Carte blanche

Une intelligence collective robotico-animale. Positif, vraiment ?

L’article du Vif/L’Express  » une intelligence collective robotico-animale  » fait écho de recherches réalisées sur des robots-animaux. Ceux-ci pourraient s’infiltrer dans des écosystèmes endommagés afin de briser la barrière entre les espèces et amener des animaux très différents à interagir et à communiquer entre eux, via internet, pour sauver la planète…

S’il est vrai que, d’après de nombreux scientifiques, nous sommes entrés dans la sixième extinction de masse de notre planète et qu’il faut réagir. S’il est également admis que les technologies sont à priori significatives de progrès. N’est-on pas ici en train de faire fausse route ? N’est-on pas en train de mettre du temps, de l’énergie et de l’argent au mauvais endroit ?

Certes les abeilles dont les bénéfices, tirés par la pollinisation des cultures, sont tout de même estimés à 157 milliards d’euros au niveau mondial sont en danger. Il nous faut donc réagir et vite. Mais créer une abeille-robot pour « enseigner » à sa congénère animale à se protéger et à prospérer : est-ce vraiment la bonne solution ? Ne faut-il pas d’abord et d’urgence s’interroger sur les causes du déclin de nos abeilles et plus largement de notre biodiversité ? N’est-il pas temps de se rendre compte que c’est précisément cette volonté humaine de tout contrôler qui court à notre perte ?

Depuis toujours le destin des hommes, celui des animaux et plus largement du monde du vivant sont intimement liés. Et pourtant notre société occidentale est de plus en plus éloignée des animaux et du contact avec la terre. Délaissant un passé commun long de plusieurs millénaires, l’Homme se tourne par exemple de plus en plus vers des systèmes agricoles et d’élevages ultra productifs, déconnectés de la terre et niant totalement la nécessité d’une vie harmonieuse et équilibrée avec le monde animal et la planète. A coup de « révolutions génétiques » et « d’innovations agronomiques » les animaux sont devenus des machines vivantes, suivant des règles de la chimie et de la physique et étant surtout soumises aux lois de l’économie. Cette évolution considérée comme du progrès au nom du sacro-saint productivisme des industries agro-alimentaires n’est pas sans conséquence sur la biodiversité, sur l’environnement et même sur notre santé.

Aujourd’hui, on nous explique que les humains pourraient enseigner de nouvelles connaissances aux animaux grâce à la technologie. Je pense pour ma part qu’il vaudrait mieux prendre le temps de se poser et de réentendre tout ce que les animaux et la nature ont à nous apprendre…

Jonathan de Patoul – Vétérinaire – Député bruxellois

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