Les cas de démence sont en hausse. Pourtant, certains pourraient être évités.

Pourquoi les cas de démence devraient augmenter de 20% d’ici 10 ans

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Quarante pour cent des cas de démence peuvent être évités. La recherche progresse aussi à grand pas. Un nouveau traitement a récemment été approuvé par la Commission européenne.

Quelque 210.000 Belges souffrent de démence, selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un chiffre qui devrait augmenter de 20% dans les dix prochaines années. Par ailleurs, 4% des personnes atteintes de démence (précoce) sont âgées de 30 à 64 ans.

Les premiers symptômes

La perte de mémoire à court terme est le premier symptôme de la maladie d’Alzheimer, précoce ou non. Lorsqu’elle se déclare, la démence prive ceux qui en souffrent d’un plus large éventail de fonctions cognitives. Outre la mémoire, elle provoque des troubles du langage, du raisonnement, de la planification et de la prise de décision, ainsi que des changements de personnalité.

Il existe en outre une forme très rare de la maladie: l’Alzheimer atypique, dont les premiers symptômes ne sont pas les pertes de mémoire mais des troubles du langage. «C’est ce fameux mot qu’on a sur le bout de la langue dont on parle souvent, qu’on appelle en neuropsychologie et en neurologie « le manque du mot ». Il deviendra de plus en plus fréquent et de plus en plus invalidant, ce qui altérera la parole et la rendra peu fluide. La personne qui souffre de cette forme de la maladie prononce des phrases ponctuées de blancs, de temps d’arrêt pour retrouver le mot recherché. En revanche, sa mémoire restera intacte», décrit Amandine Dodémont, neuropsychologue au CHU Saint-Pierre, à Bruxelles.

Enfin, les commotions ou les chocs répétés subis par les joueurs qui pratiquent intensivement des sports de contact sont susceptibles de causer des lésions cérébrales qui, à terme, peuvent dégénérer vers la démence.

Le diagnostic est souvent posé alors que la maladie est déjà à un stade avancé.

Des cas évitables

A ce jour, douze facteurs de risque ont été identifiés: faible niveau d’éducation, hypertension, troubles auditifs, tabagisme, obésité, dépression, inactivité physique, diabète, contacts sociaux peu fréquents, consommation excessive d’alcool, traumatismes crâniens et pollution de l’air. La bonne nouvelle, c’est qu’en agissant sur certains d’entre eux, ceux liés à l’environnement et à l’hygiène de vie considérés comme modifiables, il est possible de prévenir ou retarder jusqu’à 40% des cas de démence. 

L’entourage de la personne atteinte d’Alzheimer joue un rôle important dans la détection de la maladie. Ce sont souvent ses enfants ou les personnes qui la côtoient régulièrement qui remarquent les oublis, plus importants ou plus fréquents, et qui s’inquiètent pour sa santé ou sa sécurité. Lors de la prise en charge, le neurologue s’appuiera sur les résultats de différents tests (mémoire à court terme, orientation dans l’espace et le temps, etc.) pour évaluer la perte cognitive. Quant à l’imagerie cérébrale, elle mettra en évidence les régions où le cerveau est atrophié ou présente des dépôts de protéines agglutinées, caractéristiques de la maladie. Or, dans la plupart des cas, le diagnostic est posé alors que la maladie est déjà à un stade avancé, ce qui laisse peu de possibilités pour ralentir sa progression.

Depuis plusieurs années, des traitements permettent de diminuer les symptômes. S’ils ne guérissent pas le patient, ces médicaments aux propriétés anticholinergiques permettent de ralentir l’évolution de la maladie ou d’améliorer certains troubles du comportement, de la réflexion, de la mémoire, de la communication ou des activités quotidiennes.

L’espoir du lecanemab

En avril 2025, un nouveau médicament, le lecanemab (un anticorps monoclonal qui cible la protéine amyloïde dans le cerveau), a obtenu une autorisation de mise sur le marché par la Commission européenne. Il s’agit du premier traitement de ce type autorisé dans l’Union mais déjà prescrit aux Etat-Unis. Il cible les personnes atteintes de troubles cognitifs légers et les premiers stades de la maladie.

Toutefois, la molécule fait toujours l’objet de discussions et n’est encore prescrite que dans quelques pays européens, dont la Belgique ne fait pas partie, en raison de sa balance bénéfice-risque, les effets indésirables étant non négligeables.

Alors qu’elle avait dans un premier temps émis un avis négatif sur ce traitement, l’Europe a finalement autorisé sa commercialisation.

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