© Telraam

Hébergeriez-vous une caméra de trafic chez vous?

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Afin d’analyser au mieux la composition du trafic, l’administration wallonne installera 200 mini caméras aux fenêtres d’habitants candidats. Les données récoltées serviront à affiner les politiques de mobilité.

Habitant d’un premier ou un deuxième étage avec vue sur la chaussée? Résidant dans l’une des 32 communes urbaines wallonnes sélectionnées par le SPW Mobilité (1)? Alors vous pourriez être l’un des 200 candidats retenus pour aider les pouvoirs publics à récolter les données nécessaires sur l’évolution du trafic en Wallonie.

Le service public de Wallonie vient en effet d’acquérir –pour un prix qui n’a pas pu nous être précisé– 200 capteurs qui, fixés sur une fenêtre, permettent d’enregistrer, en temps réel, le trafic devant le bâtiment. Dix catégories d’usagers peuvent être distinguées par l’intelligence artificielle glissée dans ce boitier: piétons, pousseurs de landaus, cyclistes, motards, automobilistes, conducteurs de camionnettes et de 4 types de poids lourds. Leur vitesse de déplacement est également relevée. En revanche, aucune donnée individuelle ne sera captée au moyen de cet appareil, qui synthétisera son relevé de comptage toutes les quinze minutes.

Baptisés Telraam (du néerlandais «compter» et «fenêtre»), ce petit boitier de dix centimètres sur six et demi travaillera sans relâche pendant trois ans. Durant tout ce temps, les informations qu’il enregistrera seront consultables en temps réel par les habitants eux-mêmes et les pouvoirs publics sur le site https://telraam.be. Bruxelles s’est déjà équipée de 200 de ces petits appareils. Liège en a commandé 340 auprès de Telraam, une société fondée par deux organisations louvanistes: Transport & Mobility Leuven, un cabinet de conseil en ingénierie du trafic, et Mobiel 21, une ONG axée sur la participation citoyenne dans le domaine de la mobilité.

L’objectif est que les administrations régionales et communales, une fois en possession de ces données objectives, puissent ensuite adapter leurs politiques de mobilité, voire même innover. Elles sauront alors avec précision si les Wallons marchent davantage, s’ils enfourchent plus souvent leur vélo, si la vitesse moyenne des véhicules motorisés diminue et si la voiture cède un peu de place,  au coeur du trafic, aux autres modes de déplacement. Tout cela pour s’assurer que les plans de mobilité à l’oeuvre sont adéquats et efficaces. «Les premières tendances seront déjà dégagées après un an d’observations», précise la porte-parole du SPW Mobilité. En recrutant des candidats pour cette opération, les pouvoirs publics souhaitent aussi impliquer davantage les citoyens dans le débat sur la mobilité locale et dans la co-création de solutions pertinentes.

Intéressé(e)? Toutes les informations utiles, y compris la procédure pour se porter candidat, se trouvent ici. Les candidats, qui ne seront pas défrayés, devront compléter un formulaire en ligne et y télécharger une photo de la fenêtre sur laquelle ils proposent de coller le boitier Telraam. Ils doivent disposer d’une vue dégagée au premier ou au deuxième étage de leur habitation, éloignée d’un carrefour, sans arbre, poteau ou panneau publicitaire dans l’angle de vue. La distance entre la fenêtre et la rue ne doit pas dépasser quinze mètres tandis que le boitier doit être fixé à une hauteur de minimum trois mètres. Le champ de vision doit permettre d’observer également les piétons et les cyclistes. Une connexion 4G est nécessaire. Si l’emplacement proposé est validé, la candidature sera retenue et le boitier sera envoyé au domicile des volontaires.

Combler un vide

Actuellement, la Région wallonne ne dispose que de 79 compteurs cyclo-piétons récemment installés sur ses RAVeL et cyclostrades pour se faire une idée de la popularité de l’usage du vélo (données consultables sur le site cyclable.wallonie.be). «Les enquêtes « ménages » fournissent également des informations sur la mobilité des Wallons, précise-t-on au SPW Mobilité, tout comme les données liées au bornage des téléphones et aux systèmes de géolocalisation de véhicules que l’on trouve dans certaines voitures. L’idée est bien de multiplier les sources de données pour avoir une vue plus solide sur les habitudes de déplacements des usagers.» Les 200 boitiers qui s’ajouteront au réseau déjà en place permettront de disposer d’un monitoring complet et plus vaste sur l’évolution des modes de déplacement. Ces données seront précieuses pour assurer la mise en oeuvre des plans Wallonie piétonne et Wallonie cyclable 2030.

D’ici à 2030, en effet, les autorités wallonnes espèrent que les Wallons délaisseront quelque peu la voiture au profit de modes de déplacement plus doux et moins polluants, comme le vélo et la marche. L’objectif est de faire passer la part du vélo dans les déplacements de un à cinq pour cent dans les cinq ans à venir. Alors que 43% des Flamands se rendent au travail à vélo, seuls 2,6% font exclusivement de même en Wallonie, même si 11% des Wallons –400.000 personnes– y recourent parfois. Selon l’étude Monitor menée en 2019, 36% des déplacements de moins de deux kilomètres, en Wallonie, étaient alors réalisés en voiture, 79% pour des déplacements entre deux et dix kilomètres et 81% pour des déplacements supérieurs à dix kilomètres.

En matière de marche, l’objectif poursuivi au sud du pays est de faire passer la part de la marche dans les déplacements de trois à cinq pour cent d’ici à 2030.


(1) Ans, Beyne-Heusay, Boussu, Chapelle-lez-Herlaimont, Charleroi, Châtelet, Chaudfontaine, Colfontaine, Dison, Farciennes, Fléron, Frameries, Herstal, La Louvière, Liège, Manage, Mons, Morlanwelz, Mouscron, Namur, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Pepinster, Quaregnon, Rixensart, Saint-Nicolas, Sambreville, Seraing, Theux, Tubize, Verviers, Waterloo, Wavre. 

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