie. Pour les personnes porteuses de la mutation du gène BRCA, il existe d’excellents médicaments qui guérissent les patients après la chimiothérapie et la chirurgie, parfois même à vie.

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