La séparation peut être ressentie comme dévastatrice. Comment en sortir avec le moins de souffrance possible? © Getty Images/Tetra images RF

Comment réussir une séparation sans souffrance? Les conseils du psychothérapeute américain Gary McClain

Quand c’est fini, beaucoup de choses restent non dites. Le psychothérapeute américain Gary McClain explique comment procéder: trouver une fin, ensemble, avec le moins de souffrance possible.

Chaque histoire de séparation est unique. Parfois, c’est cette séparation qui amène à consulter en psychothérapie. Certaines relations semblent bien évoluer, de la phase de rencontres à des soirées et week-ends passés ensemble. A un moment donné, le mot «amour» apparaît dans les conversations. Et puis, soudainement, l’un des deux partenaires se tait et coupe la communication.

Autre exemple: un couple semble vivre un mariage stable, jusqu’à ce qu’une autre personne entre en jeu. S’ensuivent trahison et chagrin d’amour. D’autres couples ont été ensemble pendant des années, puis s’éloignent soudainement l’un de l’autre et se retrouvent face à la décision de se séparer ou de rester dans un mariage devenu sans amour.

«Comment quelque chose qui paraissait si bien peut-il soudainement se briser?»

Que s’est-il passé ? Qu’ai-je fait de mal? Pourquoi m’a-t-on fait cela? Les séparations sont, pour le dire doucement, difficiles. Les conversations à ce propos sont souvent très émotionnelles. La perte peut être ressentie comme dévastatrice, le cœur brisé fait mal, l’estime de soi est atteinte. L’avenir paraît vide, gris, sans amour. Morne. Et cette question se pose: comment quelque chose qui paraissait si bien peut-il soudainement se briser? Surtout: que faire maintenant?

Prendre d’abord soin de soi

Une séparation donne souvent l’impression de se disloquer émotionnellement. C’est une perte. Et lorsqu’une personne subit une perte, elle traverse un processus de deuil. On peut l’avoir vécu soi-même, ou observé chez les autres: les réactions des gens sont souvent émotionnellement peu saines. Ils se replient sur eux-mêmes, ne parviennent plus à travailler ou se plongent dans le travail, mangent trop ou pas assez, cherchent à se calmer avec de l’alcool. Bref: ils adoptent des comportements autodestructeurs.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est aussi possible de faire un deuil sain après une séparation. Mais comment ? Voici quelques pistes: il faut éviter de s’isoler. Il est tout à fait naturel de vouloir se retirer quand on est submergé émotionnellement. On a besoin de temps pour soi afin de mettre de l’ordre dans les pensées et les émotions. S’asseoir, pleurer autant que nécessaire, laisser toutes les émotions traverser sans rien retenir. Mais si on constate que l’on s’enferme, il est alors temps de chercher du soutien.

Dans les périodes difficiles, les êtres humains ont besoin de la présence des autres. La vie continue, alors il faut la prendre à bras-le-corps! Essayer de maintenir autant que possible un quotidien habituel. Continuer à aller au sport comme d’habitude, poursuivre les loisirs. Prévoir délibérément du temps avec les amis et la famille. Rester impliqué dans le travail, qui peut même être une bonne distraction. Mais ne pas laisser ce travail gouverner la vie. Faire les choses que l’on aime faire en temps normal et qui font du bien –même si, pour l’instant, on en n’a pas envie. Les sentiments suivront en temps voulu.

Pendant cette période de deuil, il peut être salvateur de raconter ses expériences et ses émotions aux autres. Chaque conversation aide à digérer un peu plus ce qui s’est passé. En parlant, on met de l’ordre, et on est à l’écoute de ses sentiments. Parler avec des amis ou des membres de la famille capables d’écouter sans juger ni dire ce que l’on doit faire.

Mais il ne faut pas hésiter à demander l’aide d’un professionnel, tout en gardant en tête que prendre soin de soi renforce la résilience. Et c’est maintenant, sans aucun doute, le moment de l’exercer. Un avantage supplémentaire: si on prend bien soin de soi, on est mieux à même de décider de la suite après la fin de la relation. L’autosoin aide à rester en contact avec ses émotions tout en gardant la tête froide. Il s’agit de trouver l’équilibre! Mais cela ne fait bien sûr pas disparaître la douleur émotionnelle.

Les séparations font mal: comment se débarrasser de cette douleur?

Les questions sur les raisons de la séparation mènent souvent à une autre interrogation: comment faire le deuil de cette rupture et tourner la page, comment, pour ainsi dire, refermer ce livre?
Les séparations provoquent une douleur psychique profonde. Certaines personnes se sentent déchirées intérieurement et se demandent comment elles vont réussir à passer la journée. La douleur peut être si intense qu’elle se manifeste aussi physiquement. Certains la décrivent comme un engourdissement qui les laisse vides à l’intérieur. D’autres espèrent souvent que le fait de clôturer consciemment le passé les aidera à atténuer cette douleur –et à pouvoir à nouveau regarder vers l’avenir. Peu importe qu’ils aient été quittés ou qu’ils aient eux-mêmes mis fin à la relation.

Faire la paix avec le passé est souvent exprimé ainsi: « Je dois juste comprendre» ou «Je dois lui faire comprendre». Derrière cela se cache l’espoir que cette compréhension apaisera la douleur. Certains veulent s’excuser ou demander pardon. D’autres veulent savoir s’ils ont fait une erreur, et laquelle. Certains veulent confronter leur ex-partenaire à ses fautes et lui rejeter la responsabilité de l’échec de la relation. Certains encore veulent dire quelque chose de blessant pour se venger. Et puis, il y a ceux qui nourrissent encore le mince espoir de pouvoir continuer ensemble.

«Les êtres humains n’aiment pas les fins en suspens dans la communication. Cela rend incertains, incomplets ou bloqués.»

Mais que faut-il pour refermer le couvercle après la fin de la relation? Au fond, une vraie rupture consiste à relier les fils en suspens et à dire ce qui doit être dit. Encore une fois: être compris, et non accusé ou rejeté. Les êtres humains n’aiment pas les fins en suspens dans la communication. Cela rend incertains, incomplets ou bloqués.

Il faut garder à l’esprit qu’il n’y a pas toujours une bonne rupture. Relier les fils en suspens signifie que l’ex-partenaire est, dans l’idéal, disposé à avoir une conversation honnête sur ce qui n’a pas fonctionné dans la relation. Peut-être aura-t-on l’occasion d’exprimer ses pensées et ses émotions et d’entendre aussi celles de l’ex-partenaire. L’objectif serait de se quitter avec un sentiment de clarté et d’être prêt pour le prochain chapitre de la vie amoureuse. Ce serait la rupture idéale.

Parfois, cela fonctionne, parfois non. Le fait de demander à clore ensemble ce dernier chapitre rend vulnérable face à l’ex-partenaire. Et dans cette situation, on se sent déjà vulnérable. C’est un risque. Mais cette demande peut aussi être un acte de courage et d’affirmation de soi. Toutefois, si on constate que l’autre personne, malgré les demandes, n’est pas disposée à parler, ou si on a l’impression que l’on pourrait être blessé de nouveau émotionnellement, alors il vaut peut-être mieux se retirer.

«L’objectif serait de se quitter avec un sentiment de clarté et d’être prêt pour le prochain chapitre de la vie amoureuse. Ce serait la clôture idéale.»

Cela peut être frustrant, surtout si on souhaite sincèrement faire la paix avec soi-même et avec l’autre. Trouver une fin constructive à une relation exige des deux ex-partenaires qu’ils soient prêts à s’ouvrir l’un à l’autre. Tout le monde n’en est pas capable ni disposé. En écoutant son intuition et en utilisant sa raison, on sait si une clôture commune est réaliste ou s’il vaut mieux prendre du recul.

Et voici une vérité désagréable: parfois, la conclusion à tirer est qu’il n’y aura pas de rupture commune avec le passé. Accepter cela vous donne de la force. Même si on est seul à tourner la page de la relation, cette décision consciente peut déjà apporter un peu de paix intérieure. Et on peut garder à l’esprit que la compréhension mutuelle comptait, qu’il a été possible de relier les fils même seul. Mais bien sûr, la douleur de la perte ne disparaît pas pour autant. Le deuil prend simplement du temps.

La rupture la plus importante est celle que l’on trouve par soi-même. Une rupture peut être une fin, mais elle peut aussi ouvrir la porte à un nouveau bonheur dans la vie.

Quand est-il temps de se séparer?

Dix questions qu’il faut se poser:

1. Vous réjouissez-vous à l’idée de passer du temps avec votre partenaire, ou cela vous semble-t-il plutôt une obligation?

2. Pouvez-vous nommer ce qui vous retient dans la relation?

3. Vous sentez-vous souvent incomplet, triste, frustré ou en colère après des conversations avec votre partenaire? Si oui, pouvez-vous en parler et vous comprendre mutuellement?

4. Les raisons de rester dans la relation l’emportent-elles sur celles de partir?

5. Vous imaginez-vous parfois en train de mettre fin à la relation?

6. Attendez-vous un événement qui vous donnerait une bonne raison de partir, comme le fait que votre partenaire avoue une infidélité?

7. Provoquez-vous parfois des disputes qui pourraient rendre la relation impossible, afin d’avoir un prétexte pour rompre?

8. Réfléchissez-vous à la manière dont vous passeriez votre temps si votre partenaire ne faisait plus partie de votre vie?

9. Souhaitez-vous secrètement que ce soit votre partenaire qui prenne la décision de se séparer?

10. Restez-vous peut-être uniquement dans cette relation parce que vous n’avez pas envie de recommencer à fréquenter de nouvelles personnes?

 

Par Gary McClain (Der Spiegel)

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