Même lorsque les baigneurs ont pied, ils peuvent être emportés par les courants d’arrachement, un violent ressac qui peut se produire en de très nombreux endroits. © BELGA

Noyades sur la côte belge: comment les courants piègent les nageurs

De violents courants maritimes, dits d’arrachement, emportent régulièrement des baigneurs loin vers le large. Un fléau qui n’épargne pas la côte belge et contre lequel les secouristes ne cessent de lutter.

Après une nuit de recherche, un homme signalé disparu en mer dimanche à Ostende a été retrouvé, sain et sauf. La ville portuaire n’a donc pas dû déplorer un nouveau drame après le décès début août d’un jeune homme emporté au large par les courants dans cette même commune.

Chaque année, en moyenne, près de 400 interventions de sauvetage en mer sont menées sur la côte belge, d’après le Service intercommunal de sauvetage côtier de Flandre Occidentale (IKWV). Selon l’Institut flamand de la Mer, jusqu’à cinq individus trouvent la mort par an, souvent dans des zones non surveillées. Mais certains nageurs peuvent se retrouver pris au piège de courants très dangereux: ceux d’arrachement.

Un ressac atteignant jusqu’à 9 km/h

Les courants d’arrachement s’apparentent à un couloir où l’eau se précipite vers le large à grande vitesse. «Ce ressac, pratiquement invisible à la surface, est si fort qu’il emporte les baigneurs se tenant sur un banc de sable», explique An Beun, directrice de l’IKWV. C’est ce qui s’est passé à Ostende début août, où la victime a été emportée par une vague dans des profondeurs où elle n’avait plus pied. La mer semblait pourtant calme, et le drapeau rouge n’était pas hissé.

«Une fois entraîné, il est pratiquement impossible de s’échapper», ajoute An Beun. Pour cause: la vitesse peut atteindre jusqu’à 9 km/h. A titre de comparaison, même un champion olympique de natation ne peut être aussi rapide. Ceux qui tenteraient de nager à contre-courant s’épuiseraient inutilement. «Les personnes paniquent, mais il ne leur reste plus qu’à se laisser emporter jusqu’à ce que ça se calme», suggère la directrice de l’IKWV. Une fois l’accalmie arrivée, deux solutions. Soit faire du surplace en attendant les secours, soit se décaler du courant d’arrachement pour rejoindre ceux qui, de part et d’autre, se dirigent au contraire vers la plage, en parallèle, afin de faire une «boucle» pour revenir vers le rivage.

Des lieux à éviter

Pour ne pas subir ces mésaventures, ces courants d’arrachement sont absolument à éviter, mais encore faut-il savoir les repérer. Leur formation dépend de la configuration du bord de mer à tel ou tel moment (bancs de sable formés sur la plage, grandes marées, etc.). D’après l’Institut flamand de la mer, la force et la direction du vent figurent parmi les éléments qui ont le plus d’importance. Les rafales venant de l’est sont particulièrement dangereuses à cet égard. Autre élément favorisant leur apparition: la présence de brise-lames, près desquels il vaut donc mieux ne pas se baigner.

«Une surface d’eau imperceptiblement calme peut être un signe d’avertissement, car elle pourrait signifier qu’il y a un fort courant vers la mer sous l’eau», note l’Institut flamand de la Mer. «Il existe des endroits plus sûrs sur la côte belge, mais malheureusement, cela peut se produire n’importe où», constate An Beun.

Pour la directrice de l’IKWV, la victime d’Ostende était présente au mauvais endroit au mauvais moment. «Mais il faut aussi noter qu’Ostende est une ville où les touristes arrivent en grand nombre en train. Souvent, ils croient savoir bien nager, mais ce n’est pas toujours le cas», se désole-t-elle. Ils prennent trop de risques et parfois, le drame se produit. C’était aussi le cas à Ostende en 2021, où un Bruxellois de 16 ans est décédé à cause de ce type de courant, dans une zone pourtant surveillée.

Ne pas commettre d’imprudences

Selon l’Institut flamand de la mer, les efforts de l’IKWV pour éviter cette issue tragique portent pourtant leurs fruits. Avant sa création en 1982, la Belgique avait comptabilisé plus de 160 noyades entre 1960 et 1979, soit une moyenne de 8,4 morts par an à l’époque. Depuis, le service intercommunal a entrepris de grands efforts de sensibilisation du public, notamment côté flamand. «Mais il nous est difficile d’atteindre toujours les bonnes personnes. Il faut notamment que les francophones soient plus informés de ces dangers, pour savoir où il faut nager ou pas», explique An Beun.

Si le drapeau jaune est hissé, c’est déjà que la baignade est dangereuse. Quant au drapeau rouge, il signifie que la baignade est tout simplement interdite. Dans tous les cas, la directrice de l’IKWV recommande de ne pas aller nager loin en mer. «Il ne faut jamais oublier c’est un milieu dangereux», conclut-elle.

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