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Sous le nuage de pollution à Mexico, la vie continue

Le Vif

Des scientifiques disent que respirer l’air très pollué de la ville de Mexico ces jours-ci équivaut à fumer près d’un demi-paquet de cigarettes par jour.

Mais cela n’a pas empêché Oscar Chong de sortir pour sa séance d’entraînement quotidienne, malgré la mise en garde des autorités de ne pas pratiquer d’activité physique intense à l’extérieur. « Je suis accro à l’exercice » dit ce graphiste de 51 ans, à l’AFP.

« Si je ne cours pas tous les jours, je ne me sens pas bien. Cela stimule ma créativité. Si je reste à la maison, je regarde les murs, et les idées ne me viennent pas », poursuit-il.

La ville tentaculaire aux plus de 20 millions d’habitants est recouverte d’un épais nuage de pollution depuis le week-end dernier.

Les autorités attribuent ce phénomène à des dizaines d’incendies qui se sont produits récemment dans le centre du Mexique, ainsi qu’à l’absence de vent ou de pluie pour disperser les particules.

Cependant les experts pointent aussi du doigt la pollution chronique de la ville provoquée par quelque cinq millions de véhicules qui y circulent chaque jour.

La dispersion des gaz polluants est en outre rendue difficile par la présence de montagnes entourant la vallée de Mexico.

Mais les feux de forêt ont sans aucun doute aggravé la situation. Ils ont fait grimper au-delà des normes admises les niveaux de PM2,5, ces particules fines produites par les incendies qui constituent le polluant atmosphérique le plus mortel.

Les autorités ont déclenché mardi l’alerte à la pollution lorsque le niveau de ces microparticules a atteint 158 microgrammes par mètre cube. Cela équivaut à fumer plus de sept cigarettes par jour, selon une étude des médecins américains Richard et Elizabeth Muller.

Vendredi, le niveau a légèrement diminué pour atteindre 114 microgrammes, soit l’équivalent de cinq cigarettes par jour.

« Horrible »

Le nuage gris qui enveloppe la ville et l’alerte à la pollution environnementale ont chamboulé les habitudes des habitants de la capitale.

Les autorités ont demandé à ce que les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies respiratoires restent à l’intérieur.

Les écoles sont fermées depuis jeudi et des événements sportifs ont dû être annulés, comme la demi-finale aller du championnat de football de division 1, finalement jouée à Queretaro, à quelque 200 kilomètres au nord-ouest de Mexico.

De nombreux résidents qui en ont les moyens ont décidé de quitter la ville pour quelques jours, bien que les localités alentours connaissent également des taux élevés de contamination.

La ville coloniale de Puebla, pourtant située à 135 kilomètres, a ainsi connu elle-aussi un pic de pollution inédit.

La plupart des habitants de Mexico n’ont d’autre choix que de subir cette contamination qui provoque des irritations de la gorge et des yeux.

« J’ai essayé de ne pas sortir. Ça sent quelque chose de brûlé », commente à l’AFP Nicte Munoz, 38 ans, derrière son masque chirurgical alors qu’il se rend à son travail.

« C’est horrible de monter les escaliers et soudain de ne plus pouvoir marcher ou respirer », relate Diana Mariscal, 21 ans, une étudiante en visite dans la mégapole.

Les autorités ont suspendu les grands chantiers de construction, instauré la circulation alternée et ordonné à certaines industries polluantes de réduire leurs émissions de 30 à 40%. Elles ont aussi fait fermer certains petits restaurants de rue, pourtant très populaires au Mexique, mais qui génèrent de la fumée.

La maire Claudia Sheinbaum, du parti Morena du président Andres Manuel Lopez Obrador, a été vivement critiquée pour la lenteur de réaction de la municipalité et son manque d’anticipation.

L’ancien président Felipe Calderon (2000-2006) a de son côté mis en cause le gouvernement pour avoir supprimé des fonds qui permettaient de financer des emplois temporaires de pompiers « prévenant et luttant contre les incendies ».

Vendredi en fin de journée, l’alerte à la pollution a été levée en raison d’une amélioration de la qualité de l’air, ont annoncé les autorités.

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