Anne-Sophie Bailly

Le Vif publie son 3e mook: pourquoi prendre le temps de lire peut être une habitude puissante

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Pour la troisième fois en un an, Le Vif publie un mook qui invite ses lecteurs à prendre le temps. Cela commence à ressembler à une petite habitude. Pas une de ces habitudes routinières, perpétuées sans saveur ni conscience, comme quand on jette un coup d’œil à une info qu’on oublie la seconde suivante sur l’écran de son téléphone, qu’on poivre son plat sans l’avoir goûté ou qu’on prend toujours l’escalier de l’aile B.

Non, on parle ici de ces habitudes dont on jalonne sciemment nos existences, parce qu’elles constituent des rendez-vous. Avec des amis, des proches, des collègues, avec soi-même. Avec la nature, la culture ou le sport. Comme l’habitude de fréquenter un resto qui, à force, devient notre cantine car il coche toutes les cases. Ces habitudes qui structurent et qui, doucement mais régulièrement, forcent à mettre le cadre.

Comme cette habitude qui s’installe, celle de prendre du temps pour se consacrer à une lecture longue, profonde, intense.

Cette habitude est nourrissante, enrichissante et devient même indispensable à l’heure où la pluralité des médias se réduit autant que la désinformation se propage. Le rachat de Twitter par le milliardaire Elon Musk n’en est que l’exemple le plus récent et les décisions du réseau de rétablir certains comptes bannis ou d’arrêter la modération de la désinformation sur le Covid, les illustrations les plus visibles. Moins de modération pour, officiellement, offrir davantage de liberté d’expression et, tout aussi officiellement, réduire les coûts. Mais également, dans la foulée, pour identifier chaque utilisateur et priver d’une caisse de résonance certains lanceurs d’alerte, ou de protection des sources anonymes. Une liberté d’expression toujours en 280 caractères mais désormais à géométrie variable.

Prendre le temps de se consacrer à une lecture longue, profonde, intense peut être une habitude puissante. La force de l’habitude.

La propagation de fausses rumeurs ou la désinformation ne sont pas un mal caractéristique de notre époque. On en retrouve des traces tout au long des siècles passés. Mais l’évolution technologique leur a offert une vitesse de circulation et une amplitude de diffusion inédites jusqu’ici, notamment grâce aux réseaux sociaux. C’est pourquoi leur contrôle et leur possession véhiculent tant d’enjeux.

La révolution des femmes en Iran amène une grande partie de la population à contester un pouvoir arbitraire. En l’absence de meneur avéré, c’est sur les réseaux que les jeunes trouvent leur inspiration auprès de personnalités en vue, échangent et se transmettent des informations. Ce qui a entraîné un blocage de ces réseaux par les autorités du pays, espérant limiter les moyens d’action et restreindre la liberté d’expression comme l’accès à l’information.

Cette actualité et tant d’autres nous rappellent combien prendre le temps de lire peut être une habitude puissante. C’est la force de l’habitude.

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