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Imprimantes : Epson et la puce qui fâche

« Jadis, les appareils duraient plus longtemps. Maintenant, on doit changer de grille-pain tous les cinq ans ! » Non, cette fois-ci, votre grand-mère ne noircit peut-être pas le tableau. L’obsolescence programmée, qui consiste à créer des produits qui dureront moins longtemps pour stimuler la consommation, s’est bel et bien généralisée. Et les imprimantes ne font pas exception à la règle, comme ont pu le constater certains consommateurs en colère.

Vilain petit secret


Sans même parler des cartouches d’encre – la plupart d’entre elles sont dotées d’une puce qui les bloque alors qu’elles ne sont pas encore tout à fait vides -, il y a un autre problème : « le vilain petit secret des imprimantes à jets d’encre », révélé au grand jour par le passionnant (et effrayant) documentaire de la réalisatrice allemande Cosima Dannoritzer, Prêt à jeter, diffusé en début d’année sur Arte. On y voit Marcos Lopez, un habitant de Barcelone, se faire « lâcher » par son imprimante Epson, qui indique un message d’erreur assez vague. Son appareil sous le bras, Marcos consulte divers services après-vente, où on lui répond immanquablement : « Oh, cela coûterait cher de la faire réparer. Il vaudrait mieux en racheter une ».

Du genre têtu, notre Barcelonais entreprend des recherches sur Internet. Il découvre la pièce qui pourrait être responsable : une puce implantée dans la machine, qui la rendrait inopérante au bout de 18 000 impressions. Même si, en bidouillant avec un logiciel russe, on peut tromper le mouchard et remettre les compteurs à zéro, l’existence même de la puce a choqué nombre de téléspectateurs.

« Nous démentons cette information, réagit Xavier Caro, responsable marketing chez Epson France. Tout est question de présentation. Au sein de notre machine, nous avons un composant, une Eprom, qui évalue le bon fonctionnement et l’état du tampon encreur. L’idée du documentaire selon laquelle l’imprimante ne peut faire que 18 000 impressions, est fausse. Le message d’erreur apparaît seulement lorsque le tampon encreur est saturé et qu’il faut le changer ». Ce qui arriverait rarement, et pas avant 18 000 pages imprimées, selon le fabricant.

« Le système pose problème »

Amère, la réalisatrice ne jette pas la pierre à Epson : « Si une entreprise, dans ce cas-ci Epson, modifiait sa philosophie, elle ne survivrait pas longtemps, car ses concurrents, eux, ne changeraient pas. C’est tout le système qui pose problème. La plupart des imprimantes à jets d’encre ont intégré, d’une manière ou d’une autre, l’obsolescence programmée ». Le responsable marketing d’Epson balaie cet argument : « Un constructeur qui déclencherait la fin de vie d’un produit rendrait ses clients mécontents. Ce ne serait pas dans notre intérêt ».

« Nous vivons dans un monde où l’on fait de moins en moins réparer nos produits, explique la réalisatrice de Prêt à jeter. Nous gaspillons d’une manière incroyable. Même si des pièces de l’imprimante étaient en fin de vie, pourquoi les designers ne concevraient-ils pas les machines de telle sorte qu’on puisse changer ces pièces, et pas la machine entière? » »On peut tout à fait faire réparer la machine, rétorque Xavier Caro. Mais il peut être intéressant d’en racheter une… »

« Tout le monde y gagne »

Jean-Pierre Exposito, responsable qualité et environnement de Canon France, ne dit pas autre chose. « Lorsqu’un produit, comme par exemple une calculatrice, ne fonctionne plus, le coût de la réparation est tel qu’on ne peut pas la faire réparer, à cause de la cherté de la main d’oeuvre. Lorsque le produit est défectueux, la meilleure chose à faire est de le réinsérer dans la circulation. On cherche à le réutiliser, à le recycler, à faire de la valorisation énergétique. Tout le monde y gagne ». Sauf la planète.

L’Express.fr

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