Certaines communes belges sont plus touchées que les autres par la pollution aux PFAS. belg
Le gouvernement wallon a fait l’état des lieux complet, jeudi, des actions entreprises pour lutter contre la présence de PFAS dans l’environnement. « L’ambition est claire: n’exclure aucune piste d’action », a-t-il assuré.
Sur le terrain, des biomonitorings ont été réalisés dans les communes les plus exposées. Les résultats confirment une sur-imprégnation préoccupante chez une partie des habitants. Ces données alimentent les recommandations du Conseil Scientifique Indépendant et du KCE, et permettront d’orienter la prise en charge médicale, rappelle l’exécutif. Parallèlement aux biomonitorings collectifs, une campagne de dépistage sanguin ciblé sera proposée dans les communes les plus concernées par une exposition via l’eau de distribution.
« Le monitoring des PFAS s’intensifie et concerne désormais les eaux de distribution, eaux brutes, nappes souterraines, sols, boues de stations d’épuration et eaux de surface, avec des protocoles renforcés. Des campagnes complémentaires sont menées autour de zones sensibles comme les aéroports », ajoute le gouvernement qui a par ailleurs validé le suivi spécifique des TFA (acide trifluoroacétique), ce sous-groupe de PFAS encore peu documenté, mais omniprésent dans l’environnement.
Réduire les PFAS à la source
La Région a en outre fixé une norme stricte de 100 ng/l pour la somme de 20 PFAS, respectée depuis 2023 dans toutes les zones de distribution. Pour aller plus loin, les distributeurs sont invités à tendre vers un objectif de 4 ng/l pour les 4 PFAS les plus préoccupants (PFOS, PFOA, PFNA, PFHxS), d’ici 2028, tandis qu’un seuil de vigilance est fixé à 30 ng/l.
Afin de soutenir cet effort, le gouvernement prévoit un soutien financier aux distributeurs d’eau via le Fonds pour la protection de l’environnement. Quelque 50 millions d’euros ont ainsi été budgétés dans le cadre du Schéma régional des ressources en eau pour moderniser les infrastructures, sécuriser l’approvisionnement et interconnecter les réseaux.
L’exécutif a encore lancé une étude sur les niveaux de fond en PFAS dans les sols agricoles, forestiers et naturels afin de mieux comprendre l’état de dispersion de ces molécules dans notre environnement. Des mesures temporaires ont aussi été prises pour limiter l’épandage de boues issues de stations d’épuration urbaines. Une convention de collaboration a enfin été signée avec le secteur industriel pour caractériser les rejets et identifier les bonnes pratiques de réduction des PFAS à la source.
Les agriculteurs en première ligne
Quant aux perspectives pour les mois à venir, le biomonitoring spécifique des agriculteurs se poursuit, en collaboration avec la ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq. Il permettra d’évaluer leur exposition professionnelle, dans le cadre du Plan wallon de réduction des pesticides, et de mieux cibler les mesures de prévention. Des échanges ont également été relancés avec cette dernière et avec le Fédéral afin de mieux encadrer l’usage de produits phytopharmaceutiques susceptibles de contenir ou de générer des PFAS.
Le rapport du Conseil Scientifique Indépendant (CSI), attendu pour juin, viendra poser un cadre de référence sur les normes environnementales à adopter et les effets sanitaires à surveiller, a souligné à cet effet le ministre wallon de l’Environnement et de la Santé, Yves Coppieters. « Grâce à cette mobilisation collective, nous avançons: du diagnostic environnemental et médical encore en cours, nous passons désormais à une véritable dynamique de prévention. Cela passe par la protection de nos sols, de nos ressources en eau, et par une vigilance accrue vis-à-vis des substances les plus impactantes », a-t-il conclu.