Les accidents de la circulation ont coûté la vie à 470 personnes l’an dernier en Belgique, un chiffre en diminution de 6,2% par rapport à 2023. Les données enregistrées permettent de mieux cerner les conditions des accidents et mettent en évidence le travail énorme pour parvenir à l’objectif 2050 de zéro mort sur les routes.
Les chiffres s’améliorent, année après année, mais restent une pénible statistique. En 2024, les accidents de la circulation ont fait 470 victimes, décédées sur place ou dans les 30 jours suivants le drame, détaille Statbel, l’office belge de statistique, dans sa dernière mise à jour.
Cela représente une baisse de 6,2% par rapport aux 501 décès enregistrés en 2023, maigre consolation face à tant de familles et de proches endeuillés. En 2024, la majorité des tués enregistrés dans le mois suivant l’accident étaient des automobilistes (203), suivis par les cyclistes (89), les piétons (70) et les motocyclistes (57). La plus forte baisse se trouve chez les usagers du vélo, avec une baisse de 13% par rapport à 2023.
Un pas globalement dans la bonne direction en vue d’atteindre les ambitieux objectifs de la Belgique, qui vise zéro mort sur la route à l’horizon 2050, avec un objectif intermédiaire à maximum 320 décès d’ici 2030. Pour atteindre ce dernier nombre, il faudra au minimum une baisse continue autour de 6,3%, annuellement, au cours des cinq prochaines années. Les chiffres actuels sont donc dans les clous pour atteindre cette marque. En revanche, le tempo devra encore s’accélérer pour parvenir à ne plus voir aucun décès sur les routes d’ici 25 ans, ce qui reste inatteignable en l’état.
Des mesures supplémentaires pour sécuriser davantage la route
Dans son baromètre annuel, anticipant les chiffres définitifs qui viennent d’être dévoilés, l’Institut pour la sécurité routière Vias pointe «un nombre de tués le plus bas jamais enregistré», soulignant l’importance de chaque vie sauvée. Tout en martelant qu’il reste du pain sur la planche. «Les chiffres sont meilleurs, notamment pour certaines catégories d’usagers, mais il faudra encore diminuer de 150 le nombre de tués d’ici cinq ans si on veut atteindre nos objectifs, cela reste énorme», souligne Benoît Godart, porte-parole.
Pour y parvenir, il faudra poursuivre les actions de sensibilisation actuelles, mais aussi adopter des mesures supplémentaires. «Il faudra notamment lutter contre le fléau de la distraction, en vérifiant à l’aide de caméras l’usage du téléphone au volant, prendre également à bras-le-corps le problème de la récidive et s’interroger sur les systèmes qui localisent les radars mobiles, plombant certains efforts contre la vitesse excessive», poursuit le porte-parole.
Point d’attention pour Vias: le nombre total d’accidents. Celui-ci reste proche des 36.000 et diminue moins vite que ceux ayant coûté la vie à un usager, autour de 2,6%. Les accidents sont donc moins mortels qu’avant. Parmi les explications avancées, la multiplication des aides à la conduite et la technologie qui équipent les voitures pour les rendre plus sûres.
Un point positif, même si la multiplication des voitures plus lourdes et plus puissantes, type SUV, présente un risque. «Il ne faudrait pas perdre tout le bénéfice enregistré à cause d’un parc automobile devenu plus dangereux, notamment en cas d’accident avec un usager faible», prévient Benoît Godart.
Le Belge, mieux classé en Europe, mais loin d’être irréprochable au volant
La lente amélioration des chiffres belges se marque également en les comparant aux pays voisins. Selon le dernier baromètre du Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC), la Belgique est le sixième pays du continent européen enregistrant la plus forte diminution des morts sur la route: -37% entre 2014 et 2024, contre une moyenne de -17% dans les pays de l’UE. Un point à relativiser, car la Belgique partait de plus haut, mais encourageant. Au cours des cinq dernières années, seules la Lituanie, la Pologne et la Slovénie affichent de plus fortes diminutions.
Avec en moyenne 40 morts sur la route par million d’habitants, la Belgique se situe désormais dans le ventre mou du continent, avec un chiffre deux fois meilleur que le dernier de la classe (Serbie, 78 morts sur la route/million d’habitants), mais toujours deux fois plus élevé que les pays les plus sûrs (une vingtaine de morts/million d’habitants en Norvège et en Suède).
Une situation qui n’empêche pas de questionner le comportement au volant des conducteurs belges, qui reste problématique. Le baromètre européen de la Fondation Vinci Autoroutes, pour 2023, mettait en évidence la vitesse excessive, la conduite sous l’emprise de l’alcool ou encore la distraction, notamment.
Ces facteurs qui influencent les risques d’accidents
Pour mieux cerner certaines réalités, le graphique ci-dessous s’avère éclairant. Chaque point représente une personne décédée sur la route en 2024. Il est possible, en filtrant les données, de faire ressortir certaines tendances, afin d’essayer de mieux comprendre pourquoi la route reste un endroit qui tue encore autant.
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1. Genre
Le détail des accidents mortels montre plusieurs différences significatives. A commencer par le genre, qui fait apparaître un bien plus grand nombre d’accidents causés par ou impliquant des hommes. En prenant uniquement les conducteurs de voitures tués, 54 étaient de sexe féminin pour 144 de sexe masculin.
Les femmes conduiraient-elles moins que les hommes, courant donc moins de risques d’accident? Les trajets peuvent être différents (plus courts, sur d’autres types de chaussées, etc.), selon les enquêtes de mobilité, mais les comportements expliquent probablement en grande partie cette différence.
«En matière de vitesse, en matière d’alcool, en matière de distraction et même en matière de non-port de la ceinture, l’homme a tendance à prendre plus de risques. Ce n’est pas une tendance nouvelle et les campagnes de sensibilisation visent parfois plus spécifiquement les hommes», selon Benoît Godart.
2. Age
Les jeunes automobilistes sont également une population à risque. Avec 25 tués dans la tranche d’âge 20-24 ans, les personnes ayant obtenu leur permis récemment sont le deuxième groupe de conducteurs tués sur la route, derrière les plus de 75 ans (27). Mais les seniors sont plus nombreux sur la route.
«On constate une diminution des conducteurs qui veulent obtenir leur permis à 18 ans et 1 jour. L’âge auquel les jeunes passent le permis de conduire est de plus en plus tardif. Ce retard réduit le nombre de jeunes conducteurs, donc une amélioration des chiffres un peu biaisée dans cette tranche d’âge», explique le porte-parole de Vias.
Les 75 ans et plus sont le plus grand groupe parmi les décès, tous usagers confondus (71 sur 470). Ce qui n’en fait pas des dangers pour autant, rappelait Vias dans un communiqué, refusant qu’un contrôle médical soit imposé uniquement aux plus âgés. «Les automobilistes entre 20 et 24 ans sont quatre fois plus impliqués dans les accidents graves que les seniors», tranchait l’institut.
3. Région
Bruxelles mise à part, avec sa très forte densité de circulation où se croisent tous les types d’usagers, la Flandre et la Wallonie affichent des chiffres parfois assez proches en matière d’accidents et d’autres totalement divergents. C’est notamment le cas en regardant les usagers de vélos électriques tués sur la route, au nombre de 27 en Flandre, alors qu’il n’y en a eu aucun en Wallonie.
«Le vélo reste un phénomène très poussé en Flandre, ce n’est donc pas étonnant que ce soit dans cette région qu’on constate le plus de décès de cyclistes. L’arrivée des vélos électriques commence à se marquer plus nettement en Wallonie et le risque va donc augmenter tout simplement car le nombre d’usagers augmente. On a connu la même chose avec les trottinettes électriques, qui a d’abord été une problématique bruxelloise avant de contaminer les autres régions», analyse Benoît Godart. Chaque région doit donc répondre à des situations plus spécifiques, la sécurité routière n’y présentant pas les mêmes enjeux partout.
4. Type de route
L’environnement autoroutier est globalement plus sûr, malgré la vitesse plus grande. Comme une berme centrale ou un bon éclairage, ce qui n’est pas toujours le cas… sur de plus petites routes. Une collision frontale est par exemple exclue sur les autoroutes, ce qui reste possible ailleurs, avec des conséquences souvent fatales.
«Outre les accidents frontaux, certaines routes régionales sont bordées d’arbres. En cas d’erreur du conducteur, les conséquences sont forcément plus dramatiques», expliquait Vias.
Quelque 230 personnes ont perdu la vie sur des routes régionales, 175 sur des routes communales et 57 sur autoroutes. Les aménagements de la route et de ses abords sont donc une partie de la réponse à une problématique complexe, afin de réduire encore le chiffre des tués sur la route.