Station proposant du CNG. La Wallonie est en retard en raison d'une politique fiscale trop longtemps frileuse.

Rouler au gaz: moins cher et plus sain

Le Vif

Rouler au gaz n’a rien de nouveau. Le LPG (Liquified Petrol Gas) a été, durant des décennies, un carburant assez populaire dans notre pays car il est moins cher à la pompe que l’essence ou le diesel. Cet avantage financier est toujours d’actualité selon la CREG, la commission en charge de la régulation du marché de l’énergie. Cependant, le LPG a été entre-temps supplanté par le CNG (Compressed Natural Gas) offrant de plus nombreux avantages.

Avant tout, corrigeons un malentendu fréquent : rouler au gaz n’est pas rouler au gaz naturel. Le LPG (Liquified Petrol Gas) est un sous-produit issu du raffinage du pétrole. Il est composé d’un mélange comprimé de propane et de butane. Le CNG (Compressed Natural Gas) est quant à lui composé d’hydrocarbure et de méthane. C’est la variante comprimée du gaz naturel avec lequel nous cuisinons et chauffons nos maisons. Ce gaz réduit les émissions de gaz d’échappement nocifs, abaisse le niveau de dépendance par rapport au pétrole, simplifie l’utilisation des énergies renouvelables et est disponible en grandes quantités à échelle mondiale.

Contre la pollution atmosphérique

Afin de pouvoir utiliser, pour l’automobile, le gaz naturel composé de 85 à 95% de méthane, celui-ci doit être comprimé ou liquéfié. Le transport du gaz naturel et l’approvisionnement des 120 stations proposant du CNG dans notre pays s’effectuent via un réseau de transport et de distribution souterrain. Le CNG n’est donc pas transporté par la route dans des camions-citernes comme le LPG, l’essence ou le diesel. Le site www.gaznaturel.be permet de connaître l’implantation de toutes les stations en Wallonie et en Flandre. Depuis peu, un vent nouveau souffle cependant en Wallonie et, selon Didier Hendrickx, représentant de la fédération du gaz naturel, le sprint est désormais entamé pour rattraper un certain retard :  » Nous venons de loin, mais j’ai bon espoir que le monde politique prenne au sérieux nos attentes et apporte une réponse positive.  »

Le réseau des stations CNG est bien plus développé aux Pays-Bas, en Allemagne ou encore en Italie. S’il subsiste chez nous une réticence à rouler au gaz naturel, le CNG est considéré par nos voisins comme une arme adéquate pour lutter contre la pollution atmosphérique et une solution parfaitement valable pour remplacer les carburants fossiles comme l’essence ou le diesel.

Le gaz naturel rejette en effet 90% de NOx en moins, 77% de particules fines en moins et de 7 à 16% de CO2 en moins que le diesel ou l’essence. Une voiture roulant au CNG ne produisant pas de suies, elle n’a pas besoin de filtre à particules, un composant très coûteux. Vous pouvez réaliser des économies sur les frais d’entretien et de remplacement car un filtre à particules s’use et doit être régulièrement remplacé.

Rouler au gaz: moins cher et plus sain

Bon à savoir

• Deux qualités du CNG

Le CNG est disponible sous deux formes : le gaz naturel à haut pouvoir calorifique (H) et le gaz naturel à faible pouvoir calorifique (L). Les voitures fonctionnant au CNG peuvent utiliser indifféremment ces deux gaz. Le client ne verra la différence qu’au prix à la pompe. Dans les provinces du Hainaut, de Liège, du Luxembourg, de Namur, du Limbourg et de Flandre Orientale et Occidentale, on trouve du gaz H provenant du Qatar, de Norvège et de Russie. Quant aux provinces d’Anvers et du Brabant, elles sont approvisionnées en gaz L provenant du champ gazier néerlandais de Slochteren.

• Fossile ou bio

Le gaz naturel peut avoir une origine fossile ou biologique (bio-CNG), ou être un mélange des deux. Le CNG disponible dans notre pays possède une origine 100% fossile. Aux Pays-Bas et en Allemagne, la proportion de bio-CNG varie de 20 à 50%. Le bio-CNG est issu de la purification du biogaz provenant de la fermentation de matières organiques (boues de stations d’épuration, déchets de l’industrie agroalimentaire).

• Une autonomie de 800 km

Si les modèles CNG du Groupe Volkswagen sont équipés en usine de trois réservoirs à gaz, la transformation des SsangYong Tivoli et XLV est effectuée au Quai 1241 du port d’Anvers par une entreprise spécialisée japonaise. Le réservoir à essence d’origine de 47 litres est conservé, ce qui permet d’offrir une autonomie réelle de 800 km. Le XLV au CNG le moins cher coûte 19.000 euros. La moitié environ des acheteurs d’un SsangYong XLV optent pour la version CNG.

Plus avantageux fiscalement

Au-delà de l’impact positif sur l’environnement et la santé, l’utilisation du gaz naturel comme carburant offre également des avantages sur le plan fiscal. Un particulier qui achète une voiture neuve au CNG de moins de 12 CV fiscaux est exempté, jusque fin 2020, de la taxe d’immatriculation et de la taxe de circulation. Avec un plein de gaz naturel, on peut effectuer selon la capacité du réservoir entre 300 et 400 km, ce qui correspond à l’autonomie maximale des voitures électriques de la nouvelle génération. Lorsque le réservoir à CNG est vide, le système passe automatiquement à l’essence, ce qui permet de parcourir encore 200 ou 300 km. L’autonomie d’une voiture fonctionnant au CNG s’élève donc, minimum, au double de celle d’une voiture électrique. Le conducteur ne doit en outre jamais s’inquiéter de savoir s’il pourra atteindre sa destination ou, pire, craindre de se retrouver immobilisé au milieu de nulle part. En Belgique, on trouve des pompes à essence à chaque coin de rue. Un luxe inaccessible pour les propriétaires d’un véhicule électrique.

Le CNG est également plus avantageux à la pompe. Il ressort des calculs effectués par la CREG, le régulateur énergétique, que le CNG, exempté d’accises, est 26% moins cher que l’essence et 37% moins cher que le diesel. Par ailleurs, une voiture fonctionnant au gaz naturel consomme respectivement 17% et 28% de moins qu’une voiture diesel ou à essence. Le calcul est donc vite fait. Et pourtant, le CNG n’est pas encore vraiment populaire dans notre pays.

Avec le biométhane, le CNG est encore plus vert

PitPoint, devenue entretemps une filiale du géant pétrolier Total, développe, construit et exploite les infrastructures qui mettent le carburant propre à la disposition de l’utilisateur final. L’entreprise laisse au client le choix de la source énergétique, par exemple le CNG ou l’électricité. « Le CNG est un carburant de transition, une solution intermédiaire qui permet actuellement de réaliser des économies et de moins polluer », explique Sander Graumans, le porte-parole de PitPoint. « En utilisant du biométhane, on pourrait faire encore mieux. Le gaz naturel est et demeure un carburant fossile dont les ressources sont limitées. Des interrogations peuvent aussi émerger sur la façon dont ce gaz est exploité et les lieux où il est puisé. Le biométhane, au contraire, est produit à partir de déchets biodégradables et est donc quasiment neutre au niveau du CO2 quand on prend en compte l’intégralité de la chaîne. En effet, les plantes à la base de ces déchets ont également pu absorber du CO2 durant leur vie. »

Aux Pays-Bas, selon Sander Graumans, ce gaz que l’on appelle le Groengas (NDT : « gaz vert ») s’est déjà largement implanté, les entreprises et les particuliers étant sensibilisés à l’aspect écologique. Dans notre pays, c’est moins le cas : « La Belgique est en retard à cause du politique ! Le pays compte pourtant beaucoup d’intercommunales qui collectent et recyclent les déchets verts. Elles choisissent de brûler le gaz produit par le processus de fermentation afin d’en faire de l’électricité verte. Pourquoi ne pas en faire du biogaz ? Une absence de vision ? Des investissements trop importants ? Nous n’obtenons une réponse claire de personne. Le biométhane peut pourtant prolonger la vie du CNG. »

Rouler au gaz: moins cher et plus sain

Une vision à court terme

Le secteur pointe à cet égard un doigt accusateur vers les autorités politiques et la séparation des compétences entre les gouvernements régionaux et le gouvernement fédéral, avec pour conséquence d’obtenir quatre variations sur un même thème. Confusion garantie et totalement inefficace. Par ailleurs, les autorités changent sans cesse les règles du jeu. Il manque aux gouvernements, régionaux ou fédéral, une vision à long terme et un plan stratégique. La politique est basée sur le court terme et la mobilité ne semble pas être une priorité. On a pu en faire douloureusement le constat en prélude aux élections du 26 mai. La plupart des partis ont fait volte-face sur le thème de la mobilité, craignant de s’attirer les foudres des électeurs. Porte-parole de la fédération du gaz naturel, Didier Hendrickx ne se laisse cependant pas séduire par la provocation à l’encontre du monde politique, même quand il s’agit d’aborder la prolongation des avantages fiscaux pour les véhicules au CNG après 2020. Voilà qui indique peut-être que des négociations secrètes sont en cours et que l’on ne veut pas les hypothéquer avec des commentaires publics.

Pas de différence

Dans le cadre de ce sujet, nous avons pu essayer la Seat Leon TGI et l’Arona TGI. Au sein du groupe Volkswagen, Seat a été désigné pour ouvrir la voie à l’implémentation du CNG sur les modèles populaires des marques généralistes du groupe.

La Seat Arona TGI est le premier SUV fonctionnant au gaz naturel. Il est équipé d’un moteur 3-cylindres à essence. Doté de 12 soupapes et développant 90 ch, ce moteur est associé à une boîte 6 manuelle. Les trois réservoirs à CNG en acier haute résistance sont logés sous un plancher spécial dans le coffre, à l’emplacement occupé habituellement par la roue de secours. Lorsque la réserve de CNG est épuisée, le système passe automatiquement à l’essence sans que l’utilisateur ne s’en aperçoive. Le ravitaillement en CNG est rapide et facile. Au volant, le conducteur ne remarque aucune différence entre les deux carburants, seul un témoin lumineux indique quand le moteur utilise le gaz naturel. Sur le tableau de bord, deux jauges informent le conducteur des niveaux des deux types de carburant alors que l’ordinateur de bord indique la consommation et l’autonomie. Afin d’éviter tout problème en cas de démarrage par températures négatives, le moteur démarre en mode essence quand la température est inférieure à -10°C. Dès que les injecteurs atteignent leur température opérationnelle, le système passe au CNG. Il n’existe donc plus aucune excuse pour ne pas rouler avec une Seat, une Audi, une Fiat, une Skoda, une SsangYong ou une VW fonctionnant au gaz naturel.

Plus d’infos sur www.gaznaturel.be

Foire aux questions

Rouler au gaz: moins cher et plus sain

Quel niveau de sécurité offre un réservoir à gaz ?

Les réservoirs à gaz sont conçus, fabriqués et certifiés en fonction de normes strictes. Ils sont équipés d’une soupape de sécurité par laquelle, dans les conditions extrêmes, le gaz peut s’échapper de manière contrôlée et se dissiper dans l’atmosphère. On entend parfois que le gaz naturel peut geler ou s’enflammer dans des conditions extrêmes. En effet, il peut geler à une température de -160° et s’enflammer à une température de plus de 580°. Pour l’essence et le diesel, cela se produit respectivement à 220° et 250°. Où est le problème ?

Puis-je encore circuler quand la pollution atmosphérique a atteint un niveau critique ?

Dans notre pays, les véhicules fonctionnant au CNG possèdent le label ‘Eco’ et peuvent donc continuer à être utilisés quand l’accès aux centres-villes est restreint en raison de la pollution atmosphérique. Le CNG étant considéré comme une source d’énergie de substitution, les propriétaires bénéficient d’avantages fiscaux.

Puis-je continuer à rouler quand le gaz est épuisé ?

Lorsque le gaz contenu dans les réservoirs est entièrement épuisé, la voiture passe automatiquement à l’essence. Grâce à cette double technologie, les voitures fonctionnant au gaz naturel possèdent une autonomie d’au moins 600 ou 700 km.

Puis-je rouler uniquement avec du gaz ?

En théorie, c’est possible. Mais dans la pratique, vous avez toujours besoin d’une quantité minimale d’essence pour démarrer le moteur par basses températures ou juste après avoir ravitaillé en gaz naturel.

Quelle est la différence de prix entre une voiture au CNG et un modèle essence ou diesel ?

Une voiture fonctionnant au CNG coûte plus ou moins autant qu’un modèle diesel. Par rapport à une voiture à essence, le modèle CNG coûte en moyenne entre 2.000 et 2.500 euros de plus. L’avantage financier de rouler au gaz naturel se ressent à la pompe. Selon les calculs de la CREG, le régulateur fédéral de l’énergie, le CNG, exempt d’accises, est à la pompe 26% moins cher que l’essence et même 37% moins cher que le diesel.

Une voiture fonctionnant au CNG exige-t-elle davantage d’entretien ?

L’état des réservoirs doit être contrôlé tous les 4 ans par un garage agréé et l’étanchéité du système de gaz doit être certifiée lors de chaque inspection technique. Les bougies et filtres ne sont pas soumis à une usure plus importante et ne doivent donc pas être remplacés plus fréquemment.

Puis-je stationner une voiture au CNG dans un parking souterrain ?

Les voitures fonctionnant au LPG ne peuvent pas être stationnées dans un parking souterrain. Cette interdiction ne concerne pas les voitures fonctionnant au CNG.

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