© Zero Motorcycles

Moto électrique : pourquoi les motards n’en veulent pas ?

Si la voiture électrique prend de plus en plus de place, le marché des motos électriques reste à un stade embryonnaire. Dommage, mais logique…

Petit à petit, la voiture électrique s’installe sur le marché poussée, il est vrai, par le milieu des voitures de société et/ou à usage professionnel. Médiatiquement, le matraquage des voitures à piles est intensif.
Ce type de voiture reste cher, mais de plus en plus de particuliers s’y intéressent et l’envisagent dans un futur plus ou moins proche. Par contre les motos électriques ont nettement plus de mal à décoller. Concernant l’offre, cela va pourtant du petit scooter citadin aux routières façon ‘gros cubes’.
Un exemple : Zero Motorcycles, la marque la plus avancée et à la pointe de ce marché, n’a vendu qu’une trentaine d’unités en Belgique depuis le début de l’année 2022. Si l’on regarde les statistiques de l’année 2021, c’est écrasant : 98,69% du marché concerne des deux-roues à moteur thermique… Et dans les 1,31% restants, la majorité concerne des petit scooters électriques (type NIU proposés en moto-partage dans les grandes villes). Au niveau de l’ensemble des gros marchés européens, c’est pareil, les électriques font à peine plus de 2%. Cela dit l’offre se développe. En 2021, le marché belge comptait 53 modèles électriques, contre 35 en 2020.

Explications simples

En somme, des chiffres peu motivants, mais qui s’expliquent facilement. Le prix est bien sûr la barrière numéro un. Une Zero Motorcycles correspondant à une moyenne cylindrée thermique coûte entre 17 et 25.000 euros. Pour ce budget, en thermique, vous vous offrez la plus belle des Harley, BMW ou Honda (Goldwing).  Une petite moto thermique au gabarit équivalent à celui d’une Zero coûte… 8.000 euros. Dès lors, même si elles sont très agréables à piloter, les motos électriques n’ont quasiment aucune chance de séduire, sauf les amateurs aisés de « nouvelles tendances ».

Et pour ce prix, on ne jouit pas d’une autonomie extraordinaire. En usage navette, sur autoroute, vous ne ferez guère mieux que 130-150 km, dans le meilleur des cas. Suffisant pour la plupart des gens, mais trop limité pour la majorité. Car il faut la recharger très souvent, et on entre là dans la problématique de la disponibilité (la rareté) des bornes. La moto demeure un engin de loisirs dont les propriétaires aiment accomplir parfois plusieurs centaines de kilomètres sur la journée. Les joies de la balade dominicale en moto sont donc difficilement compatibles avec les besoins des moteurs électriques. Des solutions sont à l’étude, comme le principe des batteries interchangeables, mais les coûts sont alors encore plus élevés.

La passion !

Plus qu’en automobile, la moto offre des sensations mécaniques grisantes. C’est pour cela qu’on les achète. Preuve en est: les motos hybrides n’existent pas et 99% des motos restent équipées d’une boîte de vitesses manuelle, tandis que les aides électroniques restent très rares dans le secteur. Bref, le motard aime conduire sa moto de la façon la plus pure. Et c’est plus que jamais le cas, car les voitures devenant de plus en plus standards et ultra-assistées, les amateurs de conduite retrouvent et/ou sauvegardent la notion de plaisir de rouler au guidon d’un deux-roues motorisé.

En résumé, pour séduire en masse le public des motards, la moto électrique devrait coûter 10-15.000 euros maximum, offrir des performances dignes et se recharger en quelques minutes. Or la plupart des constructeurs ont encore tout à inventer, le défi est immense.

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