opération dos
Le mal de dos est courant après une opération chirurgicale. Dans ce cas-là aussi, le mouvement est le meilleur allié pour une revalidation rapide. © GETTY

Pourquoi, malgré la douleur, l’exercice est essentiel après une opération du dos

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Après une intervention chirurgicale, il est fréquent que les patients ressentent des douleurs lombaires. Le Dr. Liedewij Bogaert, du département de médecine physique et de réadaptation de l’UZ Leuven, concentre ses recherches sur la rééducation post-opératoire.

Quel type de douleur peuvent ressentir les patients après une opération?

Précisons d’abord les cas qui justifient une opération. Chez les patients subissant une chirurgie lombaire, la douleur persistante dans la jambe due à une compression nerveuse est une indication bien connue et fondée sur des preuves, comme le confirment les recommandations nationales comme celles émises par le KCE, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé. En revanche, une chirurgie pour une douleur lombaire isolée, sans irradiation vers les jambes, reste controversée. Dans la plupart de ces cas, l’intervention n’est pas recommandée.

Cela étant dit, de nombreux patients opérés pour une douleur à la jambe signalent également une douleur lombaire préexistante. Ce type de douleur dorsale tend généralement à s’améliorer progressivement au cours de la première année postopératoire, mais une gêne résiduelle peut persister. Cette douleur dorsale résiduelle est typiquement d’origine multifactorielle. En phase postopératoire précoce, la douleur est souvent liée à la cicatrisation. Plus tard, la douleur persistante peut être liée à un déconditionnement musculaire, à une douleur émanant d’autres structures vertébrales non traitées lors de l’intervention, mais aussi à des facteurs psychosociaux, comme la peur du mouvement. Bien que les complications –dues à une infection ou à une défaillance du matériel, par exemple– soient plutôt rares, elles peuvent aussi être une source de douleur postopératoire.

A partir de quand estime-t-on que la douleur est persistante?

Pour la plupart des patients, la douleur s’améliore régulièrement au cours des premières semaines ou mois après l’intervention. Une douleur temporaire juste après l’opération est courante et peut être intense. La chirurgie de fusion lombaire a été classée comme la deuxième plus douloureuse dans une étude en Allemagne, tandis que la laminectomie (NDLR: qui consiste à élargir le canal rachidien pour soulager la pression sur la moelle épinière ou les nerfs) et la décompression vertébrale étaient moins bien classées. Cette douleur temporaire fait généralement partie du processus normal de récupération. Cependant, chez un sous-groupe de patients, la douleur peut persister. Dans la chirurgie de fusion lombaire, jusqu’à 40% des patients ressentent une douleur persistante. Plusieurs causes peuvent expliquer cela, mais notre hypothèse est que c’est en grande partie lié à une rééducation absente ou inadéquate.

«Notre philosophie est d’aider les patients à retrouver confiance, à les impliquer comme partenaires actifs de leur rééducation.»

Est-il possible de réduire ou d’éliminer la douleur postopératoire?

Dans la période postopératoire immédiate, des antalgiques sont nécessaires. Cependant, une gestion efficace de la douleur après une opération va au-delà des médicaments. Une combinaison d’éducation, d’activité physique précoce et encadrée, ainsi qu’une communication claire et uniforme de la part de l’équipe soignante peut aider à réduire la douleur, ainsi que la peur du mouvement et le handicap. Dans certains cas, une thérapie cognitivo-comportementale peut aider à gérer la peur du mouvement ou les comportements liés à la douleur chronique. L’éducation du patient est essentielle pour fixer des attentes réalistes.

Dans une étude que nous avons réalisée, l’efficacité d’un parcours de réadaptation intégré et personnalisé pour la chirurgie de fusion lombaire a été analysée. Nous avons observé que les patients ayant suivi ce parcours de rééducation présentaient une amélioration plus importante de la douleur au cours de la première année postopératoire, ainsi qu’une amélioration plus significative du handicap et une diminution de la peur du mouvement.

Il est probable que pour d’autres types de chirurgie lombaire, comme la discectomie ou la décompression, l’optimisation de la rééducation pourrait également permettre de réduire la douleur, ce que nous allons explorer dans une autre étude financée par le KCE.

Est-il recommandé, comme pour les autres douleurs lombaires, de rester actif et de faire de l’exercice après une opération?

Absolument. Il est généralement conseillé aux patients de reprendre une activité légère dès que possible. Un mouvement progressif, la marche et des exercices adaptés à la condition de chaque individu aident à réduire la douleur et le handicap. Notre philosophie est d’aider les patients à retrouver confiance, à les impliquer comme partenaires actifs de leur rééducation, à introduire l’activité et les séances de kinésithérapie dès que possible, et à réduire la peur du mouvement en évitant des restrictions non fondées.

Entretien: L.P.

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