Le MR veut responsabiliser les usagers de trottinettes électriques (privées et partagées). © BELGA/BELPRESS

Imposer des plaques d’immatriculation sur les trottinettes électriques: l’idée du MR qui divise

Sylvain Anciaux

Le MR propose d’imposer des plaques d’immatriculation sur les trottinettes électriques et les vélos électriques en location. Au sein de l’Arizona, le sujet prend presque un tournant communautaire.

Les utilisateurs de trottinettes électriques devront-ils bientôt s’équiper d’une plaque d’immatriculation? Tel est en tout cas le souhait du MR, qui a déposé une proposition de loi allant en ce sens et dont le Parlement fédéral débat ce jeudi, avant son départ en vacances. Le sujet est clivant, tant la cohabitation sur les axes routiers des villes est parfois difficile entre automobilistes et trottinetistes, plus fluides mais moins visibles que des motards. Les vélos électriques en location (free floating) sont également concernés par le texte.

En 2024, 1.745 accidents impliquants une trottinette électrique ont été recensés sur le sol belge, une augmentation de 8% par rapport à 2023. «L’absence d’immatriculation de ces engins complique la traçabilité et la responsabilisation des conducteurs en cas d’accident ou d’infraction, notamment lors d’un délit de fuite», justifie le texte de loi dans son introduction. La responsabilisation est donc l’aspect principal du texte, mais pas uniquement. «Quand on examine les délits qui surviennent à Bruxelles, une bonne partie d’entre eux se passent à trottinette, illustre Vincent Scourneau (MR), auteur du texte. Je pense aux fusillades, aux petits délits et aux dealers qui font de nombreuses livraisons sur un moyen de locomotion qui ne permet pas la moindre identification.»

Pour Vias, l’immatriculation des trottinettes électriques n’est pas la priorité

Le projet est d’envergure, car il concerne également les trottinettes déjà en circulation sur le sol belge. L’immatriculation se ferait via une procédure standardisée en ligne, sur le site de la DIV. Un usager en infraction devrait s’acquitter d’une amende de 150 à 1.000 euros, voire le double en cas de récidive; tandis que la saisie temporaire de l’engin serait envisageable. «Ce n’est pas parce que l’on a une plaque d’immatriculation que l’on roule moins vite, juge pour sa part Benoît Godart, porte-parole de Vias, institut de la sécurité routière. De plus, il faudra voir s’il est techniquement possible de mettre une plaque d’immatriculation derrière une trottinette. Les vendeurs vont devoir s’adapter. Il existe déjà une forme de petite plaque d’immatriculation derrière celles en location, mais elles sont si petites que si un policier voulait verbaliser, il ne pourrait pas la déchiffrer depuis l’autre côté d’un carrefour.»

Mais selon l’expert, la priorité n’est pas là et les responsables politiques devraient se concentrer sur les mesures de sécurité. «60 à 70% des chutes en trottinettes électriques impactent la tête des usagers. Il faudrait également rendre le gilet fluo de nuit obligatoire, car les phares arrières de ces engins sont très bas et on ne les voit presque pas depuis les voitures.»

Les partis de l’Arizona divisés

«La proposition de loi du MR va dans la bonne direction, jugent pour leur part Les Engagés. La solution des plaques pour les trottinettes et les vélos, seule, n’est cependant pas suffisante. Nous insistons aussi sur les mesures de sécurité.» Leurs cousins du CD&V donnent leur faveur au projet du MR également. «Aujourd’hui, la police ne peut que poursuivre ces scooters, d’empêcher certains utilisateurs à y accéder, ou de les sanctionner. «Nous avons malheureusement vu ce que de telles manœuvres peuvent engendrer, alors que noter une plaque d’immatriculation et la faire correspondre à l’utilisateur est une solution plus sûre et plus efficace», signale Tine Gielis.

Mais le travail parlementaire de Vincent Scourneau se fera plutôt en néerlandais, puisque les partenaires flamands restent à convaincre. «La plaque d’immatriculation obligatoire pourrait décourager la mobilité douce –certainement pour les vélos– ce qui serait un problème, prévient Wouter Raskin (N-VA). Ce qui est clair, en revanche, c’est que la police doit faire respecter la loi. Elle doit être en mesure de contrôler la vitesse à l’aide d’un équipement approprié.» Même son de cloche, côté Vooruit, où l’on s’inquiète d’un abandon de la mobilité alternative. «Les mesures doivent être efficaces et ne pas décourager la mobilité partagée. La police doit également être en mesure de faire respecter la loi, expose Niels Tas. Je travaille également sur un projet de loi visant à réduire la vitesse maximale des trottinettes électriques de 25 à 20 kilomètres par heure. C’est dans l’intérêt de notre sécurité à tous»

«Je ne crois pas en l’argument d’atteinte à la mobilité, défend Vincent Scourneau. L’immatriculation est obligatoire également pour les voitures, et je n’ai pas vu leur nombre diminuer pour autant.» Un argument qu’il pourras ressortir à la rentrée parlementaire, lorsque le texte sera débattu en commission.

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