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Les pionniers du « zéro déchet »

Stagiaire Le Vif

En finir avec les déchets, ou du moins en produire le moins possible. Un objectif et un mode de vie qui fait de plus en plus d’adeptes. Aux Etats-Unis, mais aussi en Belgique.

Recycler ses déchets, c’est déjà un bon début. Ne tout simplement plus en produire, c’est encore mieux. Telle est la devise des adeptes du « Zero Waste » (pour « zéro déchet »), qui prônent un mode de vie sans gaspillage, ni emballages. Si de nombreux citoyens s’engagent déjà dans le recyclage et la réduction de leur production de déchets ménagers, les partisans de ce mouvement rivalisent d’ingéniosité et se font violence afin de tendre vers le zéro absolu en la matière. Et se sont déjà trouvés des maîtres à penser.

Le rêve américain revisité

D’abord, il y a Colin Beavan, autoproclamé « No Impact Man ». Ce New Yorkais, père de famille, et fatigué d’être un « environnementaliste coupable » a décidé de se lancer un défi extrême : réduire son empreinte écologique à néant. Changeant radicalement son mode de vie, il a largement documenté son expérience sur son blog, avant de devenir, avec sa femme et son enfant, le personnage central d’un documentaire sorti en 2009 (https://www.youtube.com/watch?v=Z9Ctt7FGFBo). Adieu donc l’électricité, les cafés au Starbucks, et les courses en taxi. Colin a remplacé ses anciennes habitudes pour les solutions les plus basses en carbone et en déchets qui s’offraient à lui.

Derrière une des autres figures médiatiques de cette tendance se cache une Française résidant aux Etats-Unis. Bea Johnson, a sorti en 2013 le livre « Zero Waste Home ». Elle y raconte ses efforts afin de bannir complètement les déchets de sa vie. Qualifiée de « prêtresse de la vie sans déchet » par le New York Times, son bouquin fait fureur et ses conseils sont suivis à par une grande communauté de fans à travers le monde. De plus en plus de blogs et de podcasts vidéo disponibles sur le net se donnent pour mission de créer un engouement collectif autour de pratiques similaires. Un défi de taille dans une société où le recours aux emballages jetables est profondément ancré dans les habitudes de consommation, et où s’en séparer implique des efforts qui peuvent vite paraître décourageants et consommateurs … en temps.

Gaspillage global, solutions locales

En Belgique, Constance Vander Maren fait figure de pionnière dans un milieu où (presque) tout reste à inventer. A 23 ans, elle a ouvert l’hiver dernier une épicerie « zéro déchet » à Tournai. Il s’agit du premier commerce du genre en Wallonie. Diététicienne de formation, c’est d’abord la volonté de promouvoir une alimentation saine et issue de l’agriculture biologique qui a motivé son projet. Avant d’être emballée par l’idée d’un magasin sans emballage. « J’ai notamment eu l’occasion de rencontrer Bea Johnson lors d’une conférence qu’elle donnait à Villeneuve d’Ascq, en France, et cela m’a conforté dans l’idée entreprendre une telle démarche. », explique-t-elle. Le projet s’avère être un véritable défi logistique, car tout y est vendu en vrac. D’autant plus qu’il faut se plier aux exigences strictes de l’AFSCA en matière de sécurité alimentaire. En quatre mois d’existence, le magasin de Constance a ses adeptes et aura en tout cas eu le mérite d’attirer l’attention autour d’une nouvelle manière de consommer. Dans le futur, la jeune entrepreneuse espère joindre une démarche communicationnelle et pédagogique à son projet afin de sensibiliser le public et d’aller plus loin. Déjà approchée par différents acteurs du milieu écologique dans cette optique, elle ajoute: « C’est positif de sentir qu’on fait partie de quelque chose qui dépasse le simple cadre d’un magasin. »

Qu’ils soient des showmen comme Colin Beavan ou des petits acteurs locaux comme Constance Vander Maren, les partisans du « Zero Waste » se sont avant tout lancé des défis à eux-mêmes. Pour mieux défier ensuite les habitudes de la société.

Arthur Sente (stg.)

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