© Jean Bernard Boulnois

« Il adore les bourgognes, je vais lui prendre ce crozes-hermitage »

Sandrine GOEYVAERTS
Sandrine GOEYVAERTS Sommelière, caviste, blogueuse et auteure de Jamais en carafe (à paraître)

Les cavistes, ça en entend des belles, tous les jours. Sandrine Goeyvaerts les recense dans un livre. Et nous sert des inédites.

Et moi, j’adore Depeche Mode et, en toute logique, je vais donc acheter l’intégrale de Michel Sardou. Si avoir des goûts éclectiques n’est pas interdit, reconnaissons que le grand écart est assez formidable. Il y a de quoi perdre votre caviste en chemin : en effet, les bourgognes rouges sont – dans leur grande majorité – issus du pinot noir. Ce cépage délicat, présent également de façon significative en Alsace, Champagne et Loire, et en Languedoc (pour y élaborer des vins de cépage), donne naissance à des vins plutôt fins, aux tannins délicats hors exceptions, surextraction et boisé façon bûcheron. Un style relativement éloigné du crozes-hermitage : ce vin naît dans le Rhône, dans la partie septentrionale, où règne en maîtresse exigeante la syrah.

Les Perles d'une caviste, par Sandrine Goeyvaerts, Hachette Pratique Vin, 128 p.
Les Perles d’une caviste, par Sandrine Goeyvaerts, Hachette Pratique Vin, 128 p.© DR

Ah, que sera syrah ! La syrah ne vient ni de la ville de Chiraz, en Iran, ni de Syracuse, de Syros et encore moins de Syrie. D’où sort-elle alors ? L’arbre généalogique complet le plus plausible pour la syrah : fille de la mondeuse blanche et de la dureza, demi-soeur du viognier, nièce du teroldego et arrière-petite-fille du pinot ! La syrah est un des cépages les plus populaires et les plus plantés au monde : en Australie, elle se nomme shiraz. Attention au presque homonyme petite-syrah qui est en réalité… du durif, un autre cépage. Perdus ? Normal, la syrah est une diablesse. Ses aventures se nouent autour des fruits noirs, du poivre, de la réglisse, elle colore, épice, et texture tandis que le pinot noir, ramène sa fraise, ses pivoines, sa robe translucide.

On peut aimer les deux – on doit, suis-je tentée d’ajouter – mais pour quelqu’un qui aime le bourgogne, ne prenez pas de risque : restez sur l’idée de la délicatesse et optez pour un pinot noir alsacien, ou peut-être un beau grolleau ligérien. Evidemment, tout ceci n’est que litres et ratures : selon les vigneronnes ou vignerons, l’humeur de ceux-ci, l’humidité de l’air et l’âge du capitaine, on trouvera aussi des pinots noirs bodybuildés et des syrah danseuses classiques. Le cépage ne fait pas tout, même s’il en dit beaucoup.

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