Le Narval retrouvé sur les rives de l'Escaut dans la province d'Anvers est mort de faim. Les scientifiques l'ont examiné et l'ont pesé. © © Muséum des Sciences naturelles

« Le narval et le dauphin échoués dans l’Escaut restent des exceptions »

Stagiaire Le Vif

Un narval, aussi appelé licorne des mers, a été retrouvé échoué sur les rives de l’Escaut ainsi qu’un dauphin trois jours plus tard. Des découvertes surprenantes, surtout dans un laps de temps aussi court.

« Il y a seulement eu dix observations de narvals en Europe occidentale depuis le XVI siècle, explique Jan Haelters, biologiste marin de l’Institut royal des sciences naturelles, la dernière remonte à 1949″. Pour les dauphins, le spécialiste estime que c’est plus courant même si cela reste assez rare. L’autopsie du dauphin échoué sur les rives de l’Escaut n’a pas encore été réalisée, mais on sait déjà que la licorne des mers est morte de faim. L’animal pesait en effet environ 150 kilos de moins que le poids moyen pour un jeune spécimen de cette taille. « L’estomac du narval contenait des petits morceaux de plastique et de bois flotté présents dans l’Escaut probablement ingérés durant les dernières heures avant sa mort, ce qui indique qu’il est décédé en remontant la rivière » précise Jan Haelters. Bien que les décès du narval et du dauphin n’indiquent pas directement une cause environnementale, le biologiste soulève un problème de taille : la pollution importante des eaux du fleuve.

Espèces en danger

L’espèce du dauphin retrouvé reste encore à définir, « Vu son état de décomposition, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un dauphin commun ou d’un dauphin bleu et blanc sans avoir autopsié la dépouille » note Jan Haeters. Quoi qu’il en soit, cette espèce de mammifères se trouve dans les eaux de l’océan Atlantique ou de la Manche notamment.

Au contraire, le narval a dû parcourir plusieurs milliers de kilomètres pour se retrouver sur les rives de l’Escaut. Son milieu naturel se trouve à des latitudes au-delà de 70° Nord, dans les eaux froides proches du Canada et du Groenland. Le spécialiste ne veut pas tirer de conclusions hâtives : « Pour l’instant, nous ne pouvons pas mettre en cause l’aspect écologique, car, bien que nous ayons eu quatre spécimens en si peu de temps : le narval et le dauphin retrouvés à Anvers, mais aussi un dauphin souffleur échoué à Ostende il y a quelques jours et des marsouins, ce sont des exceptions, ils se sont certainement égarés. En revanche si, dans les semaines à venir, le phénomène devait se répéter un peu partout dans nos contrées, cela deviendrait inquiétant ».

Néanmoins, le biologiste marin met en garde : « Le narval est une espèce en danger d’extinction à cause du réchauffement climatique. Il vit entouré de glace. Or, elle fond et il ne peut plus se déplacer vers le Nord. Il pourrait vivre sans glace, mais elle le protège des orques, son principal prédateur ». Actuellement, il ne reste qu’environ 45.000 spécimens de narvals étendus sur des centaines de kilomètres carrés. Ces données sont relatives, car il est difficile d’estimer un nombre précis dans ces régions froides. Il n’en reste pas moins important de rester vigilant face au réchauffement climatique et la pollution afin que ces cas restent des exceptions.

Par Axelle Verstraeten

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