Crucke Mercosur
Mercosur-UE: Jean-Luc Crucke ne veut pas de l’accord en l’état actuel © BELGA/BELPRESS

Mercosur: le ministre Crucke réagit à l’article du Vif (et c’est non!)

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Le ministre fédéral du Climat et de la Transition écologique met les points sur les «i» concernant l’accord du Mercosur suite à l’article publié récemment par Le Vif.

Dans le numéro du 15 mai du Vif, nous révélions une étude réalisée par trois ONG belges sur l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur que la Commission UE voudrait voir aboutir cet été. Les négociations de cet accord ont déjà fait couler beaucoup d’encre, en particulier à l’occasion des manifestations spectaculaires des agriculteurs l’automne dernier. Les ONG –CNCD, Humundi, et Entraide&Fraternité– évoquaient, dans leur étude, le risque d’avoir un double standard dans nos assiettes si l’accord était signé tel quel. Elles s’étaient penchées sur trois produits agricoles phare (le bœuf, les pommes et le colza) pour démontrer la nécessité d’adopter au sein de l’Union des mesures miroirs à la fois pour renforcer notre sécurité alimentaire en garantissant l’innocuité des produits importés et pour limiter la concurrence dénoncée par nos agriculteurs vis-à-vis de ceux du Mercosur.

Suite à notre article, le ministre fédéral du Climat et de la Transition écologique a tenu à réagir ce 20 mai en affirmant clairement qu’il ne soutenait pas, à l’instar de son parti (Les Engagés), l’accord actuel du Mercosur. Lequel «ne répond pas aux garanties minimales nécessaires à une relation commerciale équitable et durable». «Le commerce international est important, mais il ne peut pas être une carte blanche pour la dégradation écologique, le dumping social ou les nouvelles dépendances. L’accord sur le Mercosur, tel qu’il est sur la table aujourd’hui, est inacceptable pour nous», déclare le ministre Jean-Luc Crucke. Et de rappeler le cadre fixé en trois points par Les Engagés pour les accords commerciaux internationaux.

Tout d’abord l’antidumping: un accord commercial ne doit pas fausser la concurrence et «causer indirectement l’effondrement de notre propre résilience économique». Ensuite, le commerce équitable: le commerce international ne doit pas devenir un prétexte pour abaisser nos normes sociales, environnementales et sanitaires. Ou aussi de bien-être animal. Enfin, l’autonomie stratégique: l’accord «ne doit pas créer de nouvelles dépendances qui mettent en péril notre sécurité alimentaire». Le ministre préconise dès lors «une approche différente de la mondialisation», axée sur la durabilité, la justice sociale et la résilience économique. Voilà une réaction qui devrait satisfaire les ONG.

Il faudra se souvenir de ces déclarations lorsque la Commission UE demandera aux Etats membres de se prononcer définitivement sur l’accord Mercosur. Il risque en tout cas d’y avoir de la bisbille au sein du gouvernement fédéral et surtout avec les Régions. En décembre dernier, le ministre de l’Agriculture, David Clarinval (MR), avait déclaré sur LN24, que la Belgique ne rejoindra pas la France, opposée au texte actuel, pour former une minorité de blocage à l’accord, car les positions des partis francophones et flamands du pays sont différentes sur le sujet. Si ces désaccords entre les Régions et le Fédéral persistent, on se dirigera alors probablement vers une abstention.

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