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Le surprenant effet boule de neige du réchauffement climatique

Le biologiste Dirk Draulans s’est plongé dans plusieurs études scientifiques pour cartographier les conséquences inattendues que pourrait avoir le réchauffement climatique.

Il arrive qu’en parcourant la littérature scientifique, le hasard fasse que l’on tombe sur toute une ribambelle d’articles qui illustrent de façon documentée ce qu’il risque de nous arriver si on ne change pas drastiquement notre façon de faire. Car les effets escomptés du réchauffement climatique ne sont pas exclusivement liés aux conséquences directes du réchauffement de la planète, comme l’élévation des températures et du niveau de la mer (et, parallèlement, l’extinction accrue des animaux et des plantes, ou encore l’augmentation considérable des migrations et du déclin économique des populations). Ils peuvent être plus vastes et toucher des domaines beaucoup plus inattendus.

Ma quête a commencé lorsque j’ai lu dans la revue Environmental Research Letters que la région arctique s’est réchauffée de plus de 3 °C au cours des cinquante dernières années – la température de la planète a, elle, augmenté de 1 °C depuis 1900. Ce réchauffement trois fois plus rapide de l’Arctique a des effets surprenants, notamment sur nos systèmes météorologiques, car les écarts de température entre le Grand Nord et le reste du monde se réduisent. La revue spécialisée Nature a, elle, publié sur son site internet une étude qui montre que la fonte massive des glaciers au nord et au sud de notre globe entraîne une élévation de plus en plus rapide du niveau de la mer. Depuis 1961, les glaciers ont ainsi perdu plus de 9 000 milliards de tonnes de glace dans le monde, entraînant une élévation du niveau de la mer de près de 3 centimètres. Et ce n’est là que le début.

Le réchauffement climatique aura un effet boule de neige

Une étude de la revue spécialisée Cryosphere a calculé que si des mesures sérieuses ne sont pas prises rapidement, les Alpes suisses auront perdu plus de 90% de leurs glaciers d’ici la fin du siècle. Les Suisses sauront l’anticiper, mais ailleurs dans le monde, comme au Pérou où les pays entourent la chaîne de l’Himalaya, la perte de glaciers de cette ampleur entraînera d’énormes problèmes d’approvisionnement en eau. Si le manque d’eau est une chose, il faut aussi s’attendre à des retombées indirectes. Par exemple, la revue spécialisée Climate Dynamics a publié une étude qui suggère que le climat plus doux de l’Arctique entraînera une hausse du smog dans des pays comme la Chine et (le nord de) l’Inde qui en souffrent déjà beaucoup. Ce phénomène s’expliquerait par le fait qu’il y aurait moins de vent pendant les mois d’hiver, ce qui à son tour entraînerait une stagnation de la pollution atmosphérique. Pollution qui, globalement, provient principalement de la combustion de combustibles fossiles dans ces pays. Or les combustibles fossiles sont le principal moteur de l’augmentation rapide et récente de la température mondiale. Enfin, New Scientist a fait état d’une étude qui montre qu’il existe un lien direct entre le niveau de pollution de l’air dans une ville et la qualité du sperme des hommes. L’étude s’est concentrée sur des expériences avec des souris, mais les scientifiques n’ont pas hésité à conclure qu’il y avait une réelle possibilité que des effets similaires se produisent chez les humains. La pollution de l’air peut donc entraîner l’infertilité.

La lecture de tels articles vous laisse avec le sentiment que les températures plus élevées dans les régions arctiques peuvent, par un effet domino, entraîner une baisse de la fertilité masculine. On pourrait dès lors se dire que cela aurait un effet (modeste) sur le déclin naturel de la surpopulation. Une surpopulation qui est à l’origine des changements climatiques que nous avons nous-mêmes provoqués. Malheureusement, nous ne pouvons attendre cela. C’est courir le risque d’arriver beaucoup trop tard.

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